Semaine 20- 2004
6 Juin 1944 : un moment
de la deuxième guerre mondiale
Les célébrations tapageuses du 40° anniversaire du débarquement sur fond de
réconciliation diplomatique entre les Etats-Unis et la France ne peuvent pas
faire oublier que la seconde guerre mondiale ne s'est pas jouée sur les plages
de Normandie. Il ne s'agissait que d'une étape dans le secteur européen de
la guerre où le Reich était déjà en recul pendant que se poursuivait l'autre
guerre, en Asie.
La rapidité initiale de l'avancée du Reich est spectaculaire. après avoir
annexé l'Autriche et la Tchécoslovaquie s'empare rapidement de la Pologne
des Pays-bas, de la Belgique et de la France, s'ouvre une période où Hitler
va porter la guerre de plus en plus loin vers l'Est. Deux fronts sont ouverts
l'un vers la Méditerranée pour déloger la Grande-Bretagne de Suez et s'emparer
du pétrole arabe, l'autre vers le sud de l'URSS pour s'emparer du pétrole
soviétique en Tchétchénie et sur la Caspienne.C'est dans cette course démesurée
vers l'empire eurasiatique - course annoncée par les nazis au nom de la recherche
de l'espace vital - que le Reich va commencer à s'épuiser. Le retournement
a lieu fin 42, début 43. Au Sud, après des avancées et des reculs, l'armée
britannique refoule l'Afrika Korps de Rommel et le 31 janvier 1943 les armées
allemandes encerclées à Stalingrad se rendent. Le repli du Reich a commencé
et s'achèvera deux ans et demi plus tard et les Etats-Unis n'y auront que
peu contribué.
Ce rappel est nécessaire pour éviter de penser que la guerre s'est jouée en
France, ce qui n'enlève rien à l'action courageuse de la Résistance intérieure
(et quelquefois décisive comme dans la libération du Limousin en 44) ni à
l'aventure gaulliste et aux hommes qu'elle a mobilisés dans les colonies africaines
de la France, mais redonne une plus juste proportion aux évènements.
Pour aussi macabre qu'elle soit, une bonne façon de mesurer l'impact de cette
guerre sur différents pays est de calculer le nombre de victimes qu'elle y
a fait.Cela évite de se laisser trop bercer au son des clairons.
Pertes : 55 millions de morts parmi lesquels*
(* Globalement les pertes civiles, y compris les victimes du génocide juif, dépassent les pertes militaires et de nombreux pays sont touchés. Les estimations varient selon les historiens et auraient plutôt tendance à augmenter)
En comparaison :
Ce classement éclaire
d'un jour différent le rôle des Etats-Unis.
Le pays n'a pas été menacé sur son territoire, il n'a subi aucune destruction
et a eu des pertes en hommes limitées.
Il dispose en abondance chez lui de pétrole, de charbon, de minerai de fer
qui vont lui permettre d'alimenter une industrie de l'armement dépassant largement
celle de ses adversaires qui les uns et les autres manquent cruellement de
matières premières. L'Allemagne hitlérienne parviendra à fabriquer du carburant
et du caoutchouc synthétiques mais nourrira jusqu'au bout la volonté farouche
de mettre la main sur toutes les ressources naturelles dont son sol est dépourvu.
Le Japon impérial sera animé de la même volonté.
Pour les Etats-Unis,
la deuxième guerre mondiale est donc le moment où ils installent leur domination
mondiale en remplacement des impérialismes européens et japonais.
En 1945 au moment où tous les autres pays industriels, qu'ils aient été dans
le camp des vainqueurs ou dans celui des vaincus sont, pour certains affaiblis,
pour d'autres en ruines, le PIB des Etats-Unis représente la moitié du PIB
mondial. Les Etats-Unis peuvent alimenter en abondance le monde entier en
blé et fournir tout le matériel industriel nécessaire à la reconstruction.
En même temps les institutions internationales qu'ils mettent en place et
accueillent sur leur sol : ONU, BIRD (qui deviendra la Banque mondiale), FMI
vont installer la domination planétaire du dollar.
L'URSS, futur adversaire
de la guerre froide, après la guerre civile, après les purges staliniennes,
se retrouve à nouveau saigné, et probablement beaucoup moins menaçant que
la propagande de la guerre froide ne le fera croire. Pour les historiens le
moment est sans doute venu de revisiter en profondeur cette période où les
deux adversaires ont déversé dans leur camp respectif des torrents de propagande
mais qui, comme toute histoire humaine, est certainement irréductible à un
affrontement symétrique et fantasmagorique entre le Bien et le Mal.
Que les européens, au moment où leurs gouvernements élaborent dans le dos
des citoyens un traité constitutionnel qui vante la civilisation et l'humanisme
européens, n'oublient jamais non plus que c'est eux qui ont mis le feu aux
poudres.
Les invités de Bush
au G8
Afrique du Sud, Ouganda, Sénégal, Ghana, Nigéria, Algérie sont invités
au sommet du G8 qui se tient sous haute protection dans une île. Les altermondialistes
sont parqués à 150 kilomètres.
Cette invitation de pays africains parmi les plus proches des Etats-Unis aujourd'hui
est une opération de marketing politique destinée à démontrer que le club
des riches avec à sa tête les Etats-Unis s'intéresse aux pauvres d'Afrique
ou au moins à ceux qui viennent tendre la main à la sortie de la messe capitaliste.
Cela n'empêche pas qu'au Conseil d'administration du FMI qui compte 24 membres
dont 8 représentent les riches (Allemagne, Arabie Saoudite, Chine, Etats-Unis,
France, Japon, Royaume Uni) les 46 pays d'Afrique subsaharienne sont représentés
par 2 administrateurs. Là où se prennent les décisions importantes, les pays
africains sont à la portion congrue.
Le sommet Union Européenne/Amérique
Latine
Tenu dans la seconde ville du Mexique Guadalajara (1,5 million d'habitants)
en présence de nombreux chefs d'Etat a été l'occasion de démontre la couardise
des gouvernement européens Au moment où Bush accentue la pression sur Cuba
en créant et en finançant une nouvelle structure anti castriste aux Etats-Unis,
le gouvernement cubain demandait une condamnation claire par les européens
de la politique d'embargo, de déstabilisation et d'étranglement dont il est
victime depuis 45 ans. Las, les européens n'ont pas eu le courage de nommer
les Etats-Unis comme auteur de cette politique unilatérale agressive contre
un petit pays dont le régime leur déplait mais qui ne constitue pas pour eux
une menace et ont refusé de citer nommément la loi Helms Burton comme portant
atteinte au droit international.
Pourtant la loi Helms -Burton est une véritable arme de destruction massive
du droit international. Promulguée le 12 Mars 1996, elle fixe les objectifs
suivants :
Le 6 Mai, quelques jours
avant le sommet Europe/Amérique Latine, Bush a amplifié les mesures de la
loi Helms-Burton en décidant d'allouer 59 millions de dollars pour l'objectif
2.
Il a limité les envois d'argent ou de colis par les cubains vivant aux Etats-Unis
à leur famille et les interdit si le destinataire est fonctionnaire cubain
ou membre du parti communiste.
Il a limité les visites de cubains vivant aux Etats-Unis à une visite dans
l'île tous les 3 ans.
Il a autorisé des opérations secrètes contre quiconque venant de l'étranger
apporterait de l'argent à un cubain.
Il décide de soutenir les actions menées à l'étranger pour décourager le tourisme
à Cuba.
Il envisage en application de la Loi Helms-Burton de faire condamner par des
tribunaux étasuniens les hommes d'affaires étrangers qui font des affaires
à Cuba.
Malgré les demandes pressantes du ministre des affaires étrangères cubain
les états européens présents à Guadalajara et les amis des Etats-Unis : Mexique,
Colombie, Equateur en particulier, ont décidé de ne pas critiquer ouvertement
la politique de Bush. Lâcheté et complicité, voilà la grande politique étrangère
" humaniste " * de l'Union européenne.
* voir le préambule grandiloquent du projet de traité constitutionnel
In Memoriam
: Ronald Reagan
" Sa grâce ! Impossible ! Quoi, mort ?
D'un si grand âge et dans son lit !
Le temps de sa mort était vraiment venu.
Ce monde il l'a encombré trop longtemps.
Il a brûlé sa chandelle jusqu'au bout,
Et certains pensent que c'est la raison pour laquelle il a laissé derrière
lui
Une si grande puanteur. "
De Jonathan Swift " Elégie satirique pour un général mort tardivement "
Avec un sens
du spectacle forgé sous les projecteurs hollywoodiens, Ronald Reagan a donc
choisi de quitter la scène la veille du jour du 60° anniversaire du débarquement
de Normandie. Après avoir été un champion du Mac Carthysme dans les milieux
du cinéma étasunien où, à la tête du syndicat des acteurs, il dressera des
listes des progressistes ou communistes qui sont interdits de travail, Reagan
va devenir au long de son double mandat présidentiel le promoteur de la contre-révolution
capitaliste libérale. Cette contre révolution qu'il mène avec le soutien actif
de Margaret Thatcher a pour programme économique : privatisation et dérégulation,
pour programme social, la destruction des systèmes de solidarité sociale,
pour programme politique : la destruction de toutes les forces, régimes ou
gouvernements progressistes. Les équipes Reagan suscitent et alimentent la
guerre Iran-Irak, arment les moudjahiddins afghans, forment, financent et
répandent les escadrons de la mort en Amérique Latine.Ces équipes de traîneurs
de sabres vont inquiéter les dirigeants soviétiques au point qu'un rapport
de la CIA de 1983 relate que l'équipe Andropov au pouvoir à Moscou craint
une attaque nucléaire préventive après que Reagan ait déclaré la guerre à
" l'empire du mal ".
Cette inquiétude va conduire Gorbatchev à baisser la garde. Très habilement,
Reagan l'encourage dans cette voie. Mais le vieux cow-boy de western connaît
les règles du jeu de la conquête de l'Ouest qui n'a rien à voir avec les règles
de la chevalerie médiévale.
On ne tend pas la main à un adversaire à terre, on l'achève.
Le Reaganisme n'est pas mort avec l'homme. Il a aujourd'hui tous les pouvoirs aux Etats-Unis : après Bush père, vice président de Reagan de 81 à 84 et directeur de la Cia ensuite , Bush fils, Dick Cheney, Donald Rumsfeld sont tous de purs produits du reaganisme.
La déstabilisation
de l'Arabie Saoudite
La multiplication des attentats en Arabie saoudite ramène ce pays au cœur
de la crise internationale ouverte par le gouvernement des Etats-Unis après
les attentats du 11 Septembre 2001. L'Arabie saoudite - 22 millions d'habitants
est, c'est connu, le premier exportateur mondial de pétrole et n'a été devancée
par la Russie comme premier producteur qu'en 2003. Encore l'écart entre les
deux pays est-il faible et le classement peut s'inverser à tout moment si
l'Arabie pousse sa production.
Dans l'histoire mondiale du pétrole, ouverte au milieu du 19° siècle, l'Arabie
saoudite occupe une place particulière à double titre :
Du personnel saoudien
ou arabe venant des pays voisins sera progressivement formé pour occuper les
postes à tout niveau dans cette énorme entreprise - plus de 50000 salariés
- mais les récents évènements ont rappelé que restaient présents sur place
de nombreux étrangers, européens ou étasuniens en tant que consultants, sous-traitants,
experts ou techniciens divers. D'autre part, la "nationalisation " de 1975
est un terme trompeur puisqu'elle a consisté en rachat par la tribu régnante
des actions détenues auparavant par les compagnies pétrolières US. Il s'agit
donc plutôt d'un rachat du capital que d'une nationalisation.
Le contrôle des Etats-Unis sur le pétrole saoudien fut établi en Février 1945
par un accord passé sur un navire de guerre US en Mer Rouge, directement entre
le président US Roosevelt et le roi Ibn Saoud. Cet accord marquait l'éviction
du royaume de la Grande-Bretagne alors que celle-ci avait organisé à son avantage
le découpage du Moyen-Orient après la première guerre mondiale mais avait
peu investi en Arabie, se contentant d'exploiter le pétrole iranien, celui
du Koweït et, en partenariat avec la France,celui de l'Irak.
En échange du libre accès à la manne pétrolière saoudienne, les Etats-Unis
garantissaient l'équipement et la sécurité militaires du royaume.Cette alliance
de type féodal entre le suzerain USA et la vassal saoudien sera troublée par
le conflit palestinien mais tiendra jusqu'à la fin de la guerre froide, l'Arabie
saoudite et son régime dictatorial échappant aux tensions qui agitent le monde
arabe (décolonisation, nationalismes et socialismes arabes) et l'Iran (chute
du shah en 1979).
L'Arabie saoudite craignant le développement de l'islam chiite sur son territoire
après la révolution iranienne soutiendra financièrement l'Irak pendant les
huit années de guerre et se retrouvera avoir là encore des intérêts convergents
avec ceux des Etats-Unis. Elle soutiendra également les moudjahiddins afghans
contre l'occupation soviétique, le transfert des fonds étant effectué, à la
demande du chef des services secrets saoudiens, par un certain Oussama Ben
Laden.
Avant même la dissolution de l'URSS, le retrait de l'URSS d'Afghanistan et
la chute du mur de Berlin ouvrent une nouvelle période dans les relations
entre l'Arabie saoudite et les Etats-Unis.Suivant des plans déjà établis,
Bush décide de redistribuer les cartes au Moyen-Orient. Saddam Hussein a bien
servi mais il est décidément trop nationaliste et trop anti-israélien. L'Iran
bien qu'il ait été soutenu en sous-main pendant la guerre avec l'Irak reste
politiquement trop hostile. Les Etats-Unis qui sont entre-temps devenus très
dépendants du pétrole moyen-oriental décident de prendre pied militairement
en Arabie Saoudite, le plus gros gisement mondial de pétrole. Il faut trouver
un prétexte à cette installation.Il sera fourni par Saddam Hussein.
L'Irak a en effet des comptes à régler avec le Koweït, son petit voisin.
Dans les années 80, le Koweït se met à vivre plus de ses placements financiers
en Occident que de la vente de son pétrole. Il va donc laisser filer les prix
du pétrole à la baisse au grand dam de l'Irak qui est en guerre et s'enfonce
dans le déficit.En même temps le Koweït se met à extraire du pétrole aux confins
Sud de l'Irak dans une zone où le tracé de la frontière est incertain ce qui
permet aux irakiens de crier " Au voleur ! " En pareilles circonstances, la
vieille amertume irakienne d'avoir vu créé par le colonisateur britannique
le petit émirat qui entrave son accès à la mer et l'étrangle littéralement
refait évidemment surface. Ce qui montre une fois de plus le machiavélisme
de décolonisateurs britanniques qui divisaient toujours les décolonisés avant
de se retirer (voir le cas indien).
Par la voix de leur ambassadrice à Bagdad, April Glaspie, les Etats-Unis,
qui voient les troupes irakiennes se masser à la frontière, laisseront l'invasion
se faire.L'Arabie saoudite, persuadée par les Etats-Unis que l'Irak ne s'en
tiendra pas au Koweït et vise aussi l'Arabie, prend peur. Le résultat attendu
est immédiat : moins de huit jours après l'entrée de l'armée irakienne au
Koweït, l'armée US s'installe massivement en Arabie Saoudite. Un tel déploiement
de forces dans un délai si bref ne laisse aucun doute sur le caractère prémédité
de l'opération. Avec la même précipitation l'ONU, vote un embargo qui, censé
s'achever après l'évacuation du Koweït, durera 13 ans.
Cette néocolonisation va ouvrir dans le royaume et à l'intérieur des couches
dirigeantes des contradictions qui sont toujours à l'œuvre.
Jusqu'en 1991 l'islam saoudien qui est riche et prosélyte et d'autant plus
prosélyte qu'il est plus riche est utilisé à la fois à l'intérieur pour contenir
toute tentative de modernisation sociale et à l'extérieur pour accompagner
les Etats-Unis dans la " guerre des civilisations " fabriquée par leurs idéologues
et destinée à affaiblir tous les mouvements progressistes qui ont le soutien
politique de l'URSS dans le tiers-monde et en particulier dans le monde arabe
et musulman. A cette époque la famille régnante et les grandes familles bourgeoises
comme les Ben Laden ont des intérêts communs.
Ensuite et jusqu'au 11 Septembre, les Etats-Unis ont deux fers au feu : d'un
côté la famille régnante qui tient le pays et le trésor pétrolier d'une main
de fer, qui est un très bon client de l'industrie d'armement US après la démonstration
de force de la guerre du Golfe, de l'autre les fondamentalistes à la mode
Al Qaida qui jouent librement sur le vaste échiquier du monde musulman : Afghanistan,
Soudan, Somalie, Bosnie, Kosovo, Tchétchénie, Algérie, Yémen. Dans la plupart
des cas, ces fondamentalistes ne s'en prennent pas directement aux intérêts
des Etats-Unis et constituent plutôt des facteurs de déstabilisation des zones
d'influence de leurs rivaux.
Le 11 Septembre est donc un moment de crise dans la relation complexe entre
les Etats-Unis et l'Arabie saoudite :
Aujourd'hui les attentats
sur le sol saoudien amènent à penser que les fondamentalistes sont désormais
candidats au pouvoir et au renversement de la dynastie saoudienne.
Ce conflit n'est qu'en apparence théologique. Il s'agit d'un conflit pour
l'appropriation du pétrole saoudien attisé par l'incapacité présente des Etats-Unis
à faire dégorger le sol irakien de son or noir surabondant et bon marché car
les exportations irakiennes ne dépassent pas aujourd'hui la moitié du niveau
atteint juste avant l'invasion US et, même dans l'hypothèse improbable d'un
retour au calme en Irak, l'industrie pétrolière locale mettra plusieurs années
avant que l'Irak ne retrouve sa place dans les 4 ou 5 premiers producteurs
mondiaux d'or noir.
Chine/Taiwan : tension
accrue
Bien que les opérations de vérification électorale ne soient pas achevées
et avant les élections législatives qui risquant de lui être défavorables,
le président taiwanais poursuit, avec le soutien des Etats-Unis sa politique
d'indépendance vis à vis de la Chine Populaire. Il vient donc de faire approuver
un important programme d'achat d'armement aux Etats-Unis : 8 sous-marins,
et des missiles Patriot, le tout pour 18 milliards de dollars. Les marchands
d'armes US sont contents et Bush entretient ainsi un foyer de tension avec
Pékin tout en déclarant hypocritement que les Etats-Unis ne sont pas favorables
à l'indépendance de Taiwan. L'hypocrisie est flagrante puisque dans le même
temps les Etats-Unis mènent campagne pour faire adhérer Taiwan à l'Organisation
mondiale de la Santé ce qui confèrerait à l'île un début de reconnaissance
diplomatique internationale.
Anniversaire d'un militant
anti-guerre
Voici 80 ans, le 10 Juin 1924, le député socialiste italien Matteotti était
enlevé et assassiné par les fascistes. Matteotti, jeune militant, s'était
illustré en critiquant l'engagement de l'Italie dans la Première guerre mondiale.
Il considérait cet engagement tardif, il ne fut décidé qu'en 1915, comme une
participation à une guerre entre impérialistes rivaux dans laquelle le prolétariat
ne servirait que de chair à canon.Il savait que le royaume n'entrait en guerre
contre l'empire ottoman que pour s'emparer de la Libye.
Il préconisait des actions directes contre la guerre comme le blocage des
trains transportant le matériel et une insurrection populaire.Accusé de défaitisme
il fut, bien que réformé, enrôlé dans l'armée. Mais envoyé en Sicile, loin
du front, il ne risquait pas de faire de l'agitation auprès des soldats.
Après la guerre et contre l'avis de la majorité du Parti socialiste italien,
il soutint que le parti fasciste était bien plus dangereux qu'un simple parti
de droite classique.
Il critiqua les sanctions excessives de l'Allemagne par les vainqueurs, sanctions
qui allaient engendrer une grave crise économique, une inflation et un chômage
massifs, et jeter la population allemande dans les bras du parti nazi.
A la suite de nombreux trucages et d'actions violentes, le parti fasciste
obtint la majorité absolue aux élections législatives de 1924. Matteoti, élu
lui aussi, s'insurgea à la tribune contre les manipulations électorales. Il
devait prononcer le 11 Juin 1924 un nouveau discours sur la falsification
des comptes de l'Etat par le gouvernement de Mussolini. Il n'en eut pas le
temps et il n'était plus là pour s'opposer à la législation fasciste que Mussolini
fit voter en 1925.
Bref portrait établi en utilisant des articles publiés ces derniers jours par le quotidien " IL MANIFESTO " Traduction des articles en français effectuée par COMAGUER et disponible à la demande