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Bulletin 102

Semaine 26- 2004

Réfléchir
François Jullien est philosophe et sinologue. Depuis des années ; il poursuit un énorme travail de comparaison entre les conceptions du monde chinoise et européenne. Dans son dernier ouvrage : " L'ombre au tableau ", il livre des réflexions d'actualité sur la guerre contre le terrorisme qui ont toute leur place dans notre travail de compréhension (Comprendre et agir) et que nous proposons à votre réflexion.
"Comme s'il renvoyait là à sa raison ultime, voici que le discours contemporain - ou nommons-le plus précisément : le discours officiel mondialisé - ne cesse de scander à nos oreilles son aspiration légitime au tout positif : " Paix" (qu'on répétera inlassablement dans toutes les langues comme un sens unique), coopération, communication, etc. Comme si l'élimination du négatif enfin était à portée, qu'il n'y avait plus que d'ultimes verrous à faire sauter pour l'expulser de l'Histoire à jamais, ou du moins qu'il n'y avait plus qu'à le vouloir pour le pouvoir, le discours ambiant manie hardiment l'optatif selon ces résolutions en chaîne : plus de guerres, plus de divisions, plus de frontières, etc. Ou peut-être la route sera-t-elle encore longue, soupire songeur le Réaliste; sur son terme, en tout cas, il n'y a pas à discuter, le discours politique et le discours religieux (le pape et le dalaï-lama : le grand oecuménisme) désormais sont d'accord. Or, en même temps que triomphe, du moins au niveau du discours, cette unanimité aseptisée, on a vu resurgir de façon étonnamment primaire de nouvelles mises en scène d'un diabolique qu'il suffirait de finir d'évacuer pour que se mette à rayonner l'Histoire : "Appelez cela [comme moi, l'axe du Mal, appelez cela comme vous voulez, mais disons la vérité !" (George W. Bush, discours prononcé devant le Bundestag, le 23 mai 2002). Car voici qu'une ultime "conspiration" inopinément nous retarde (exactement comme les régimes communistes parlaient naguère d'ultimes conspirations bloquant diaboliquement l'accès à l'" avenir radieux "). Le " Mal ", répété-je, ou de quelque autre nom que vous le nommiez, c'est égal. S'y verra toujours désigné un point de résistance ou d'achoppement tel qu'il ne peut participer à aucune cohérence - et qu'il revient donc à la volonté d'éradiquer. Même, peut-on croire, il s'agirait là, pour celle-ci, d'un nouvel (ultime ?) assaut à livrer contre, pour qu'elle en ait enfin fini de mériter.
Il me paraît, de fait, que ce qu'on est convenu désormais d'appeler la "globalisation" a radicale ment changé les conditions de possibilité du négatif. Car, jusqu'à présent, le négatif se laissait aisé ment désigner comme l'autre, le monde se laissant scinder; il y avait toujours un extérieur opposable à soi : le négatif était l'autre bloc (les USA pour l'URSS, et réciproquement); ou le négatif était l'autre classe (la bourgeoisie pour le prolétariat, etc.). Du temps de la guerre froide comme aussi de la lutte des classes, un tel négatif se laissait cibler. Or, la globalisation a supprimé cette extériorité par laquelle du négatif trouvait à s'évacuer (avec lequel aussi travaillait l'Histoire). Dès lors qu'il n'y a plus d'autre camp, à l'extérieur, où le situer, du négatif en est conduit logiquement à s'intérioriser, puisqu'il n'en disparaît pas pour autant, et se voit "refouler ", n'opérant donc plus ouvertement mais en secret: il est devenu le " terrorisme ". La question sera dès lors de s'interroger sur ce que je viens d'avancer comme une "logique ". Car le 11 septembre (2001) est-il vraiment un événement, comme on l'a présenté, et même l'événement (soudain) par excellence ? S'il a bien fonction d'événement par son effet de surprise et ce qu'il a enclenché (notamment comme traumatisme), j'y verrai plutôt, quant à son origine l'affleurement, soudain mais résulta tif, d'une telle " transformation silencieuse" (j'en prends la notion dans la pensée chinoise : mo hua).
Autre révolution "silencieuse" : je fais partie de la première génération en France, et même depuis que France existe, qui n'ait pas connu la guerre sur son sol, et même pour qui la guerre sur son sol est tenue désormais, non seulement pour improbable, mais pour impossible. Or, je ne crois pas que l'on puisse expliquer la violence urbaine aujourd'hui indépendamment de ce fait dont elle est une manifestation en retour comme autre intériorisation, et dissémination d'un négatif qui n'a plus d'ailleurs pour se déployer.
Donc aussi qu'on ne peut plus cibler (Bush, en faisant la guerre à l'Irak, a fait comme s'il pouvait à nouveau l'extérioriser et le cibler). Les anciennes stratégies sont désormais désuètes, car le terrorisme, la violence ne sont pas interprétables seulement en termes moraux (même si la morale peut avoir à en juger) ; ni ne se laissent intégrer dans de pures causalités sociologiques (la misère d'après l'occidentalisation forcée ou celle des banlieues) ou limiter à des enjeux idéologiques (l'intégrisme religieux : car cet intégrisme, on le sait, est éminemment réactif). Encore moins peuvent-ils être tenus pour des phénomènes secondaires, ou transitoires, ou sur lesquels la volonté aurait suffisamment prise. Mais ils réclament qu'on s'interroge sur l'issue (qui ne soit pas seulement exutoire) que l'on assigne au négatif, quand ne jouent plus les figures ordinaires de l'affronte ment, désormais périmées, avec lesquelles l'Histoire jusqu'à présent a travaillé."

Irak : les nouvelles marionnettes sont arrivées
L'escroc Chalabi (condamné par contumace en Jordanie à 20 ans de prison pour détournement de fonds) qui avait les faveurs des Etats-Unis au début de l'invasion, a été mis sur la touche. Non pas parce qu'il avait les mains sales, c'était connu, non pas parce qu'il avait travaillé pour la CIA, c'était au contraire un critère de sélection, mais parce qu'il semblait trop proche du régime iranien.Or, dans le plan étasunien de remodelage du Moyen-Orient, il est prévu de diviser (pour régner) et évidemment pas de réunir. Cette division, qui a fait couler tant de sang pendant la guerre Iran-Irak de 1980 à 1988 et qui a de profondes racines historiques doit, du point de vue de Washington, impérativement continuer.
De nouvelles marionnettes viennent donc d'apparaître dans le sanglant Guignol irakien.L'un est appelé à devenir le futur Président d'une république occupée mais Président sans grand pouvoir : il s'agit de GHAZI AL YAWER. Cet irakien, en exil depuis 20 ans, ingénieur diplômé de Georgetown (USA) était installé en Arabie Saoudite où il dirigeait une entreprise de services en télécommunication et surveillance : HYCAP TECHNOLOGY. Hycap est un nouveau concept à la mode dans les services de police du monde entier et qui introduit les techniques de pointe de la surveillance électronique dans la vie quotidienne des policiers. Les Irakiens, à défaut d'être bien nourris et bien soignés, seront bien gardés !
Il a rendu publiquement hommage à " nos amis qui sont tombés pour la libération de l'Irak " (comprenez : les soldats de la coalition). Il a été invité au sommet du G8 en compagnie des autres supporters de l' " INITIATIVE POUR LE GRAND MOYEN ORIENT " : Jordanie, Tunisie, Bahrain, Yémen et Algérie.
L'autre est le futur premier ministre qui conduira l'exécutif : il s'appelle AYAD AL AWI.Membre du parti Baath dans sa jeunesse, il fait ses études en Grande-Bretagne et participe à la chasse aux opposants à Saddam Hussein. Mais il change de camp dans les années 70, s'installe en Grande Bretagne et se met alors au service du renseignement britannique : le MI 6. Avec le soutien du MI 6 et plus tard de la CIA il va fonder son parti en exil : l'" ACCORD NATIONAL IRAKIEN ". Des anciens de la CIA lui attribuent la responsabilité de quelques attentats en Irak dans les années 90 mais son intervention la plus remarquée sera la fourniture en 2002 d'un " tuyau crevé " annonçant la capacité de l'Irak d'envoyer des missiles avec des armes biologiques à plusieurs milliers de kilomètres dans un délai de 45 minutes. Cette information allait être utilisée par Blair pour s'engager résolument dans l'aventure irakienne. Elle allait déboucher également sur l'étrange suicide du Docteur Kelly. Il est également à l'origine de la " fuite " sur la fourniture d'uranium par le Niger à l'Irak. Bref, un nageur en eau trouble qui a bien mérité les faveurs de l'occupant.
Condoleeza Rice, plus orwelienne que jamais, présentant ces deux personnages, a déclaré "ce ne sont pas des marionnettes ! " Cette affirmation, goutte d'eau dans les torrents de propagande déversés dans les oreilles des citoyens US, sera reçue en Irak, où ont survécu beaucoup de responsables de l'ancien régime qui connaissent bien ces personnages, comme un mensonge de plus.

La politique étrangère de Ronald Reagan
Elle est interventionniste et agressive mais condamnée à la clandestinité car à l'inverse de la situation actuelle où le Congrès à majorité républicaine est couché devant Bush, les démocrates majoritaires à la chambre des représentants ne laissent pas tout faire.
Afghanistan : si le soutien des Etats-Unis aux chefs de guerre qui combattent l'armée soviétique a été initié par Carter et son conseiller Zbigniew Brezinski, Reagan lui donne une grande ampleur puisque les aides financières passent de 10 à 500 de millions de $ par an et que, via les services secrets pakistanais, les Etats-Unis fourniront aux combattants afghans les fameux missiles sol-air Stinger qui détruiront de nombreux appareils et feront perdre à l'armée soviétique la maîtrise de l'espace aérien. Quant au soutien financier, il transite par le chef des services secrets saoudiens Faysal Al Turki. Celui-ci charge un certain Oussama Ben Laden, qui n'a pas encore été déchu de sa nationalité saoudienne, d'organiser la distribution des fonds sur place. Ben Laden en profite pour recruter et former sa propre milice.
Réfléchir : François Jullien est philosophe et sinologue. Depuis des années ; il poursuit un énorme travail de comparaison entre les conceptions du monde chinoise et européenne. Dans son dernier ouvrage : " L'ombre au tableau ", il livre des réflexions d'actualité sur la guerre contre le terrorisme qui ont toute leur place dans notre travail de compréhension (Comprendre et agir) et que nous proposons à votre réflexion. " Comme s'il renvoyait là à sa raison ultime, voici que le discours contemporain - ou nommons-le plus précisément : le discours officiel mondialisé - ne cesse de scander à nos oreilles son aspiration légitime au tout positif : " Paix" (qu'on répétera inlassablement dans toutes les langues comme un sens unique), coopération, communication, etc. Comme si l'élimination du négatif enfin était à portée, qu'il n'y avait plus que d'ultimes verrous à faire sauter pour l'expulser de l'Histoire à jamais, ou du moins qu'il n'y avait plus qu'à le vouloir pour le pouvoir, le discours ambiant manie hardiment l'optatif selon ces résolutions en chaîne : plus de guerres, plus de divisions, plus de frontières, etc. Ou peut-être la route sera-t-elle encore longue, soupire songeur le Réaliste; sur son terme, en tout cas, il n'y a pas à discuter, le discours politique et le discours religieux (le pape et le dalaï-lama : le grand oecuménisme) désormais sont d'accord. Or, en même temps que triomphe, du moins au niveau du discours, cette unanimité aseptisée, on a vu resurgir de façon étonnamment primaire de nouvelles mises en scène d'un diabolique qu'il suffirait de finir d'évacuer pour que se mette à rayonner l'Histoire : "Appelez cela [comme moi, l'axe du Mal, appelez cela comme vous voulez, mais disons la vérité !" (George W. Bush, discours prononcé devant le Bundestag, le 23 mai 2002). Car voici qu'une ultime "conspiration" inopinément nous retarde (exactement comme les régimes communistes parlaient naguère d'ultimes conspirations bloquant diaboliquement l'accès à l'" avenir radieux "). Le " Mal ", répété-je, ou de quelque autre nom que vous le nommiez, c'est égal. S'y verra toujours désigné un point de résistance ou d'achoppement tel qu'il ne peut participer à aucune cohérence - et qu'il revient donc à la volonté d'éradiquer. Même, peut-on croire, il s'agirait là, pour celle-ci, d'un nouvel (ultime ?) assaut à livrer contre, pour qu'elle en ait enfin fini de mériter. Il me paraît, de fait, que ce qu'on est convenu désormais d'appeler la "globalisation" a radicale ment changé les conditions de possibilité du négatif. Car, jusqu'à présent, le négatif se laissait aisé ment désigner comme l'autre, le monde se laissant scinder; il y avait toujours un extérieur opposable à soi : le négatif était l'autre bloc (les USA pour l'URSS, et réciproquement); ou le négatif était l'autre classe (la bourgeoisie pour le prolétariat, etc.). Du temps de la guerre froide comme aussi de la lutte des classes, un tel négatif se laissait cibler. Or, la globalisation a supprimé cette extériorité par laquelle du négatif trouvait à s'évacuer (avec lequel aussi travaillait l'Histoire). Dès lors qu'il n'y a plus d'autre camp, à l'extérieur, où le situer, du négatif en est conduit logiquement à s'intérioriser, puisqu'il n'en disparaît pas pour autant, et se voit "refouler ", n'opérant donc plus ouvertement mais en secret: il est devenu le " terrorisme ". La question sera dès lors de s'interroger sur ce que je viens d'avancer comme une "logique ". Car le 11 septembre (2001) est-il vraiment un événement, comme on l'a présenté, et même l'événement (soudain) par excellence ? S'il a bien fonction d'événement par son effet de surprise et ce qu'il a enclenché (notamment comme traumatisme), j'y verrai plutôt, quant à son origine l'affleurement, soudain mais résulta tif, d'une telle " transformation silencieuse" (j'en prends la notion dans la pensée chinoise : mo hua) Autre révolution "silencieuse" : je fais partie de la première génération en France, et même depuis que France existe, qui n'ait pas connu la guerre sur son sol, et même pour qui la guerre sur son sol est tenue désormais, non seulement pour improbable, mais pour impossible. Or, je ne crois pas que l'on puisse expliquer la violence urbaine aujourd'hui indépendamment de ce fait dont elle est une manifestation en retour comme autre intériorisation, et dissémination d'un négatif qui n'a plus d'ailleurs pour se déployer. Donc aussi qu'on ne peut plus cibler (Bush, en faisant la guerre à l'Irak, a fait comme s'il pouvait à nouveau l'extérioriser et le cibler). Les anciennes stratégies sont désormais désuètes, car le terrorisme, la violence ne sont pas interprétables seulement en termes moraux (même si la morale peut avoir à en juger) ; ni ne se laissent intégrer dans de pures causalités sociologiques (la misère d'après l'occidentalisation forcée ou celle des banlieues) ou limiter à des enjeux idéologiques (l'intégrisme religieux : car cet intégrisme, on le sait, est éminemment réactif). Encore moins peuvent-ils être tenus pour des phénomènes secondaires, ou transitoires, ou sur lesquels la volonté aurait suffisamment prise. Mais ils réclament qu'on s'interroge sur l'issue (qui ne soit pas seulement exutoire) que l'on assigne au négatif, quand ne jouent plus les figures ordinaires de l'affronte ment, désormais périmées, avec lesquelles l'Histoire jusqu'à présent a travaillé. " Irak : les nouvelles marionnettes sont arrivées L'escroc Chalabi (condamné par contumace en Jordanie à 20 ans de prison pour détournement de fonds) qui avait les faveurs des Etats-Unis au début de l'invasion, a été mis sur la touche. Non pas parce qu'il avait les mains sales, c'était connu, non pas parce qu'il avait travaillé pour la CIA, c'était au contraire un critère de sélection, mais parce qu'il semblait trop proche du régime iranien.Or, dans le plan étasunien de remodelage du Moyen-Orient, il est prévu de diviser (pour régner) et évidemment pas de réunir. Cette division, qui a fait couler tant de sang pendant la guerre Iran-Irak de 1980 à 1988 et qui a de profondes racines historiques doit, du point de vue de Washington, impérativement continuer. De nouvelles marionnettes viennent donc d'apparaître dans le sanglant Guignol irakien.L'un est appelé à devenir le futur Président d'une république occupée mais Président sans grand pouvoir : il s'agit de GHAZI AL YAWER. Cet irakien, en exil depuis 20 ans, ingénieur diplômé de Georgetown (USA) était installé en Arabie Saoudite où il dirigeait une entreprise de services en télécommunication et surveillance : HYCAP TECHNOLOGY. Hycap est un nouveau concept à la mode dans les services de police du monde entier et qui introduit les techniques de pointe de la surveillance électronique dans la vie quotidienne des policiers. Les Irakiens, à défaut d'être bien nourris et bien soignés, seront bien gardés ! Il a rendu publiquement hommage à " nos amis qui sont tombés pour la libération de l'Irak " (comprenez : les soldats de la coalition). Il a été invité au sommet du G8 en compagnie des autres supporters de l' " INITIATIVE POUR LE GRAND MOYEN ORIENT " : Jordanie, Tunisie, Bahrain, Yémen et Algérie. L'autre est le futur premier ministre qui conduira l'exécutif : il s'appelle AYAD AL AWI.Membre du parti Baath dans sa jeunesse, il fait ses études en Grande-Bretagne et participe à la chasse aux opposants à Saddam Hussein. Mais il change de camp dans les années 70, s'installe en Grande Bretagne et se met alors au service du renseignement britannique : le MI 6. Avec le soutien du MI 6 et plus tard de la CIA il va fonder son parti en exil : l'" ACCORD NATIONAL IRAKIEN ". Des anciens de la CIA lui attribuent la responsabilité de quelques attentats en Irak dans les années 90 mais son intervention la plus remarquée sera la fourniture en 2002 d'un " tuyau crevé " annonçant la capacité de l'Irak d'envoyer des missiles avec des armes biologiques à plusieurs milliers de kilomètres dans un délai de 45 minutes. Cette information allait être utilisée par Blair pour s'engager résolument dans l'aventure irakienne. Elle allait déboucher également sur l'étrange suicide du Docteur Kelly. Il est également à l'origine de la " fuite " sur la fourniture d'uranium par le Niger à l'Irak. Bref, un nageur en eau trouble qui a bien mérité les faveurs de l'occupant. Condoleeza Rice, plus orwelienne que jamais, présentant ces deux personnages, a déclaré "ce ne sont pas des marionnettes ! " Cette affirmation, goutte d'eau dans les torrents de propagande déversés dans les oreilles des citoyens US, sera reçue en Irak, où ont survécu beaucoup de responsables de l'ancien régime qui connaissent bien ces personnages, comme un mensonge de plus. La politique étrangère de Ronald Reagan Elle est interventionniste et agressive mais condamnée à la clandestinité car à l'inverse de la situation actuelle où le Congrès à majorité républicaine est couché devant Bush, les démocrates majoritaires à la chambre des représentants ne laissent pas tout faire. Afghanistan : si le soutien des Etats-Unis aux chefs de guerre qui combattent l'armée soviétique a été initié par Carter et son conseiller Zbigniew Brezinski, Reagan lui donne une grande ampleur puisque les aides financières passent de 10 à 500 de millions de $ par an et que, via les services secrets pakistanais, les Etats-Unis fourniront aux combattants afghans les fameux missiles sol-air Stinger qui détruiront de nombreux appareils et feront perdre à l'armée soviétique la maîtrise de l'espace aérien. Quant au soutien financier, il transite par le chef des services secrets saoudiens Faysal Al Turki. Celui-ci charge un certain Oussama Ben Laden, qui n'a pas encore été déchu de sa nationalité saoudienne, d'organiser la distribution des fonds sur place. Ben Laden en profite pour recruter et former sa propre milice. Grenade : La Grenade, Ile des épices, était une colonie britannique jusqu'en 1974. L'indépendance fut obtenue à l'issue d'une négociation entre l'homme fort de l'île, Eric Guary, leader du Parti Travailliste unifié de Grenade et Edward Heath premier ministre britannique conservateur. La Grande-Bretagne était d'autant mieux disposée à l'égard de Guary qu'il avait créé une milice qui réprimait les militants de gauche.Craignant que l'indépendance ne débouche sur rien d'autre que la dictature de Guary un mouvement : le NEW JEWEL MOVEMENT est fondé par les syndicats, l'église et les organisations de citoyens. Il est dirigé par Maurice Bishop, un avocat grenadin qui a fait ses études en Grande Bretagne où il a participé à de nombreuses actions contre le racisme et pour la création de dispensaires pour les immigrés des Caraïbes. Sitôt créé, le mouvement est réprimé et le père de Maurice Bishop est tué par la police pendant une manifestation. Guary, inquiet, prend ses conseils auprès de Pinochet, devenu depuis le 11 Septembre 1973, le leader de la contre-révolution en Amérique Latine. En Juillet 1976 Il organise des élections truquées pour éliminer l'opposition. Maurice Bishop et le NJM se retournent alors vers Cuba et les relations se développent entre les communistes cubains et le NJM. En 1979, le bruit court que Guary va faire assassiner les leaders du NJM. Comme sa santé mentale laisse à désire - n'est-il pas intervenu à la tribune de l'Assemblée générale des Nations Unies pour demander la création d'une agence spécialisée sur les OVNIS et le triangle des Bermudes - le NJM prend ses menaces très au sérieux. Profitant d'un voyage à l'étranger de Guary, le NJM s'empare de la radio nationale le 13 Mars 79 et bientôt, avec l'appui massif de la population, de la totalité des centres de pouvoir. Aussitôt Bishop crée des Conseils ouvriers et veut développer un socialisme à la base tout en respectant la petite propriété et en ne cherchant pas à rompre avec les Etats-unis. Dans une des ses premières déclarations publiques après la prise du pouvoir, il affirme : "J'assure le peuple de la Grenade que toutes les libertés démocratiques y compris électorales, religieuses et politiques seront totalement restaurées. Peuple de la Grenade, cette révolution est pour le travail, la nourriture, un logement décent, des services de santé et pour un avenir brillant pour nos enfants et petits enfants ". Malheureusement, cette orientation en faveur d'un socialisme qu'on aurait pu qualifier à l'époque d'autogestionnaire est combattue par un camarade de lutte, Bernard Coard, qui occupe le poste de Ministre des Finances dans le gouvernement Bishop. Celui-ci, favorable à un socialisme d'état centralisé, organise un coup d'état militaire le 19 Octobre 1983. Bishop et la plupart de ses ministres sont arrêtés et exécutés. Ce coup d'état avait été " pressenti " par Reagan lui-même qui, en Mars 83, avait déclaré " la Grenade, instrument des soviétiques et des cubains menace la sécurité des Etats-Unis " Le coup d'état du 19 Octobre était le prétexte attendu pour intervenir militairement. Le représentant de la Reine d'Angleterre dans l'île signe aimablement un document antidaté, appellant les Etats-Unis au secours .Le 25 Octobre, 1200 marines débarquent à la Grenade. Officiellement il s'agit de protéger les citoyens US présents sur l'île. La petite armée grenadine - 2000 hommes - résiste et il faudra au total engager 7000 marines, lourdement équipés, pour en venir à bout. Bernard Coard et ses amis sont arrêtés et transférés aux Etats-Unis. Ils y seront jugés et Bernard Coard sera condamné à mort, peine qui sera ultérieurement commuée en détention à vie. L'assemblée générale de l'ONU condamne l'invasion armée de la Grenade par 108 voix contre 9 et 27 abstentions. Commentaire de Reagan sur ce vote : " ça n'a pas troublé mon petit déjeuner ! ". Son petit déjeuner digéré, Reagan se rendra, en grande pompe, sur l'île le 20 janvier 86 pour célébrer sa victoire. La population encore traumatisée par les évènements et qui avait entrevu un autre avenir sait que son destin est de redevenir un " bronze-culs " pour étasuniens. Les conditions exactes du coup d'état de Coard et de l'assassinat de Maurice Bishop restent obscures. Est-on en présence d'un affrontement politique entre deux courants politiques : l'un plus léniniste, l'autre plus conseilliste ? Ou d'un conflit entre deux personnalités très fortes ? Ce conflit a-t-il été amplifié ou suscité par des interventions extérieures et lesquelles ? S'agit-il d'un des ultimes affrontements, par personnes interposées, de la guerre froide ? Cette hypothèse ne peut être exclue, d'une part parce que il est facile d'intervenir en sous-mains dans une île qui ne compte que 100 000 habitants et où étaient présents à la fois la CIA, les contre-révolutionnaires formés par Pinochet et des militaires cubains, d'autre part parce que les archives US relatives à cette affaire n'ont pas encore été déclassifiées. Coard est aujourd'hui libre puisqu'il vient de bénéficier d'une remise de peine. Il a déclaré regretter les évènements de 83 .Peut-être en dira-t-il plus ? Afrique du Sud : Reagan a été jusqu'au bout un fervent supporter du régime d'apartheid et les Etats-Unis n'ont pas pris part à l'embargo économique décidé par l'ONU. Suite de la rubrique : " les guerres de Reagan " dans le prochaine bulletin. L'étrange attentat contre Ronald Reagan Nous avons mentionné dans le bulletin 101 cet étrange attentat et la bienheureuse conclusion de l'enquête : " acte isolé d'un déséquilibré ". Ce déséquilibré de 25 ans, John Hinckley, n'était peut-être pas aussi isolé que la FBI l'a déclaré.En effet, le jour même de l'attentat, le frère du " déséquilibré " dînait chez Neil Bush, le frère de Dabeliou et les familles Hinckley et Bush travaillaient ensemble dans le pétrole texan. Les Hinckley comptaient au nombre des plus généreux donateurs pour la campagne électorale de Bush père. Lequel avait, au sein du parti républicain, disputé âprement à Ronald Reagan la place de candidat à la Présidence.John Hinckley qui a aujourd'hui 46 ans, vit dans une maison de soins psychiatriques et se porterait, parait-il, parfaitement bien. Curieusement alors que la justice l'a reconnu innocent il n'est pas autorisé à quitter cet établissement. Diego Garcia Cet atoll de rêve, au large de l'Ile Maurice, fait partie des "Territoires anglais de l'Océan Indien " ensemble d'îles restées sous gouvernement britannique depuis l'indépendance de Maurice. Il a été loué à l'armée des Etats-Unis qui y a installé sa plus grande base aérienne en dehors des USA et plus discrètement une des prisons du goulag étasunien. La discrétion est en effet totale puisque, dans le contrat de location passé entre le bailleur britannique et le locataire US, il est stipulé que les habitants de l'île - ils étaient 7000 à l'époque - seront tous déportés. Ce qui fut fait sans qu'à l'époque cela ait suscité beaucoup d'émotion. Ces citoyens britanniques (donc aujourd'hui citoyens européens) se sont installés soit à l'Ile Maurice soit en grande Bretagne et se sont progressivement organisés pour exercer leur droit au retour au moment de la fin du bail. La tâche était difficile puisque cette paisible population, vivant loin des tracas du monde, n'était pas préparée à affronter pareil défi. Les colonisateurs britanniques, avec leur ironie méprisante, les appelaient les VENDREDIS en référence au compagnon de Robinson Crusoe. Pourtant leur droit au retour avait fini par être reconnu par la Cour Suprême britannique en 2000 et ils pouvaient donc espérer retrouver un jour leur pays.Mais les Etats-Unis, bien loin de s'apprêter à quitte Diego Garcia, veulent au contraire y rester et ont fait pression sur Blair pour renouveler le bail. Blair s'est couché, comme d'habitude. Gêné par la décision de la Cour Suprême il n'a pas hésité à utiliser une procédure extra parlementaire héritée d'un privilège royal pour prendre une ordonnance scélérate interdisant le retour des déportés et de leurs descendants. Pour ne pas éveiller l'attention, Cette manœuvre minable a eu lieu le jour du vote pour le Parlement européen. Interrogé sur les raisons de cette décision Le secrétaire d'Etat au Foreign Office a mis en avant deux arguments contradictoires : 1 - la guerre contre le terrorisme justifie le maintien de cette base (d'où partent les bombardiers vers l'Irak et l'Afghanistan) 2 -- en raison du réchauffement climatique, l'île sera bientôt submergée donc il n'est pas raisonnable d'y installer des habitants Conclusion (de COMAGUER) : les B 52 seront alors transformés en sous-marins et les aviateurs en plongeurs de combat Commerce et développement Le 11° sommet de la CNUCED s'est tenu à Sao Paulo sur le sujet " Commerce et développement ". Ce credo des libéraux, des pays riches et de l'OMC selon lequel l'ouverture au commerce extérieur est la condition sine qua non du développement est de plus en plus critiqué dans les pays en voie de développement où beaucoup ont constaté par exemple que favoriser les cultures de produits exportables conduit à abandonner les productions vivrières. Ainsi on épuisera les sols pour des produits d'exportation : soja, fruits tropicaux ou autres et on devra importer du riz ou du blé pour l'alimentation quotidienne.Le rapport introductif à la 11° conférence de la CNUCED reconnaît que " l'augmentation du commerce en Amérique Latine a favorisé le développement de la pauvreté qui compte 20 millions de pauvres supplémentaires en 6 ans " Mais les constats de la CNUCED ne dérangent que ceux qui veulent l'être. Bricolages européens Les nouvelles frontières de l'Union Européenne posent quelques problèmes que l'Union règle sans bruit au prix d'arrangements incertains. A Chypre : la nouvelle frontière de l'Union est la ligne de démarcation entre la République de Chypre ( grecque) désormais membre de l'Union et la république turque Celle-ci n'étant pas reconnue les échanges économique et commerciaux, ils existent, ne peuvent pas être considérés comme des échanges entre l'Union et l'étranger. Il a été décidé de fermer les yeux et de ne pas interrompre les échanges entre les deux parties de l'île qui, en droit, sont des échanges entre l'Union et ... rien A Kaliningrad : cette province, russe coincée entre la Pologne et la Lituanie, est désormais une enclave russe à l'intérieur de l'Union européenne. Mais il est difficile d'empêcher les citoyens russes de se rendre d'une province à l'autre de leur pays. Alors on va faire une entorse aux règles communautaires pour que les citoyens russes en transit sur le territoire de l'union puissent circuler sans visa. La Grenade, Ile des épices, était une colonie britannique jusqu'en 1974. L'indépendance fut obtenue à l'issue d'une négociation entre l'homme fort de l'île, Eric Guary, leader du Parti Travailliste unifié de Grenade et Edward Heath premier ministre britannique conservateur. La Grande-Bretagne était d'autant mieux disposée à l'égard de Guary qu'il avait créé une milice qui réprimait les militants de gauche.Craignant que l'indépendance ne débouche sur rien d'autre que la dictature de Guary un mouvement : le NEW JEWEL MOVEMENT est fondé par les syndicats, l'église et les organisations de citoyens. Il est dirigé par Maurice Bishop, un avocat grenadin qui a fait ses études en Grande Bretagne où il a participé à de nombreuses actions contre le racisme et pour la création de dispensaires pour les immigrés des Caraïbes.
Sitôt créé, le mouvement est réprimé et le père de Maurice Bishop est tué par la police pendant une manifestation. Guary, inquiet, prend ses conseils auprès de Pinochet, devenu depuis le 11 Septembre 1973, le leader de la contre-révolution en Amérique Latine. En Juillet 1976 Il organise des élections truquées pour éliminer l'opposition. Maurice Bishop et le NJM se retournent alors vers Cuba et les relations se développent entre les communistes cubains et le NJM. En 1979, le bruit court que Guary va faire assassiner les leaders du NJM. Comme sa santé mentale laisse à désire - n'est-il pas intervenu à la tribune de l'Assemblée générale des Nations Unies pour demander la création d'une agence spécialisée sur les OVNIS et le triangle des Bermudes - le NJM prend ses menaces très au sérieux. Profitant d'un voyage à l'étranger de Guary, le NJM s'empare de la radio nationale le 13 Mars 79 et bientôt, avec l'appui massif de la population, de la totalité des centres de pouvoir. Aussitôt Bishop crée des Conseils ouvriers et veut développer un socialisme à la base tout en respectant la petite propriété et en ne cherchant pas à rompre avec les Etats-unis. Dans une des ses premières déclarations publiques après la prise du pouvoir, il affirme : "J'assure le peuple de la Grenade que toutes les libertés démocratiques y compris électorales, religieuses et politiques seront totalement restaurées. Peuple de la Grenade, cette révolution est pour le travail, la nourriture, un logement décent, des services de santé et pour un avenir brillant pour nos enfants et petits enfants ".
Malheureusement, cette orientation en faveur d'un socialisme qu'on aurait pu qualifier à l'époque d'autogestionnaire est combattue par un camarade de lutte, Bernard Coard, qui occupe le poste de Ministre des Finances dans le gouvernement Bishop. Celui-ci, favorable à un socialisme d'état centralisé, organise un coup d'état militaire le 19 Octobre 1983. Bishop et la plupart de ses ministres sont arrêtés et exécutés. Ce coup d'état avait été "pressenti" par Reagan lui-même qui, en Mars 83, avait déclaré "la Grenade, instrument des soviétiques et des cubains menace la sécurité des Etats-Unis"
Le coup d'état du 19 Octobre était le prétexte attendu pour intervenir militairement. Le représentant de la Reine d'Angleterre dans l'île signe aimablement un document antidaté, appellant les Etats-Unis au secours .Le 25 Octobre, 1200 marines débarquent à la Grenade. Officiellement il s'agit de protéger les citoyens US présents sur l'île. La petite armée grenadine - 2000 hommes - résiste et il faudra au total engager 7000 marines, lourdement équipés, pour en venir à bout. Bernard Coard et ses amis sont arrêtés et transférés aux Etats-Unis. Ils y seront jugés et Bernard Coard sera condamné à mort, peine qui sera ultérieurement commuée en détention à vie.
L'assemblée générale de l'ONU condamne l'invasion armée de la Grenade par 108 voix contre 9 et 27 abstentions. Commentaire de Reagan sur ce vote : " ça n'a pas troublé mon petit déjeuner ! ". Son petit déjeuner digéré, Reagan se rendra, en grande pompe, sur l'île le 20 janvier 86 pour célébrer sa victoire. La population encore traumatisée par les évènements et qui avait entrevu un autre avenir sait que son destin est de redevenir un " bronze-culs " pour étasuniens.
Les conditions exactes du coup d'état de Coard et de l'assassinat de Maurice Bishop restent obscures. Est-on en présence d'un affrontement politique entre deux courants politiques : l'un plus léniniste, l'autre plus conseilliste ? Ou d'un conflit entre deux personnalités très fortes ? Ce conflit a-t-il été amplifié ou suscité par des interventions extérieures et lesquelles ? S'agit-il d'un des ultimes affrontements, par personnes interposées, de la guerre froide ? Cette hypothèse ne peut être exclue, d'une part parce que il est facile d'intervenir en sous-mains dans une île qui ne compte que 100 000 habitants et où étaient présents à la fois la CIA, les contre-révolutionnaires formés par Pinochet et des militaires cubains, d'autre part parce que les archives US relatives à cette affaire n'ont pas encore été déclassifiées. Coard est aujourd'hui libre puisqu'il vient de bénéficier d'une remise de peine. Il a déclaré regretter les évènements de 83 .Peut-être en dira-t-il plus ?
Afrique du Sud : Reagan a été jusqu'au bout un fervent supporter du régime d'apartheid et les Etats-Unis n'ont pas pris part à l'embargo économique décidé par l'ONU.

Suite de la rubrique : " les guerres de Reagan " dans le prochaine bulletin.

L'étrange attentat contre Ronald Reagan
Nous avons mentionné dans le bulletin 101 cet étrange attentat et la bienheureuse conclusion de l'enquête : " acte isolé d'un déséquilibré ". Ce déséquilibré de 25 ans, John Hinckley, n'était peut-être pas aussi isolé que la FBI l'a déclaré.En effet, le jour même de l'attentat, le frère du " déséquilibré " dînait chez Neil Bush, le frère de Dabeliou et les familles Hinckley et Bush travaillaient ensemble dans le pétrole texan. Les Hinckley comptaient au nombre des plus généreux donateurs pour la campagne électorale de Bush père. Lequel avait, au sein du parti républicain, disputé âprement à Ronald Reagan la place de candidat à la Présidence.John Hinckley qui a aujourd'hui 46 ans, vit dans une maison de soins psychiatriques et se porterait, parait-il, parfaitement bien. Curieusement alors que la justice l'a reconnu innocent il n'est pas autorisé à quitter cet établissement.

Diego Garcia
Cet atoll de rêve, au large de l'Ile Maurice, fait partie des "Territoires anglais de l'Océan Indien " ensemble d'îles restées sous gouvernement britannique depuis l'indépendance de Maurice. Il a été loué à l'armée des Etats-Unis qui y a installé sa plus grande base aérienne en dehors des USA et plus discrètement une des prisons du goulag étasunien. La discrétion est en effet totale puisque, dans le contrat de location passé entre le bailleur britannique et le locataire US, il est stipulé que les habitants de l'île - ils étaient 7000 à l'époque - seront tous déportés. Ce qui fut fait sans qu'à l'époque cela ait suscité beaucoup d'émotion. Ces citoyens britanniques (donc aujourd'hui citoyens européens) se sont installés soit à l'Ile Maurice soit en grande Bretagne et se sont progressivement organisés pour exercer leur droit au retour au moment de la fin du bail.
La tâche était difficile puisque cette paisible population, vivant loin des tracas du monde, n'était pas préparée à affronter pareil défi. Les colonisateurs britanniques, avec leur ironie méprisante, les appelaient les VENDREDIS en référence au compagnon de Robinson Crusoe. Pourtant leur droit au retour avait fini par être reconnu par la Cour Suprême britannique en 2000 et ils pouvaient donc espérer retrouver un jour leur pays.Mais les Etats-Unis, bien loin de s'apprêter à quitte Diego Garcia, veulent au contraire y rester et ont fait pression sur Blair pour renouveler le bail. Blair s'est couché, comme d'habitude. Gêné par la décision de la Cour Suprême il n'a pas hésité à utiliser une procédure extra parlementaire héritée d'un privilège royal pour prendre une ordonnance scélérate interdisant le retour des déportés et de leurs descendants. Pour ne pas éveiller l'attention, Cette manœuvre minable a eu lieu le jour du vote pour le Parlement européen.
Interrogé sur les raisons de cette décision Le secrétaire d'Etat au Foreign Office a mis en avant deux arguments contradictoires :

  1. la guerre contre le terrorisme justifie le maintien de cette base (d'où partent les bombardiers vers l'Irak et l'Afghanistan)
  2. en raison du réchauffement climatique, l'île sera bientôt submergée donc il n'est pas raisonnable d'y installer des habitants Conclusion (de COMAGUER) : les B 52 seront alors transformés en sous-marins et les aviateurs en plongeurs de combat

Commerce et développement
Le 11° sommet de la CNUCED s'est tenu à Sao Paulo sur le sujet " Commerce et développement ". Ce credo des libéraux, des pays riches et de l'OMC selon lequel l'ouverture au commerce extérieur est la condition sine qua non du développement est de plus en plus critiqué dans les pays en voie de développement où beaucoup ont constaté par exemple que favoriser les cultures de produits exportables conduit à abandonner les productions vivrières. Ainsi on épuisera les sols pour des produits d'exportation : soja, fruits tropicaux ou autres et on devra importer du riz ou du blé pour l'alimentation quotidienne.Le rapport introductif à la 11° conférence de la CNUCED reconnaît que "l'augmentation du commerce en Amérique Latine a favorisé le développement de la pauvreté qui compte 20 millions de pauvres supplémentaires en 6 ans"
Mais les constats de la CNUCED ne dérangent que ceux qui veulent l'être.

Bricolages européens
Les nouvelles frontières de l'Union Européenne posent quelques problèmes que l'Union règle sans bruit au prix d'arrangements incertains.
A Chypre : la nouvelle frontière de l'Union est la ligne de démarcation entre la République de Chypre ( grecque) désormais membre de l'Union et la république turque Celle-ci n'étant pas reconnue les échanges économique et commerciaux, ils existent, ne peuvent pas être considérés comme des échanges entre l'Union et l'étranger. Il a été décidé de fermer les yeux et de ne pas interrompre les échanges entre les deux parties de l'île qui, en droit, sont des échanges entre l'Union et ... rien.
A Kaliningrad : cette province, russe coincée entre la Pologne et la Lituanie, est désormais une enclave russe à l'intérieur de l'Union européenne. Mais il est difficile d'empêcher les citoyens russes de se rendre d'une province à l'autre de leur pays. Alors on va faire une entorse aux règles communautaires pour que les citoyens russes en transit sur le territoire de l'union puissent circuler sans visa.

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