Semaine 26- 2004
Réfléchir
François Jullien est philosophe et sinologue. Depuis des années ; il poursuit
un énorme travail de comparaison entre les conceptions du monde chinoise et
européenne. Dans son dernier ouvrage : " L'ombre au tableau ", il livre des
réflexions d'actualité sur la guerre contre le terrorisme qui ont toute leur
place dans notre travail de compréhension (Comprendre et agir) et que nous
proposons à votre réflexion.
"Comme s'il renvoyait là à sa raison ultime, voici que le discours contemporain
- ou nommons-le plus précisément : le discours officiel mondialisé - ne cesse
de scander à nos oreilles son aspiration légitime au tout positif : " Paix"
(qu'on répétera inlassablement dans toutes les langues comme un sens unique),
coopération, communication, etc. Comme si l'élimination du négatif enfin était
à portée, qu'il n'y avait plus que d'ultimes verrous à faire sauter pour l'expulser
de l'Histoire à jamais, ou du moins qu'il n'y avait plus qu'à le vouloir pour
le pouvoir, le discours ambiant manie hardiment l'optatif selon ces résolutions
en chaîne : plus de guerres, plus de divisions, plus de frontières, etc. Ou
peut-être la route sera-t-elle encore longue, soupire songeur le Réaliste;
sur son terme, en tout cas, il n'y a pas à discuter, le discours politique
et le discours religieux (le pape et le dalaï-lama : le grand oecuménisme)
désormais sont d'accord. Or, en même temps que triomphe, du moins au niveau
du discours, cette unanimité aseptisée, on a vu resurgir de façon étonnamment
primaire de nouvelles mises en scène d'un diabolique qu'il suffirait de finir
d'évacuer pour que se mette à rayonner l'Histoire : "Appelez cela [comme moi,
l'axe du Mal, appelez cela comme vous voulez, mais disons la vérité !" (George
W. Bush, discours prononcé devant le Bundestag, le 23 mai 2002). Car voici
qu'une ultime "conspiration" inopinément nous retarde (exactement comme les
régimes communistes parlaient naguère d'ultimes conspirations bloquant diaboliquement
l'accès à l'" avenir radieux "). Le " Mal ", répété-je, ou de quelque autre
nom que vous le nommiez, c'est égal. S'y verra toujours désigné un point de
résistance ou d'achoppement tel qu'il ne peut participer à aucune cohérence
- et qu'il revient donc à la volonté d'éradiquer. Même, peut-on croire, il
s'agirait là, pour celle-ci, d'un nouvel (ultime ?) assaut à livrer contre,
pour qu'elle en ait enfin fini de mériter.
Il me paraît, de fait, que ce qu'on est convenu désormais d'appeler la
"globalisation" a radicale ment changé les conditions de possibilité du négatif.
Car, jusqu'à présent, le négatif se laissait aisé ment désigner comme l'autre,
le monde se laissant scinder; il y avait toujours un extérieur opposable à
soi : le négatif était l'autre bloc (les USA pour l'URSS, et réciproquement);
ou le négatif était l'autre classe (la bourgeoisie pour le prolétariat, etc.).
Du temps de la guerre froide comme aussi de la lutte des classes, un tel négatif
se laissait cibler. Or, la globalisation a supprimé cette extériorité par
laquelle du négatif trouvait à s'évacuer (avec lequel aussi travaillait l'Histoire).
Dès lors qu'il n'y a plus d'autre camp, à l'extérieur, où le situer, du négatif
en est conduit logiquement à s'intérioriser, puisqu'il n'en disparaît pas
pour autant, et se voit "refouler ", n'opérant donc plus ouvertement mais
en secret: il est devenu le " terrorisme ". La question sera dès lors de s'interroger
sur ce que je viens d'avancer comme une "logique ". Car le 11 septembre (2001)
est-il vraiment un événement, comme on l'a présenté, et même l'événement (soudain)
par excellence ? S'il a bien fonction d'événement par son effet de surprise
et ce qu'il a enclenché (notamment comme traumatisme), j'y verrai plutôt,
quant à son origine l'affleurement, soudain mais résulta tif, d'une telle
" transformation silencieuse" (j'en prends la notion dans la pensée chinoise
: mo hua).
Autre révolution "silencieuse" : je fais partie de la première génération
en France, et même depuis que France existe, qui n'ait pas connu la guerre
sur son sol, et même pour qui la guerre sur son sol est tenue désormais, non
seulement pour improbable, mais pour impossible. Or, je ne crois pas que l'on
puisse expliquer la violence urbaine aujourd'hui indépendamment de ce fait
dont elle est une manifestation en retour comme autre intériorisation, et
dissémination d'un négatif qui n'a plus d'ailleurs pour se déployer.
Donc aussi qu'on ne peut plus cibler (Bush, en faisant la guerre à l'Irak,
a fait comme s'il pouvait à nouveau l'extérioriser et le cibler). Les anciennes
stratégies sont désormais désuètes, car le terrorisme, la violence ne sont
pas interprétables seulement en termes moraux (même si la morale peut avoir
à en juger) ; ni ne se laissent intégrer dans de pures causalités sociologiques
(la misère d'après l'occidentalisation forcée ou celle des banlieues) ou limiter
à des enjeux idéologiques (l'intégrisme religieux : car cet intégrisme, on
le sait, est éminemment réactif). Encore moins peuvent-ils être tenus pour
des phénomènes secondaires, ou transitoires, ou sur lesquels la volonté aurait
suffisamment prise. Mais ils réclament qu'on s'interroge sur l'issue (qui
ne soit pas seulement exutoire) que l'on assigne au négatif, quand ne jouent
plus les figures ordinaires de l'affronte ment, désormais périmées, avec lesquelles
l'Histoire jusqu'à présent a travaillé."
Irak : les nouvelles
marionnettes sont arrivées
L'escroc Chalabi (condamné par contumace en Jordanie à 20 ans de prison pour
détournement de fonds) qui avait les faveurs des Etats-Unis au début de l'invasion,
a été mis sur la touche. Non pas parce qu'il avait les mains sales, c'était
connu, non pas parce qu'il avait travaillé pour la CIA, c'était au contraire
un critère de sélection, mais parce qu'il semblait trop proche du régime iranien.Or,
dans le plan étasunien de remodelage du Moyen-Orient, il est prévu de diviser
(pour régner) et évidemment pas de réunir. Cette division, qui a fait couler
tant de sang pendant la guerre Iran-Irak de 1980 à 1988 et qui a de profondes
racines historiques doit, du point de vue de Washington, impérativement continuer.
De nouvelles marionnettes viennent donc d'apparaître dans le sanglant Guignol
irakien.L'un est appelé à devenir le futur Président d'une république occupée
mais Président sans grand pouvoir : il s'agit de GHAZI AL YAWER. Cet irakien,
en exil depuis 20 ans, ingénieur diplômé de Georgetown (USA) était installé
en Arabie Saoudite où il dirigeait une entreprise de services en télécommunication
et surveillance : HYCAP TECHNOLOGY. Hycap est un nouveau concept à la mode
dans les services de police du monde entier et qui introduit les techniques
de pointe de la surveillance électronique dans la vie quotidienne des policiers.
Les Irakiens, à défaut d'être bien nourris et bien soignés, seront bien gardés
!
Il a rendu publiquement hommage à " nos amis qui sont tombés pour la libération
de l'Irak " (comprenez : les soldats de la coalition). Il a été invité au
sommet du G8 en compagnie des autres supporters de l' " INITIATIVE POUR LE
GRAND MOYEN ORIENT " : Jordanie, Tunisie, Bahrain, Yémen et Algérie.
L'autre est le futur premier ministre qui conduira l'exécutif : il s'appelle
AYAD AL AWI.Membre du parti Baath dans sa jeunesse, il fait ses études en
Grande-Bretagne et participe à la chasse aux opposants à Saddam Hussein. Mais
il change de camp dans les années 70, s'installe en Grande Bretagne et se
met alors au service du renseignement britannique : le MI 6. Avec le soutien
du MI 6 et plus tard de la CIA il va fonder son parti en exil : l'" ACCORD
NATIONAL IRAKIEN ". Des anciens de la CIA lui attribuent la responsabilité
de quelques attentats en Irak dans les années 90 mais son intervention la
plus remarquée sera la fourniture en 2002 d'un " tuyau crevé " annonçant la
capacité de l'Irak d'envoyer des missiles avec des armes biologiques à plusieurs
milliers de kilomètres dans un délai de 45 minutes. Cette information allait
être utilisée par Blair pour s'engager résolument dans l'aventure irakienne.
Elle allait déboucher également sur l'étrange suicide du Docteur Kelly. Il
est également à l'origine de la " fuite " sur la fourniture d'uranium par
le Niger à l'Irak. Bref, un nageur en eau trouble qui a bien mérité les faveurs
de l'occupant.
Condoleeza Rice, plus orwelienne que jamais, présentant ces deux personnages,
a déclaré "ce ne sont pas des marionnettes ! " Cette affirmation, goutte d'eau
dans les torrents de propagande déversés dans les oreilles des citoyens US,
sera reçue en Irak, où ont survécu beaucoup de responsables de l'ancien régime
qui connaissent bien ces personnages, comme un mensonge de plus.
La politique étrangère
de Ronald Reagan
Elle est interventionniste et agressive mais condamnée à la clandestinité
car à l'inverse de la situation actuelle où le Congrès à majorité républicaine
est couché devant Bush, les démocrates majoritaires à la chambre des représentants
ne laissent pas tout faire.
Afghanistan : si le soutien des Etats-Unis aux chefs de guerre qui
combattent l'armée soviétique a été initié par Carter et son conseiller Zbigniew
Brezinski, Reagan lui donne une grande ampleur puisque les aides financières
passent de 10 à 500 de millions de $ par an et que, via les services secrets
pakistanais, les Etats-Unis fourniront aux combattants afghans les fameux
missiles sol-air Stinger qui détruiront de nombreux appareils et feront perdre
à l'armée soviétique la maîtrise de l'espace aérien. Quant au soutien financier,
il transite par le chef des services secrets saoudiens Faysal Al Turki. Celui-ci
charge un certain Oussama Ben Laden, qui n'a pas encore été déchu de sa nationalité
saoudienne, d'organiser la distribution des fonds sur place. Ben Laden en
profite pour recruter et former sa propre milice.
Réfléchir : François Jullien est philosophe et sinologue. Depuis des années
; il poursuit un énorme travail de comparaison entre les conceptions du monde
chinoise et européenne. Dans son dernier ouvrage : " L'ombre au tableau ",
il livre des réflexions d'actualité sur la guerre contre le terrorisme qui
ont toute leur place dans notre travail de compréhension (Comprendre et agir)
et que nous proposons à votre réflexion. " Comme s'il renvoyait là à sa raison
ultime, voici que le discours contemporain - ou nommons-le plus précisément
: le discours officiel mondialisé - ne cesse de scander à nos oreilles son
aspiration légitime au tout positif : " Paix" (qu'on répétera inlassablement
dans toutes les langues comme un sens unique), coopération, communication,
etc. Comme si l'élimination du négatif enfin était à portée, qu'il n'y avait
plus que d'ultimes verrous à faire sauter pour l'expulser de l'Histoire à
jamais, ou du moins qu'il n'y avait plus qu'à le vouloir pour le pouvoir,
le discours ambiant manie hardiment l'optatif selon ces résolutions en chaîne
: plus de guerres, plus de divisions, plus de frontières, etc. Ou peut-être
la route sera-t-elle encore longue, soupire songeur le Réaliste; sur son terme,
en tout cas, il n'y a pas à discuter, le discours politique et le discours
religieux (le pape et le dalaï-lama : le grand oecuménisme) désormais sont
d'accord. Or, en même temps que triomphe, du moins au niveau du discours,
cette unanimité aseptisée, on a vu resurgir de façon étonnamment primaire
de nouvelles mises en scène d'un diabolique qu'il suffirait de finir d'évacuer
pour que se mette à rayonner l'Histoire : "Appelez cela [comme moi, l'axe
du Mal, appelez cela comme vous voulez, mais disons la vérité !" (George W.
Bush, discours prononcé devant le Bundestag, le 23 mai 2002). Car voici qu'une
ultime "conspiration" inopinément nous retarde (exactement comme les régimes
communistes parlaient naguère d'ultimes conspirations bloquant diaboliquement
l'accès à l'" avenir radieux "). Le " Mal ", répété-je, ou de quelque autre
nom que vous le nommiez, c'est égal. S'y verra toujours désigné un point de
résistance ou d'achoppement tel qu'il ne peut participer à aucune cohérence
- et qu'il revient donc à la volonté d'éradiquer. Même, peut-on croire, il
s'agirait là, pour celle-ci, d'un nouvel (ultime ?) assaut à livrer contre,
pour qu'elle en ait enfin fini de mériter. Il me paraît, de fait, que ce qu'on
est convenu désormais d'appeler la "globalisation" a radicale ment changé
les conditions de possibilité du négatif. Car, jusqu'à présent, le négatif
se laissait aisé ment désigner comme l'autre, le monde se laissant scinder;
il y avait toujours un extérieur opposable à soi : le négatif était l'autre
bloc (les USA pour l'URSS, et réciproquement); ou le négatif était l'autre
classe (la bourgeoisie pour le prolétariat, etc.). Du temps de la guerre froide
comme aussi de la lutte des classes, un tel négatif se laissait cibler. Or,
la globalisation a supprimé cette extériorité par laquelle du négatif trouvait
à s'évacuer (avec lequel aussi travaillait l'Histoire). Dès lors qu'il n'y
a plus d'autre camp, à l'extérieur, où le situer, du négatif en est conduit
logiquement à s'intérioriser, puisqu'il n'en disparaît pas pour autant, et
se voit "refouler ", n'opérant donc plus ouvertement mais en secret: il est
devenu le " terrorisme ". La question sera dès lors de s'interroger sur ce
que je viens d'avancer comme une "logique ". Car le 11 septembre (2001) est-il
vraiment un événement, comme on l'a présenté, et même l'événement (soudain)
par excellence ? S'il a bien fonction d'événement par son effet de surprise
et ce qu'il a enclenché (notamment comme traumatisme), j'y verrai plutôt,
quant à son origine l'affleurement, soudain mais résulta tif, d'une telle
" transformation silencieuse" (j'en prends la notion dans la pensée chinoise
: mo hua) Autre révolution "silencieuse" : je fais partie de la première génération
en France, et même depuis que France existe, qui n'ait pas connu la guerre
sur son sol, et même pour qui la guerre sur son sol est tenue désormais, non
seulement pour improbable, mais pour impossible. Or, je ne crois pas que l'on
puisse expliquer la violence urbaine aujourd'hui indépendamment de ce fait
dont elle est une manifestation en retour comme autre intériorisation, et
dissémination d'un négatif qui n'a plus d'ailleurs pour se déployer. Donc
aussi qu'on ne peut plus cibler (Bush, en faisant la guerre à l'Irak, a fait
comme s'il pouvait à nouveau l'extérioriser et le cibler). Les anciennes stratégies
sont désormais désuètes, car le terrorisme, la violence ne sont pas interprétables
seulement en termes moraux (même si la morale peut avoir à en juger) ; ni
ne se laissent intégrer dans de pures causalités sociologiques (la misère
d'après l'occidentalisation forcée ou celle des banlieues) ou limiter à des
enjeux idéologiques (l'intégrisme religieux : car cet intégrisme, on le sait,
est éminemment réactif). Encore moins peuvent-ils être tenus pour des phénomènes
secondaires, ou transitoires, ou sur lesquels la volonté aurait suffisamment
prise. Mais ils réclament qu'on s'interroge sur l'issue (qui ne soit pas seulement
exutoire) que l'on assigne au négatif, quand ne jouent plus les figures ordinaires
de l'affronte ment, désormais périmées, avec lesquelles l'Histoire jusqu'à
présent a travaillé. " Irak : les nouvelles marionnettes sont arrivées L'escroc
Chalabi (condamné par contumace en Jordanie à 20 ans de prison pour détournement
de fonds) qui avait les faveurs des Etats-Unis au début de l'invasion, a été
mis sur la touche. Non pas parce qu'il avait les mains sales, c'était connu,
non pas parce qu'il avait travaillé pour la CIA, c'était au contraire un critère
de sélection, mais parce qu'il semblait trop proche du régime iranien.Or,
dans le plan étasunien de remodelage du Moyen-Orient, il est prévu de diviser
(pour régner) et évidemment pas de réunir. Cette division, qui a fait couler
tant de sang pendant la guerre Iran-Irak de 1980 à 1988 et qui a de profondes
racines historiques doit, du point de vue de Washington, impérativement continuer.
De nouvelles marionnettes viennent donc d'apparaître dans le sanglant Guignol
irakien.L'un est appelé à devenir le futur Président d'une république occupée
mais Président sans grand pouvoir : il s'agit de GHAZI AL YAWER. Cet irakien,
en exil depuis 20 ans, ingénieur diplômé de Georgetown (USA) était installé
en Arabie Saoudite où il dirigeait une entreprise de services en télécommunication
et surveillance : HYCAP TECHNOLOGY. Hycap est un nouveau concept à la mode
dans les services de police du monde entier et qui introduit les techniques
de pointe de la surveillance électronique dans la vie quotidienne des policiers.
Les Irakiens, à défaut d'être bien nourris et bien soignés, seront bien gardés
! Il a rendu publiquement hommage à " nos amis qui sont tombés pour la libération
de l'Irak " (comprenez : les soldats de la coalition). Il a été invité au
sommet du G8 en compagnie des autres supporters de l' " INITIATIVE POUR LE
GRAND MOYEN ORIENT " : Jordanie, Tunisie, Bahrain, Yémen et Algérie. L'autre
est le futur premier ministre qui conduira l'exécutif : il s'appelle AYAD
AL AWI.Membre du parti Baath dans sa jeunesse, il fait ses études en Grande-Bretagne
et participe à la chasse aux opposants à Saddam Hussein. Mais il change de
camp dans les années 70, s'installe en Grande Bretagne et se met alors au
service du renseignement britannique : le MI 6. Avec le soutien du MI 6 et
plus tard de la CIA il va fonder son parti en exil : l'" ACCORD NATIONAL IRAKIEN
". Des anciens de la CIA lui attribuent la responsabilité de quelques attentats
en Irak dans les années 90 mais son intervention la plus remarquée sera la
fourniture en 2002 d'un " tuyau crevé " annonçant la capacité de l'Irak d'envoyer
des missiles avec des armes biologiques à plusieurs milliers de kilomètres
dans un délai de 45 minutes. Cette information allait être utilisée par Blair
pour s'engager résolument dans l'aventure irakienne. Elle allait déboucher
également sur l'étrange suicide du Docteur Kelly. Il est également à l'origine
de la " fuite " sur la fourniture d'uranium par le Niger à l'Irak. Bref, un
nageur en eau trouble qui a bien mérité les faveurs de l'occupant. Condoleeza
Rice, plus orwelienne que jamais, présentant ces deux personnages, a déclaré
"ce ne sont pas des marionnettes ! " Cette affirmation, goutte d'eau dans
les torrents de propagande déversés dans les oreilles des citoyens US, sera
reçue en Irak, où ont survécu beaucoup de responsables de l'ancien régime
qui connaissent bien ces personnages, comme un mensonge de plus. La politique
étrangère de Ronald Reagan Elle est interventionniste et agressive mais condamnée
à la clandestinité car à l'inverse de la situation actuelle où le Congrès
à majorité républicaine est couché devant Bush, les démocrates majoritaires
à la chambre des représentants ne laissent pas tout faire. Afghanistan : si
le soutien des Etats-Unis aux chefs de guerre qui combattent l'armée soviétique
a été initié par Carter et son conseiller Zbigniew Brezinski, Reagan lui donne
une grande ampleur puisque les aides financières passent de 10 à 500 de millions
de $ par an et que, via les services secrets pakistanais, les Etats-Unis fourniront
aux combattants afghans les fameux missiles sol-air Stinger qui détruiront
de nombreux appareils et feront perdre à l'armée soviétique la maîtrise de
l'espace aérien. Quant au soutien financier, il transite par le chef des services
secrets saoudiens Faysal Al Turki. Celui-ci charge un certain Oussama Ben
Laden, qui n'a pas encore été déchu de sa nationalité saoudienne, d'organiser
la distribution des fonds sur place. Ben Laden en profite pour recruter et
former sa propre milice. Grenade : La Grenade, Ile des épices, était une colonie
britannique jusqu'en 1974. L'indépendance fut obtenue à l'issue d'une négociation
entre l'homme fort de l'île, Eric Guary, leader du Parti Travailliste unifié
de Grenade et Edward Heath premier ministre britannique conservateur. La Grande-Bretagne
était d'autant mieux disposée à l'égard de Guary qu'il avait créé une milice
qui réprimait les militants de gauche.Craignant que l'indépendance ne débouche
sur rien d'autre que la dictature de Guary un mouvement : le NEW JEWEL MOVEMENT
est fondé par les syndicats, l'église et les organisations de citoyens. Il
est dirigé par Maurice Bishop, un avocat grenadin qui a fait ses études en
Grande Bretagne où il a participé à de nombreuses actions contre le racisme
et pour la création de dispensaires pour les immigrés des Caraïbes. Sitôt
créé, le mouvement est réprimé et le père de Maurice Bishop est tué par la
police pendant une manifestation. Guary, inquiet, prend ses conseils auprès
de Pinochet, devenu depuis le 11 Septembre 1973, le leader de la contre-révolution
en Amérique Latine. En Juillet 1976 Il organise des élections truquées pour
éliminer l'opposition. Maurice Bishop et le NJM se retournent alors vers Cuba
et les relations se développent entre les communistes cubains et le NJM. En
1979, le bruit court que Guary va faire assassiner les leaders du NJM. Comme
sa santé mentale laisse à désire - n'est-il pas intervenu à la tribune de
l'Assemblée générale des Nations Unies pour demander la création d'une agence
spécialisée sur les OVNIS et le triangle des Bermudes - le NJM prend ses menaces
très au sérieux. Profitant d'un voyage à l'étranger de Guary, le NJM s'empare
de la radio nationale le 13 Mars 79 et bientôt, avec l'appui massif de la
population, de la totalité des centres de pouvoir. Aussitôt Bishop crée des
Conseils ouvriers et veut développer un socialisme à la base tout en respectant
la petite propriété et en ne cherchant pas à rompre avec les Etats-unis. Dans
une des ses premières déclarations publiques après la prise du pouvoir, il
affirme : "J'assure le peuple de la Grenade que toutes les libertés démocratiques
y compris électorales, religieuses et politiques seront totalement restaurées.
Peuple de la Grenade, cette révolution est pour le travail, la nourriture,
un logement décent, des services de santé et pour un avenir brillant pour
nos enfants et petits enfants ". Malheureusement, cette orientation en faveur
d'un socialisme qu'on aurait pu qualifier à l'époque d'autogestionnaire est
combattue par un camarade de lutte, Bernard Coard, qui occupe le poste de
Ministre des Finances dans le gouvernement Bishop. Celui-ci, favorable à un
socialisme d'état centralisé, organise un coup d'état militaire le 19 Octobre
1983. Bishop et la plupart de ses ministres sont arrêtés et exécutés. Ce coup
d'état avait été " pressenti " par Reagan lui-même qui, en Mars 83, avait
déclaré " la Grenade, instrument des soviétiques et des cubains menace la
sécurité des Etats-Unis " Le coup d'état du 19 Octobre était le prétexte attendu
pour intervenir militairement. Le représentant de la Reine d'Angleterre dans
l'île signe aimablement un document antidaté, appellant les Etats-Unis au
secours .Le 25 Octobre, 1200 marines débarquent à la Grenade. Officiellement
il s'agit de protéger les citoyens US présents sur l'île. La petite armée
grenadine - 2000 hommes - résiste et il faudra au total engager 7000 marines,
lourdement équipés, pour en venir à bout. Bernard Coard et ses amis sont arrêtés
et transférés aux Etats-Unis. Ils y seront jugés et Bernard Coard sera condamné
à mort, peine qui sera ultérieurement commuée en détention à vie. L'assemblée
générale de l'ONU condamne l'invasion armée de la Grenade par 108 voix contre
9 et 27 abstentions. Commentaire de Reagan sur ce vote : " ça n'a pas troublé
mon petit déjeuner ! ". Son petit déjeuner digéré, Reagan se rendra, en grande
pompe, sur l'île le 20 janvier 86 pour célébrer sa victoire. La population
encore traumatisée par les évènements et qui avait entrevu un autre avenir
sait que son destin est de redevenir un " bronze-culs " pour étasuniens. Les
conditions exactes du coup d'état de Coard et de l'assassinat de Maurice Bishop
restent obscures. Est-on en présence d'un affrontement politique entre deux
courants politiques : l'un plus léniniste, l'autre plus conseilliste ? Ou
d'un conflit entre deux personnalités très fortes ? Ce conflit a-t-il été
amplifié ou suscité par des interventions extérieures et lesquelles ? S'agit-il
d'un des ultimes affrontements, par personnes interposées, de la guerre froide
? Cette hypothèse ne peut être exclue, d'une part parce que il est facile
d'intervenir en sous-mains dans une île qui ne compte que 100 000 habitants
et où étaient présents à la fois la CIA, les contre-révolutionnaires formés
par Pinochet et des militaires cubains, d'autre part parce que les archives
US relatives à cette affaire n'ont pas encore été déclassifiées. Coard est
aujourd'hui libre puisqu'il vient de bénéficier d'une remise de peine. Il
a déclaré regretter les évènements de 83 .Peut-être en dira-t-il plus ? Afrique
du Sud : Reagan a été jusqu'au bout un fervent supporter du régime d'apartheid
et les Etats-Unis n'ont pas pris part à l'embargo économique décidé par l'ONU.
Suite de la rubrique : " les guerres de Reagan " dans le prochaine bulletin.
L'étrange attentat contre Ronald Reagan Nous avons mentionné dans le bulletin
101 cet étrange attentat et la bienheureuse conclusion de l'enquête : " acte
isolé d'un déséquilibré ". Ce déséquilibré de 25 ans, John Hinckley, n'était
peut-être pas aussi isolé que la FBI l'a déclaré.En effet, le jour même de
l'attentat, le frère du " déséquilibré " dînait chez Neil Bush, le frère de
Dabeliou et les familles Hinckley et Bush travaillaient ensemble dans le pétrole
texan. Les Hinckley comptaient au nombre des plus généreux donateurs pour
la campagne électorale de Bush père. Lequel avait, au sein du parti républicain,
disputé âprement à Ronald Reagan la place de candidat à la Présidence.John
Hinckley qui a aujourd'hui 46 ans, vit dans une maison de soins psychiatriques
et se porterait, parait-il, parfaitement bien. Curieusement alors que la justice
l'a reconnu innocent il n'est pas autorisé à quitter cet établissement. Diego
Garcia Cet atoll de rêve, au large de l'Ile Maurice, fait partie des "Territoires
anglais de l'Océan Indien " ensemble d'îles restées sous gouvernement britannique
depuis l'indépendance de Maurice. Il a été loué à l'armée des Etats-Unis qui
y a installé sa plus grande base aérienne en dehors des USA et plus discrètement
une des prisons du goulag étasunien. La discrétion est en effet totale puisque,
dans le contrat de location passé entre le bailleur britannique et le locataire
US, il est stipulé que les habitants de l'île - ils étaient 7000 à l'époque
- seront tous déportés. Ce qui fut fait sans qu'à l'époque cela ait suscité
beaucoup d'émotion. Ces citoyens britanniques (donc aujourd'hui citoyens européens)
se sont installés soit à l'Ile Maurice soit en grande Bretagne et se sont
progressivement organisés pour exercer leur droit au retour au moment de la
fin du bail. La tâche était difficile puisque cette paisible population, vivant
loin des tracas du monde, n'était pas préparée à affronter pareil défi. Les
colonisateurs britanniques, avec leur ironie méprisante, les appelaient les
VENDREDIS en référence au compagnon de Robinson Crusoe. Pourtant leur droit
au retour avait fini par être reconnu par la Cour Suprême britannique en 2000
et ils pouvaient donc espérer retrouver un jour leur pays.Mais les Etats-Unis,
bien loin de s'apprêter à quitte Diego Garcia, veulent au contraire y rester
et ont fait pression sur Blair pour renouveler le bail. Blair s'est couché,
comme d'habitude. Gêné par la décision de la Cour Suprême il n'a pas hésité
à utiliser une procédure extra parlementaire héritée d'un privilège royal
pour prendre une ordonnance scélérate interdisant le retour des déportés et
de leurs descendants. Pour ne pas éveiller l'attention, Cette manœuvre minable
a eu lieu le jour du vote pour le Parlement européen. Interrogé sur les raisons
de cette décision Le secrétaire d'Etat au Foreign Office a mis en avant deux
arguments contradictoires : 1 - la guerre contre le terrorisme justifie le
maintien de cette base (d'où partent les bombardiers vers l'Irak et l'Afghanistan)
2 -- en raison du réchauffement climatique, l'île sera bientôt submergée donc
il n'est pas raisonnable d'y installer des habitants Conclusion (de COMAGUER)
: les B 52 seront alors transformés en sous-marins et les aviateurs en plongeurs
de combat Commerce et développement Le 11° sommet de la CNUCED s'est tenu
à Sao Paulo sur le sujet " Commerce et développement ". Ce credo des libéraux,
des pays riches et de l'OMC selon lequel l'ouverture au commerce extérieur
est la condition sine qua non du développement est de plus en plus critiqué
dans les pays en voie de développement où beaucoup ont constaté par exemple
que favoriser les cultures de produits exportables conduit à abandonner les
productions vivrières. Ainsi on épuisera les sols pour des produits d'exportation
: soja, fruits tropicaux ou autres et on devra importer du riz ou du blé pour
l'alimentation quotidienne.Le rapport introductif à la 11° conférence de la
CNUCED reconnaît que " l'augmentation du commerce en Amérique Latine a favorisé
le développement de la pauvreté qui compte 20 millions de pauvres supplémentaires
en 6 ans " Mais les constats de la CNUCED ne dérangent que ceux qui veulent
l'être. Bricolages européens Les nouvelles frontières de l'Union Européenne
posent quelques problèmes que l'Union règle sans bruit au prix d'arrangements
incertains. A Chypre : la nouvelle frontière de l'Union est la ligne de démarcation
entre la République de Chypre ( grecque) désormais membre de l'Union et la
république turque Celle-ci n'étant pas reconnue les échanges économique et
commerciaux, ils existent, ne peuvent pas être considérés comme des échanges
entre l'Union et l'étranger. Il a été décidé de fermer les yeux et de ne pas
interrompre les échanges entre les deux parties de l'île qui, en droit, sont
des échanges entre l'Union et ... rien A Kaliningrad : cette province, russe
coincée entre la Pologne et la Lituanie, est désormais une enclave russe à
l'intérieur de l'Union européenne. Mais il est difficile d'empêcher les citoyens
russes de se rendre d'une province à l'autre de leur pays. Alors on va faire
une entorse aux règles communautaires pour que les citoyens russes en transit
sur le territoire de l'union puissent circuler sans visa. La Grenade, Ile
des épices, était une colonie britannique jusqu'en 1974. L'indépendance fut
obtenue à l'issue d'une négociation entre l'homme fort de l'île, Eric Guary,
leader du Parti Travailliste unifié de Grenade et Edward Heath premier ministre
britannique conservateur. La Grande-Bretagne était d'autant mieux disposée
à l'égard de Guary qu'il avait créé une milice qui réprimait les militants
de gauche.Craignant que l'indépendance ne débouche sur rien d'autre que la
dictature de Guary un mouvement : le NEW JEWEL MOVEMENT est fondé par les
syndicats, l'église et les organisations de citoyens. Il est dirigé par Maurice
Bishop, un avocat grenadin qui a fait ses études en Grande Bretagne où il
a participé à de nombreuses actions contre le racisme et pour la création
de dispensaires pour les immigrés des Caraïbes.
Sitôt créé, le mouvement est réprimé et le père de Maurice Bishop est tué
par la police pendant une manifestation. Guary, inquiet, prend ses conseils
auprès de Pinochet, devenu depuis le 11 Septembre 1973, le leader de la contre-révolution
en Amérique Latine. En Juillet 1976 Il organise des élections truquées pour
éliminer l'opposition. Maurice Bishop et le NJM se retournent alors vers Cuba
et les relations se développent entre les communistes cubains et le NJM. En
1979, le bruit court que Guary va faire assassiner les leaders du NJM. Comme
sa santé mentale laisse à désire - n'est-il pas intervenu à la tribune de
l'Assemblée générale des Nations Unies pour demander la création d'une agence
spécialisée sur les OVNIS et le triangle des Bermudes - le NJM prend ses menaces
très au sérieux. Profitant d'un voyage à l'étranger de Guary, le NJM s'empare
de la radio nationale le 13 Mars 79 et bientôt, avec l'appui massif de la
population, de la totalité des centres de pouvoir. Aussitôt Bishop crée des
Conseils ouvriers et veut développer un socialisme à la base tout en respectant
la petite propriété et en ne cherchant pas à rompre avec les Etats-unis. Dans
une des ses premières déclarations publiques après la prise du pouvoir, il
affirme : "J'assure le peuple de la Grenade que toutes les libertés démocratiques
y compris électorales, religieuses et politiques seront totalement restaurées.
Peuple de la Grenade, cette révolution est pour le travail, la nourriture,
un logement décent, des services de santé et pour un avenir brillant pour
nos enfants et petits enfants ".
Malheureusement, cette orientation en faveur d'un socialisme qu'on aurait
pu qualifier à l'époque d'autogestionnaire est combattue par un camarade de
lutte, Bernard Coard, qui occupe le poste de Ministre des Finances dans le
gouvernement Bishop. Celui-ci, favorable à un socialisme d'état centralisé,
organise un coup d'état militaire le 19 Octobre 1983. Bishop et la plupart
de ses ministres sont arrêtés et exécutés. Ce coup d'état avait été "pressenti"
par Reagan lui-même qui, en Mars 83, avait déclaré "la Grenade, instrument
des soviétiques et des cubains menace la sécurité des Etats-Unis"
Le coup d'état du 19 Octobre était le prétexte attendu pour intervenir militairement.
Le représentant de la Reine d'Angleterre dans l'île signe aimablement un document
antidaté, appellant les Etats-Unis au secours .Le 25 Octobre, 1200 marines
débarquent à la Grenade. Officiellement il s'agit de protéger les citoyens
US présents sur l'île. La petite armée grenadine - 2000 hommes - résiste et
il faudra au total engager 7000 marines, lourdement équipés, pour en venir
à bout. Bernard Coard et ses amis sont arrêtés et transférés aux Etats-Unis.
Ils y seront jugés et Bernard Coard sera condamné à mort, peine qui sera ultérieurement
commuée en détention à vie.
L'assemblée générale de l'ONU condamne l'invasion armée de la Grenade par
108 voix contre 9 et 27 abstentions. Commentaire de Reagan sur ce vote : "
ça n'a pas troublé mon petit déjeuner ! ". Son petit déjeuner digéré, Reagan
se rendra, en grande pompe, sur l'île le 20 janvier 86 pour célébrer sa victoire.
La population encore traumatisée par les évènements et qui avait entrevu un
autre avenir sait que son destin est de redevenir un " bronze-culs " pour
étasuniens.
Les conditions exactes du coup d'état de Coard et de l'assassinat de Maurice
Bishop restent obscures. Est-on en présence d'un affrontement politique entre
deux courants politiques : l'un plus léniniste, l'autre plus conseilliste
? Ou d'un conflit entre deux personnalités très fortes ? Ce conflit a-t-il
été amplifié ou suscité par des interventions extérieures et lesquelles ?
S'agit-il d'un des ultimes affrontements, par personnes interposées, de la
guerre froide ? Cette hypothèse ne peut être exclue, d'une part parce que
il est facile d'intervenir en sous-mains dans une île qui ne compte que 100
000 habitants et où étaient présents à la fois la CIA, les contre-révolutionnaires
formés par Pinochet et des militaires cubains, d'autre part parce que les
archives US relatives à cette affaire n'ont pas encore été déclassifiées.
Coard est aujourd'hui libre puisqu'il vient de bénéficier d'une remise de
peine. Il a déclaré regretter les évènements de 83 .Peut-être en dira-t-il
plus ?
Afrique du Sud : Reagan a été jusqu'au bout un fervent supporter
du régime d'apartheid et les Etats-Unis n'ont pas pris part à l'embargo économique
décidé par l'ONU.
Suite de la rubrique : " les guerres de Reagan " dans le prochaine bulletin.
L'étrange attentat
contre Ronald Reagan
Nous avons mentionné dans le bulletin 101 cet étrange attentat et la bienheureuse
conclusion de l'enquête : " acte isolé d'un déséquilibré ". Ce déséquilibré
de 25 ans, John Hinckley, n'était peut-être pas aussi isolé que la FBI l'a
déclaré.En effet, le jour même de l'attentat, le frère du " déséquilibré "
dînait chez Neil Bush, le frère de Dabeliou et les familles Hinckley et Bush
travaillaient ensemble dans le pétrole texan. Les Hinckley comptaient au nombre
des plus généreux donateurs pour la campagne électorale de Bush père. Lequel
avait, au sein du parti républicain, disputé âprement à Ronald Reagan la place
de candidat à la Présidence.John Hinckley qui a aujourd'hui 46 ans, vit dans
une maison de soins psychiatriques et se porterait, parait-il, parfaitement
bien. Curieusement alors que la justice l'a reconnu innocent il n'est pas
autorisé à quitter cet établissement.
Diego Garcia
Cet atoll de rêve, au large de l'Ile Maurice, fait partie des "Territoires
anglais de l'Océan Indien " ensemble d'îles restées sous gouvernement britannique
depuis l'indépendance de Maurice. Il a été loué à l'armée des Etats-Unis qui
y a installé sa plus grande base aérienne en dehors des USA et plus discrètement
une des prisons du goulag étasunien. La discrétion est en effet totale puisque,
dans le contrat de location passé entre le bailleur britannique et le locataire
US, il est stipulé que les habitants de l'île - ils étaient 7000 à l'époque
- seront tous déportés. Ce qui fut fait sans qu'à l'époque cela ait suscité
beaucoup d'émotion. Ces citoyens britanniques (donc aujourd'hui citoyens européens)
se sont installés soit à l'Ile Maurice soit en grande Bretagne et se sont
progressivement organisés pour exercer leur droit au retour au moment de la
fin du bail.
La tâche était difficile puisque cette paisible population, vivant loin des
tracas du monde, n'était pas préparée à affronter pareil défi. Les colonisateurs
britanniques, avec leur ironie méprisante, les appelaient les VENDREDIS en
référence au compagnon de Robinson Crusoe. Pourtant leur droit au retour avait
fini par être reconnu par la Cour Suprême britannique en 2000 et ils pouvaient
donc espérer retrouver un jour leur pays.Mais les Etats-Unis, bien loin de
s'apprêter à quitte Diego Garcia, veulent au contraire y rester et ont fait
pression sur Blair pour renouveler le bail. Blair s'est couché, comme d'habitude.
Gêné par la décision de la Cour Suprême il n'a pas hésité à utiliser une procédure
extra parlementaire héritée d'un privilège royal pour prendre une ordonnance
scélérate interdisant le retour des déportés et de leurs descendants. Pour
ne pas éveiller l'attention, Cette manœuvre minable a eu lieu le jour du vote
pour le Parlement européen.
Interrogé sur les raisons de cette décision Le secrétaire d'Etat au Foreign
Office a mis en avant deux arguments contradictoires :
Commerce et développement
Le 11° sommet de la CNUCED s'est tenu à Sao Paulo sur le sujet " Commerce
et développement ". Ce credo des libéraux, des pays riches et de l'OMC selon
lequel l'ouverture au commerce extérieur est la condition sine qua non du
développement est de plus en plus critiqué dans les pays en voie de développement
où beaucoup ont constaté par exemple que favoriser les cultures de produits
exportables conduit à abandonner les productions vivrières. Ainsi on épuisera
les sols pour des produits d'exportation : soja, fruits tropicaux ou autres
et on devra importer du riz ou du blé pour l'alimentation quotidienne.Le rapport
introductif à la 11° conférence de la CNUCED reconnaît que "l'augmentation
du commerce en Amérique Latine a favorisé le développement de la pauvreté
qui compte 20 millions de pauvres supplémentaires en 6 ans"
Mais les constats de la CNUCED ne dérangent que ceux qui veulent l'être.
Bricolages européens
Les nouvelles frontières de l'Union Européenne posent quelques problèmes
que l'Union règle sans bruit au prix d'arrangements incertains.
A Chypre : la nouvelle frontière de l'Union est la ligne de démarcation
entre la République de Chypre ( grecque) désormais membre de l'Union et la
république turque Celle-ci n'étant pas reconnue les échanges économique et
commerciaux, ils existent, ne peuvent pas être considérés comme des échanges
entre l'Union et l'étranger. Il a été décidé de fermer les yeux et de ne pas
interrompre les échanges entre les deux parties de l'île qui, en droit, sont
des échanges entre l'Union et ... rien.
A Kaliningrad : cette province, russe coincée entre la Pologne et la
Lituanie, est désormais une enclave russe à l'intérieur de l'Union européenne.
Mais il est difficile d'empêcher les citoyens russes de se rendre d'une province
à l'autre de leur pays. Alors on va faire une entorse aux règles communautaires
pour que les citoyens russes en transit sur le territoire de l'union puissent
circuler sans visa.