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Bulletin 106

Semaine 39- 2004

La citation de la semaine
In " les oncles de Sicile " de Leonardo Sciascia
Une guerre civile n'est pas stupide comme une guerre entre nations, les italiens en guerre contre les anglais, ou les allemands contre les russes, et moi, qui suis mineur sicilien, je tue le mineur anglais, et le paysan russe tire sur le paysan allemand : une guerre civile est un fait plus logique, on se met à tirer pour les personnes et pour les choses qu'on aime ; et pour les choses qu'on veut et contre les gens qu'on déteste, et personne ne se trompe en choisissant de quel côté se mettre, seuls se trompent ceux qui se mettent à crier " paix ".

Anticastrisme primaire
Cas 1 :
Le film " Carnets de voyage ", présenté à Cannes et diffusé à présent en France, relate un voyage effectué à travers l'Amérique latine par deux jeunes argentins âgés de 23 et 29 ans. Le plus jeune est Ernest " Che " Guevara, le second s'appelle Alberto Granado. A l'époque, celui qui n'est pas encore le Che, est étudiant en médecine et son compagnon est biologiste. Ils vont parcourir 12000 kilomètres en 6 mois et découvrir les réalités sociales du continent. Le film raconte ce périple qui va transformer leur vie. Alberto Granado vit aujourd'hui à Cuba où, à la demande du Che et de Fidel Castro, il a fondé en 1961 la première faculté de médecine, faculté à l'origine d'importants progrès dans l'exercice de la médecine en pays pauvre et qui permet aujourd'hui à Cuba d'être le pays d'Amérique Latine où l'on vit le plus vieux.
Il n'a pu se rendre à la première mondiale du film au festival de SUNDANCE aux Etats-Unis. Motif : le visa lui a été refusé. Pour les anticastristes enragés qui gouvernent les Etats-Unis, un vieux monsieur qui a consacré sa vie à la santé du peuple est un terroriste.
Cas 2 :
Le dimanche 12 septembre, au moment où l'ouragan Jane s'approchait de Cuba, les journaux télévisés français ont ironisé quelques secondes sur Fidel Castro " présentant le bulletin météo " à la télévision cubaine. En réalité il s'agissait d'une émission de plusieurs heures où Castro était rentré dans le détail de toutes les mesures prises pour protéger la population de ce cataclysme.Le cyclone n'a en fait touché que l'extrême Ouest de l'île mais, après cet assaut d'ironie acide, justice a été rendu à la politique cubaine de protection contre les catastrophes naturelles par l'ONU.
En effet il existe à l'ONU un secrétariat international pour la réduction des catastrophes qui, par la bouche de son président, Salvano Briceno, a déclaré que la voie cubaine pour protéger la population pourrait s'appliquer à d'autres pays avec des conditions économiques similaires et même à ceux qui ont des moyens plus grands.Faisant le bilan de l'ouragan Georges de 1998 il a souligné qu'il n'avait fait que 4 morts à Cuba et 600 dans les autres nations de la région. Cette différence s'explique, selon lui, par les préparatifs à la catastrophe, la prévention et l'éducation de la population.
Pour Salvano Briceno, l'exemple cubain montre l'importance de la volonté politique et devra être discuté à la prochaine conférence mondiale sur la Réduction des catastrophes qui se célèbrera au japon du 18 au 22 Janvier 2005.

La nouvelle commission européenne
Désignée en plein mois d'août et passée relativement inaperçue, la nouvelle Commission européenne mérite attention.
S'il a été souligné que le nombre des commissaires avait été porté à 25 pour permettre à chaque pays membre d'en avoir un, mesure destinée à rassurer les nouveaux arrivants qui, Pologne mise à part, sont tous de petits voire de tout petits pays, peu a été dit sur ces nouveaux venus qui ont en commun un forte coloration politique. C'est un premier tournant ou plutôt l'achèvement d'une évolution. Alors que la commission n'est formellement qu'un organe technique qui prépare des décisions prises par les ministres des Etats membres, il n'y a plus de place à la Commission pour des supertechnocrates à la Delors, chaque gouvernement national désigne un ministre ou ancien ministre de son bord.
Une des désignations les plus significatives est celle de Peter Mandelson, ancien bras droit de Tony Blair, désormais en charge de la politique commerciale c'est-à-dire très concrètement des négociations entre l'Union Européenne et les Etats-Unis ou entre le Nord, quand il a des intérêts communs contre le Sud, et le dit Sud. Farouche partisan de relations transatlantiques privilégiées, Mandelson fera tout pour favoriser la destruction des politiques européennes communes qui suscitent l'hostilité des Etats-Unis en particulier la Politique agricole commune. Le commissaire à la concurrence est le néerlandais Neelie Kroes Smit , ultra-libéral qui a organisé la privatisation des PTT aux Pays-Bas. Les commissaires lituaniens : Ingrida Ude, Estonien, Siim Kalas, hongrois : Laszlo Kovacs , irlandais : Mac Creevy respectivement en charge de la fiscalité, de la lutte contre la fraude, de l'énergie et du marché intérieur sont tous de s libéraux et des pro étasuniens affirmés.
Quant au Président, le portugais Barroso, il est à l'image de son équipe. Il s'est signalé en accueillant en Mars 2003 aux Açores, terre portugaise, la rencontre Bush, Blair, Aznar qui allait annoncer l'invasion de l'Irak .Il a bloqué obstinément le vote d'une loi libéralisant l'avortement et il est régulièrement invité à donner des cours de science politique dans les universités de Columbia (New-York) et de Georgetown (Washington). Il est très représentatif de cette nouvelle couche dirigeante de la droite européenne qui doit obtenir un label universitaire aux USA avant d'accéder au pouvoir. En outre après avoir été boursier de l'OTAN, il avait obtenu au Forum de Davos en 1993 la distinction de " leader pour la mondialisation " et mérite à ce titre d'être catalogué comme adversaire résolu des altermondialistes.
La désignation de Barroso et de son équipe est un succès pour les Etats-Unis et pour la politique néolibérale et ceux qui nourriraient encore des espoirs d'une Europe sociale sont aveugles, inconscients ou falsificateurs.
Quant à l'Europe de la Défense, elle ne peut, dans ce contexte politique, qu'évoluer vers une soumission totale à la politique militaire des Etats-Unis.

Corée : la longue marche vers la réunification
Avec son rideau de barbelé et sa zone démilitarisée qui coupe en deux la péninsule le long du 38° parallèle, la Corée divisée depuis 1953 en deux Etats apparaît de plus en plus comme une relique de la guerre froide. Ce pays possède un longue histoire (une dynastie y a régné pendant cinq siècles) une langue et une culture propres, mais il a souffert d'une longue occupation japonaise (de 1910 à 1945) qui a laissé de très mauvais souvenirs à une population qui aspire de plus en plus à retrouver un destin commun.
Au Nord, le régime communiste laisse peu de place à l'expression publique mais le gouvernement ne s'oppose pas au principe de la réunification en rappelant simplement qu'il ne peut s'agir d'une absorption. Au Sud , où un climat politique plus démocratique s'est installé après, il convient de le souligner, prés de trente ans de loi martiale, l'aspiration à la réunification est assez forte pour avoir permis l'élection en 2002 d'un Président de la République, ROOH MOO-HYUN, qui a fait campagne sur ce thème.
Le Gouvernement sud-coréen comprend un Ministère de la réunification qui gère les petits pas du rapprochement des deux pays : visites de familles par la coupure de 1953, premiers échanges touristiques...A ce titre la délégation commune des athlètes coréens des deux pays à la cérémonie d'ouverture des jeux Olympique était une façon de montrer au monde entier cette volonté partagée de réunification.
Mais, pour les USA, qui maintiennent prés de 40000 soldats sur le sol sud-coréen et un armement nucléaire puissant (bombardiers et missiles) la réunification serait un grave échec stratégique. La menace nord-coréenne disparaissant en même temps que l'état nord-coréen cette présence militaire massive perdrait toute justification. Les aventuristes va-t-en guerre de l'équipe BUSH ne veulent surtout pas se priver de cet énorme point d'appui militaire à 200 kilomètres des frontières de la Chine - leur adversaire de demain - et de la Russie - leur adversaire d'hier qui reste, malgré l'effondrement économique des années 90 un pays avancé en matière de technologie militaire.
En termes d'économie, la perspective d'une Corée unifiée n'est pas faite pour enthousiasmer les concurrents. Bien que l'exemple allemand, où après 15 ans de réunification, de grosses inégalités sociales subsistent entre l'est et l'ouest, invite à la prudence, un pays de plus de 70 millions d'habitants avec de très fortes capacités industrielles en métallurgie (construction navale -n° 2 dans le monde - construction automobile) en électronique, en nucléaire civil et militaire (voir plus loin) et très avancé militairement au Nord, pourrait peser d'un grand poids sur la scène régionale voire mondiale. Les Coréens s'y préparent puisque la Corée du Nord est en train de lancer avec l'aide financière et l'appui technique de la Corée du Sud une zone économique spéciale, à l'image de celles créées en Chine dans les années 80, où elle accueillera les capitaux étrangers et s'acclimatera aux nouvelles technologies.En même temps une Corée du Nord débarrassée de l'énorme fardeau militaire dans un pays apaisé pourrait consacrer toute son énergie sociale à mieux se nourrir et s'équiper. Nul doute qu'un voisin de cette envergure ne soit pas attendu avec le sourire par le capitalisme japonais et quelques autres. Ces vues sur l'avenir exposées, revenons un peu plus dans les détails.
Soumise dans l'histoire ancienne à des influences tant chinoises que japonaises, la Corée est un Etat indépendant depuis le 14° siècle. A partir du milieu du 19° elle subit comme le reste de l'extrême Orient diverses tentatives de prise de contrôle, au poins commercial, par les puissances coloniales (Europe te Etats-Unis).
Cependant, après avoir battu la Chine (1884-1885) puis la Russie (1904-1905), c'est la Japon qui devient la puissance régionale dominante et il fait main basse sur la Corée : traité de protection en 1905 et annexion pure et simple en 1910. L'occupation sera brutale, les coréens étant réduits à l'esclavage et les coréennes vouées par centaines de milliers au "repos du guerrier " japonais, et subissant tous une politique de nippponisation extrême : suppression des noms de famille et des prénoms coréens au profit de noms japonais, usage obligatoire de la langue japonaise... La population résistera, mais beaucoup prendront le chemin de l'exil, soit aux Etats-Unis, soit en Chine, soit en URSS et la résistance ne prendra véritablement corps qu'après 1941 quand commence la guerre du Pacifique.
Ceci conduira Churchill, Roosevelt et Tchang Kai Chek, alors à la tête de la Chine, réunis au Caire en 1943 à déclarer : " Conscients de la servitude où est réduit le peuple coréen, nous sommes déterminés à ce que, le moment venu, la Corée devienne libre et indépendante."
Cette belle déclaration ne rentrera pas dans les faits. En effet, sitôt après la capitulation du Japon, la principale force politique coréenne, qui avait des forces à la fois dans le pays et des corps militaires dans l'armée russe est le Parti Communiste. Pas question pour les Etats-Unis d'abandonner le pays à l'influence soviétique. Ils imposent donc à l'URSS, qui accepte, un partage en deux zones d'occupation. Au Nord l'URSS impose Comme dirigeant Kim Il Sung. Celui-ci d'abord replié en Chine où il a participé, dans les troupes du Parti communiste chinois, à la guerre contre les japonais dans le Nord-Est du pays, passe en Mandchourie en 1941 et intègre l'armée soviétique qui va assurer sa formation. C'est avec elle qu'il rentre en Corée le 8 août 1945 sitôt après la déclaration de guerre de l'URSS au Japon.
Au Sud, les Etats-Unis installent au pouvoir une coréen réfugié dans leur pays : Syngman Ree.
L'ONU valide a posteriori ce partage en demandant simplement qu'il soit temporaire et que de élections générales aient lieu en 1948. Elles n'auront en fait lieu qu'au Sud où Syngman Rhee est élu Président et la division s'installe. Mais les deux puissances occupantes semblent alors se satisfaire de ce statu quo.Pour les Etats-Unis la Corée du Sud, petit pays agricole pauvre, sans ressources minières, n'a pas grand intérêt stratégique et ils préfèrent consacrer tous leurs efforts à la domestication du Japon. Début 49, les armées d'occupation se retirent et en août 49 deux Etats indépendants séparés sont proclamés : le Sud le 15 août, le Nord le 25.
Mais en cette année 49, la situation géopolitique mondiale et régionale se transforme profondément. En Mars, l'URSS a fait exploser sa première bombe A et commence à sortir après 4 années d'efforts de sa position d'infériorité nucléaire vis-à-vis des Etats-Unis, ce qui n'empêche pas les Etats-Unis de poursuivre " la course en tête " puisqu'ils font exploser eux leur première bombe H. En Octobre le Parti Communiste Chinois prend le pouvoir en Chine et la Corée du Nord qui n'a pas renoncé à étendre son emprise au Sud trouve un nouvel allié.Début 1950, Staline et Mao signent un pacte d'amitié sino-soviétique.
Pour la Chine communiste nouvelle, les Etats-Unis sont d'abord des adversaires des ennemis qui ont soutenu militairement et économiquement les nationalistes de Tchang Kai Chek et elle est d'entrée favorable au renversement militaire du régime proaméricain de Corée du Sud. L'URSS est très réticente, les échanges de correspondance aujourd'hui connus entre Staline et mao en font foi, mais c'est finalement son matériel : tanks, canons, camions, qu'elle a laissé sur place qui permet à la Corée du Nord de lancer l'offensive sur la Corée du Sud le 23 Juin 1950.
L'avance militaire des nord- coréens est très rapide et les Etats-Unis ne sauvent le régime sud-coréen que d'extrême justesse en débarquant au Sud de la péninsule en Décembre 50. Ils le font avec l'accord du Conseil de Sécurité de l'ONU car, pendant 7 mois, l'URSS boycotte ce Conseil en raison d'un refus de l'ONU d'admettre la Chine populaire en son sein et ne peur donc exercer son droit de veto sur l'opération. La contre attaque est spectaculaire au point que la Chine se sentant menacée par l'avance rapide vers le Nord des troupes des Etats-Unis sous mandat de l'ONU envoie elle-même des troupes en Corée pour soutenir la Corée du Nord.
Le front va alors se stabiliser autour du 38° parallèle et la guerre, qui provoque d'importantes pertes humaines des deux côtés (par exemple, l'armée US perd 30000 hommes à comparer avec les 1000 morts d'Irak) va diminuer d'intensité et s'arrêter par un simple armistice en 1953. Cet armistice qui consacre la coupure du pays en deux ne sera pas la paix et les incidents frontaliers entre l'armée US et la nouvelle armée sud coréenne et l'armée nord coréenne, modernisée sans relâche, seront assez fréquents.
A partir de 1953 la Corée du Sud va épouser son nouveau destin de vitrine de l'occident développé. Sa défense étant puissamment assurée par son parrain étasunien, elle se consacre avec la bénédiction de celui-ci dans la cadre d'un capitalisme d'état centralisé et autoritaire à une industrialisation à marche forcée qui va la conduire à se situer du XX° siècle entre le 30) et 40° rang des pays du monde en PIB par tête d'habitant.
En face la Corée du Nord qui, pour faire contrepoids à l'armée US consacre prés de 30 % de son PIB - un des chiffres les plus élevés du monde - à sa défense, s'étiole. Pour autant, bien que la guerre froide et l'équilibre de la terreur s'achèvent entre 1989 et 1991, elle ne sort pas de sa position d'assiégé et intensifie même son programme quand l'URSS disparaît de la scène militaire mondiale. Considérant qu'elle en peut plus compter que sur elle-même Elle va se retirer du Traité de non prolifération nucléaire en 1993.Clinton va essayer de lui faire baisser la garde et entamer une négociation sur la question nucléaire. La Corée du Nord tire ses matériaux nucléaires à usage militaire de centrales d'un modèle semblable à celui utilisé par la France à ses débuts dans le nucléaire, centrales qui produisent beaucoup de matériaux fissiles (plutonium). Les USA proposent à la Corée du Nord de lui fournir de nouvelles centrales nucléaires à eau pressurisée qui lui permettront de satisfaire ses besoins en énergie mais produiront beaucoup moins de matériaux fissiles. En échange la Corée du Nord s'engagerait à arrêter ses anciennes centrales. Cet accord est signé en 1994 mais comme, dix ans après, les nouvelles centrales n'ont toujours pas été livrées, la Corée du Nord n'a pas arrêté les anciennes et la production de plutonium qui va avec. Parallèlement elle a poursuivi la mise au point de missiles pouvant transporter ses bombes atomiques loin à l'étranger. Bien entendu, l'équipe Bush ne va pas reprendre à son compte les promesses (non tenues) de l'équipe Clinton et tout au contraire elle fait monter la tension en classant la Corée du Nord dans l'axe du mal. Face à cette classification qui équivaut à une déclaration de guerre dont seule la date reste en blanc, la Corée du Nord répond en demandant la signature d'un traité de non-agression avec les Etats-Unis. Demande évidemment sans réponse. La super-puissance ne négocie pas.
Mais comme si la menace nucléaire était bien réelle, les Etats-Unis ont une attitude beaucoup moins agressive avec la Corée du Nord qu'avec l'Irak. Il est vrai que les voisins de la Corée du Nord, la Chine et la Russie, ne lui sont pas hostiles et qu'ils sont favorables, tout comme le Japon qui lui se sent menacé, à une baisse de tension dans la région. Les Etats-Unis ne peuvent pas traiter ces puissants voisins comme ils traitent ceux de l'Irak : Syrie, Jordanie et autres Koweït. Il est vari aussi que contrairement à l'Irak, la Corée du Nord n'a jamais été l'alliée des USA et que le pays offre une beaucoup moins grande prise à toute tentative d'infiltration et de déstabilisation.
On en était là lorsque, coup de tonnerre dans le monde nucléaire, des savants de Corée du Sud ont annoncé qu'ils avaient fabriqué, en quantité modeste certes, des matériaux nucléaires : uranium enrichi, plutonium, permettant de faire des bombes. Ils ont pu le faire puisque, très pauvre en énergie fossile (pétrole et charbon), la Corée du Sud, dont l'industrialisation a fait décupler les besoins en électricité, s'est dotée dès le début des années 80 d'une forte industrie nucléaire civile. Elle exploite aujourd'hui 19 centrales nucléaires, en construit une dizaine d'autres et dispose maintenant d'un personnel et d'un savoir-faire nucléaires très avancés. Ceci explique que la Corée du Sud soit partie prenante dans le fameux dossier ITER (production d'électricité par fusion nucléaire) dossier toujours ouvert en attente du choix du lieu d'installation du réacteur expérimental.
Mais qu'elle ait fait un pas, même petit et en secret, en direction du nucléaire militaire alors que le parapluie nucléaire US était toujours présent sur son sol a surpris.
La question se pose alors de savoir si les Etats-Unis ne sont pas prêts à laisser la Corée du Sud se doter elle aussi de l'arme nucléaire pour freiner ainsi la réunification. La Corée du Nord est très inquiète de l'attitude belliqueuse de Bush et n'a pas hésité à déclarer officiellement cet été dans un communiqué de l'agence de presse gouvernementale " Georges W. Bush est un imbécile politique dénué de toute moralité " et " un sale type qui n'a rien d'un homme politique ".
Elle considère que l'apparition d'un armement nucléaire sud-coréen peut être une entrave à la réunification et elle commence à en tirer les enseignements suivants :
En matière nucléaire il y a deux poids deux mesures. Si vous êtes ami des USA, comme Israël ou la Corée du Sud, vous pouvez développer sans crainte, y compris au mépris des traités internationaux, des armes nucléaires. Si vous êtes ennemi des USA, comme l'Iran ou la Corée du Nord, vous êtes menacé de représailles dès que vous êtes simplement suspecté de développer des armes nucléaires. Et que vous choisissiez la dénégation comme l'Iran, ou l'ambiguïté comme la Corée du Nord ne change rien à l'attitude des Etats-Unis.
Cette attitude a été théorisée et écrite dans le " Programme national de sécurité " des Etats-Unis rédigé par Paul Wolfowitz, numéro 2 du Pentagone et publié par la Présidence le 11 Septembre 2002.
Et au moment où les Etats-Unis déploient en mer de Corée et à Hawaï des nouveaux destroyers de la classe Aegis à la pointe de la technologie anti-missiles, au moment où la classe dirigeante japonaise est traversée par le débat sur la création d'une arme nucléaire nationale, la Corée du Nord souligne le danger d'une reprise de la course aux armements en Asie du Nord-Est qui viendrait appuyer la politique de guerre de Washington tout en répartissant le coût et la responsabilité politique sur leurs alliés japonais et sud coréens.

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