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Bulletin 72

Semaine 38 - 2003

Anniversaire : Sabra et Chatila  

Du 16 au 18 Septembre 1982, voici 21 ans était perpétré le massacre des camps palestiniens de Sabra et Chatila à Beyrouth. Ce massacre exécuté par une milice libanaise d’extrême droite, les Phalanges chrétiennes, avait été organisé et supervisé par l’armée israélienne commandée par Ariel Sharon qui occupait le Liban depuis le mois de Juin 1982. Environ 3000 personnes, femmes enfants, vieillards furent tuées dans ces deux camps situés en plein coeur de Beyrouth. Peu avant l’OLP avait accepté de retirer ses troupes de la ville en échange d’une promesse des Etats-Unis d’envoyer une force de protection internationale (EU, Italie, France) pour protéger les forces de l’OLP dans leur retrait et les camps de réfugiés. Sharon savait déja à l’époque que les Etats-Unis ne l'empêchaient jamais de faire ce qu’il avait décidé de faire sur le terrain et la force internationale ne vint pas. Le massacre eut lieu, rue par rue, maison par maison, famille par famille.

Les camps palestiniens au Liban regroupent aujourd’hui environ 200000 personnes, réfugiés et enfants de réfugiés. Ces personnes n’ont pas d’existence politique : pas de nationalité – il n’existe pas d’Etat palestinien et le Liban refuse de les naturaliser- pas de travail – le Liban leur interdit l’accès à la plupart des professions, et l’espoir de regagner leur pays qui leur reste chevillé au corps est  anéanti par le refus intransigeant d’Israël d’accepter le principe du droit au retour même dans les périodes – aujourd’hui révolues – où des négociations en vue de la création d’un Etat palestinien semblent  progresser.  

Nouvelles menaces sur l’Iran

Membre de « l’Axe du Mal », l’Iran a été un peu oublié au moment de ‘l'invasion de l’Irak mais les Etats-Unis ont entrepris de faire remonter la pression sur ce pays. Le prétexte choisi est la possibilité qu’aurait ce pays de fabriquer prochainement des armes nucléaires. En effet, même s’il a abandonné un programme nucléaire ambitieux décidé par le Shah avant 1979 (donc avec l’accord des Etats-Unis et celui de la France également) l’Iran a poursuivi une petite activité dans ce secteur, dispose d’un personnel compétent et devrait mettre sen service fin 2003 une première centrale nucléaire à Bushehr (ville portuaire au sud du pays sur la côte du Golfe). cette centrale, comme toutes les centrales nucléaires fournira de l’électricité et aura comme sous-produit du plutonium nécessaire à la fabrication des bombes. Les Etats-Unis sont donc prêts à utiliser tous les moyens possibles pour éviter que l’Iran ne prenne le chemin de la Corée du Nord. Ils ont donc pour commencer lancé unilatéralement un ultimatum à l’Iran pour que celui-ci se prête à des inspections approfondies de ses installations nucléaires par l’Agence Internationale de l’énergie atomique. L’union européenne s’est associée à cet ultimatum. L’Iran a jusqu’au 31 Octobre pour accepter d’ouvrir toutes grands ses portes aux inspecteurs internationaux faute de quoi des sanctions seraient proposées au Conseil de Sécurité de l’oNU. L’Iran répond que ses intentions sont pures et surtout fait remarquer que l’acceptation par l’Irak d’inspections du même type n’a fait que retarder une guerre déjà décidée. Cette nouvelle guerre n'est pas encore certaine mais il ne faut pas exclure que la pression exercée par les Etats-Unis ouvre dans l’immédiat la porte à un bombardement de la centrale de Bushehr par Israël comme cela  s’est passé en 1981 en Irak contre le réacteur OSIRAK.

Cette nouvelle agression militaire d’un pays du Moyen-Orient orchestrée par les Etats-Unis n’est la politique du pire que pour Georges W Bush et sa réélection. Par contre il est de plus en plus vraisemblable que la classe dirigeante des Etats-Unis dont l’objectif reste la domination mondiale et le remodelage du Moyen-Orient  ait décidé de sacrifier le petit Bush en lui faisant porter la responsabilité de plusieurs guerres d’agression et des catastrophes humaines qui s’en suivent et de le remplacer par un démocrate  qui fera croire aux nigauds qu’il est pour la paix et qui sera là pour engranger les bénéfices du renversement des régimes étrangers ennemis.  C’est bien le sens qu’il faut donner à la nouvelle candidature chez les démocrates du général Wesley Clark qui commandait les forces de l’OTAN qui ont bombardé la Yougoslavie en 1999. Donc, l’hypothèse d’une nouvelle guerre avant les élections présidentielles n’est pas si folle qu’il y parait et le mouvement anti-guerre mondial doit désormais la prendre en compte. En effet, dans ces conditions, toute acceptation par la France et les autres pays non membres de la coalition en Irak d’un coup de main aux Etats-Unis favoriserait une autre aventure militaire du Pentagone.  

L’OTAN en Afrique du Nord

L’OTAN, Organisation du  Traité de l’Atlantique Nord, est une organisation militaire alliant les Etats-Unis et les pays de l’Europe Occidentale face à l’URSS. La fin de la guerre froide et la disparition aurait pu conduire à sa disparition. Il n’en a rien été. La Russie a pris la place de l’URSS non pas comme ennemi déclaré mais comme adversaire potentiel et tous les pays de l’ex Europe de l’est ont adhéré ou sont candidats à  l’adhésion. L’OTAN a également conduit la guerre de 1999 contre la Yougoslavie alors que ce pays ne menaçait ni l’es Etats-Unis ni l’Europe Occidentale. Mais l’OTAN, où tous les commandements militaires reviennent à des généraux ou des amiraux US ne veut pas se limiter à l’Europe et étend de plus en plus sa toile vers d’autres continents.

Ainsi depuis le 01 août 2003 c’est l’OTAN qui commande les troupes d’occupation de l’Afghanistan, les militaires US toujours présents dans le pays se réservant la conduite des opérations militaires qui les intéressent.

Depuis plusieurs années, l’OTAN s’étend aussi au Sud de la Méditerranée. Ainsi la Jordanie, l’Egypte, la Tunisie, l’Algérie, le Maroc et la Mauritanie sont devenus non pas membres à part entière de l’alliance mais partenaires réguliers à travers le « dialogue méditerranéen » instauré en 1994 et qui permet de nouer des rapports de coopération entre l’OTAN et les autorités civiles et militaires de ces 7 pays. De cette façon de Nouakchott à la frontière de la Jordanie et de l’IRak l’état-major US et les services secrets ont leurs entrées partout et peuvent influencer la politique militaire et le choix des armements. Seul absent de ce « dialogue » la Libye qui pourrait bientôt s’y joindre après la levée des sanctions.

Il ne reste désormais que deux pays arabes disposant d’une autonomie militaire vis-à-vis des Etats-Unis : la Syrie et le Liban et en pratique un seul la Syrie.

L’Asie Centrale instable

Le Groupe de coopération de Shanghai constitué en 1996 entre la Russie, la Chine et les républiques ex-soviétiques d’Asie Centrale était resté jusqu’à présent une structure légère organisant simplement des rencontres de bon voisinage entre ses membres. L’important renforcement de la présence militaire des Etats-Unis dans toute la région, y compris chez certains membres du groupe (Ouzbékistan, Tadjikistan) les conduit à approfondir leurs liens. Aussi ont-ils pris la décision au cours de leur dernière rencontre de créer un secrétariat permanent à Pékin à partir du 1 Janvier 2004 et d’ouvrir une agence spécialisée de lutte contre le terrorisme à Tachkent capitale de  l’Ouzbékistan. Bine sûr, plusieurs des gouvernements de ces pays sont dans une position ambiguë: ils accueillent des bases US sur leur sol mais en même temps ils ne veulent pas rompre avec leurs puissants voisins (Chine et Russie) ni laisser sans riposte un terrorisme islamiste avec lequel la CIA n’hésiterait pas à collaborer pour les déstabiliser. Ils n’ont pas oublié que les Etats-Unis ont soutenu et armé (via le Pakistan) les talibans jusqu’en août 2001.  

La Mongolie petit pays coincé entre Chine et Russie ne fait pas partie du Groupe de Shanghai et vient d’organiser sur son sol des manœuvres communes avec l’armée US. Dans le même temps l’armée mongole a envoyé en Irak 200 soldats qui vont se joindre aux troupes US.  

Connaissez-vous Mordechai Vanunu ?

Il y a dix sept ans, précisément le 1 Octobre 1986, un citoyen israélien Mordechai Vanunu était enlevé à Rome par les services secrets israéliens et rapatrié de force dans son pays où il est toujours emprisonné.

Mordechai Vanunu avait travaillé pendant  9 années au centre nucléaire de Dimona dans le désert du Néguev et il avait découvert que ce centre, sous couvert de recherche civile, fabriquait le plutonium pour des armes nucléaires. Israël détient aujourd’hui environ 200 têtes nucléaires. Licencié à l’occasion d’une restructuration du centre de Dimona,  Mordechai Vanunu voyage et fait part de sa découverte de l’armement nucléaire israélien à la presse anglaise. C’en est assez pour que le Mossad l’enlève. Condamné à 18 ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’Etat,  Mordechai Vanunu est depuis 17 ans au secret dans une cellule minuscule de la prison d’Ashkelon. 

La détention de l’arme nucléaire par Israël est un secret de Polichinelle ? mais c’est un secret d’Etat.

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