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Bulletin 79

Semaine 47 - 2003

Au voleur !
L'état de guerre qui s'installe durablement en Irak a des avantages pour ceux qui l'ont provoque " et sont bine décidés à le faire durer.
En effet, la mainmise totale de l'équipe Bush sur les finances irakiennes par l'entremise du gouvreneur Bremer Permet à la fois de favoriser les entreprises amies (Bechtel ; Halliburont, Dyncorp et autres) qui sauront le moment venu faire un chèque de remerciement pour la campagne électorale de Bush et de piocher directement dans la caisse. C'est ce qui ressort d'une analyse récente du Réseau Voltaire. Celui-ci constate :

  1. que les structures de surveillance des décisions de Bremer dans lesquelles pourtant les représentant des USA sont majoritaires ne surveillent rien, donc Bremer fait ce qu'il veut
  2. que les avoirs des comptes irakiens à l'étranger destinés à alimenter le fonds de développement de l'Irak (IDF) créé par le Conseil de Sécurité des Nations Unies n'ont pas été versés en totalité à ce fonds : il manque à l'appel 1,7 milliard $ qui pourraient bien avoir échoué dans les caisses électorales. On comprend mieux ainsi l'insuccès de la conférence de Madrid qui devait rassembler d'autres fonds pour la reconstruction du pays. Les donateurs ne se bousculent pas pour mettre de l'argent dans un système opaque où les dollars peuvent s'évaporer au soleil de l'Irak.Les dits donateurs étaient tellement méfiants qu'il a fallu créer un autre fonds, géré lui par la Banque Mondiale, où les contrôles sont un peu plus faciles. Mais n'y ont contribué que des obligés des Etats-Unis : le Japon qui a beaucoup de dollars en réserve et préfère faire un chèque que d'envoyer des troupes, le Koweït et l'Arabie Saoudite
  3. Que sur les 5 milliards $ qui auraient du alimenter l'IDF, un seul apparaît actuellement dans les comptes

Les morts irakiens
Le décompte des victimes irakiennes de la guerre en cours est manifestement tenu de manière moins rigoureuse que celui des soldats de l'armée US et ses annexes. L'égalité devant la mort s'efface devant l'énorme inégalité de traitement médiatique des funérailles et des enterrements. Mais la principale inégalité est celle du nombre. Une organisation humanitaire britannique MEDACT vient de rendre public un rapport sur les victimes irakiennes plus dramatique que d'autres publiés jusqu'à présent mais qui confirme les articles déjà publiés par des journalistes indépendants comme l'anglais John Pilger. Le nombre pourrait atteindre 55000.Même s'il est approximatif et malgré le peu de goût que l'on peut avoir à faire ce genre de statistiques, il faut retenir que le rapport entre le nombre des civils irakiens morts depuis le début de l'invasion et le nombre de soldats de la coalition morts est de l'ordre de 100 contre 1. Voilà les résultats humains de la politique que Bush, Blair, Berlusconi et autres dangers publics affirment haut et fort vouloir poursuivre. Les morts de leurs soldats leur importent peu malgré les réactions de plus en plus vives des familles des défunts et les morts irakiens ne les concernent pas plus que celles de chiens errants. Le choc des civilisations préconisé par Huntington est ainsi mis en œuvre par ce gang planétaire.
Medact souligne que selon les indices établis par l'ONU l'Irak qui était du point de vue de sa situation sanitaire 50 ° pays du monde sur 130 classés en 1990 est aujourd'hui 126° sur 174. Cette chute est le résultat de l'acharnement des Etats-Unis à détruire l'Etat irakien et à s'emparer du pays : guerre du Golfe, embargo ; bombardements ininterrompus de 1991 à 2003. Rien dans ce qui se passe aujourd'hui ne peut laisser espérer un redressement de la situation. Medact insiste sur le fait que les soins aux enfants ( 50 % des 25 millions d'irakiens a moins de 18 ans) sont particulièrement insuffisants,que les vaccinations élémentaires ne sont plus effectuées et que les munitions non explosées comme celles à l'uranium appauvri constituent une menace de mort permanente et durable.

Youkos : relève assurée
Khodorkovski est en prison, mais les affaires continuent. Privée de son directeur financier, Platon Lebedev, en prison depuis juillet, et de son PDG depuis le 25 Octobre, la firme Yukos se réorganise très vite et les étrangers se taillent la part du lion dans le nouvel organigramme. Le nouveau Président s'appelle Semion Koukes. Né à Moscou, il quitte l'URSS en 1977, s'installe aux Etats-Unis et se fait naturaliser. Il revient en Russie en 1995 pour y représenter deux sociétés pétrolières US : Amoco et Phillips Petroleum. Il devient ensuite Président de la société pétrolière russe TYUMEN OIL. Il arrive chez Yukos accompagné de deux autres citoyens US : Steven Michael Theede, ancien de Philips petroleum et Bruce Misamore, directeur financier. Mais les pétroliers US ne sont pas seuls dans la place : quatre français siègent également au Conseil d'Administration de Yukos. : Bernard LOZE, un banquier spécialiste des placements en Russie, Jacques Kosciusko-Morizet, ancien vice-président du Crédit Lyonnais, Michel Soublin, ancien de Schlumberger, (société française de recherche pétrolière, une des plus importantes du monde dans le secteur) qui a déjà été pendant deux ans directeur financier de Yukos et François Buclez, arrivé à Moscou dans les années 90 pour prendre part à la grande braderie de l'industrie soviétique. Celui-ci est maintenant chez MENATEP, la banque off-shore mère de Yukos et il était le bras droit de Platon Lebedev jusqu'à l'arrestation de ce dernier. Gageons que Poutine ne commettra pas l'erreur de mettre en prison des citoyens d'autres pays mais que les services secrets russes les auront à l'oeil. Il faut laisser vivre les multinationales !

Les Iles Marshall : un état pas très indépendant
Après avoir été occupé depuis 1944 par les Etats-Unis qui y avaient pris la relève du Japon, cet archipel du Pacifique est devenu indépendant en 1991. Mais les Etats-Unis ont laissé des traces ! D'abord c'est sur deux atolls deux de Bikini et d'Eniwetok qu'ils ont réalisé les plupart de meurs essais de bombes H et la question du nettoyage des sols radioactifs et de l'indemnisation des victimes est toujours pendante. Bine sûr, les 100000 habitants de l'archipel ne pésent pas lourd face aux Etats-Unis. Cependant ceux-ci veillent à ne pas se fâcher avec les insulaires car ils ont conservé sur place une très importante installation militaire : une puissante station de détection et d'observation de satellites, missiles et autres engins volants dans tout le ciel du Pacifique et ils effectuent dans la zone des essais de missiles à longue portée tirés depuis la base de Vandenberg en Californie. La station est située sur l'atoll de KWAJALEIN et porte le nom bien évocateur de " REAGAN TEST SITE ". Le bail en cours pour la location de l'atoll vient à terme en 2016 mais d'ores et déjà les Etats-Unis demandent à la prolonger de 40 ans.C'est dire qu'il s'intéressent de très prés au résultat des élections qui ont eu lieu le 17 novembre dans les îles car elles risquent de porter au pouvoir un parti moins docile que celui actuellement en place. Le résultat des élections ne sera toutefois connu qu'après le 1 décembre car les citoyens des Ils Marshall vivant aux Etats-Unis votent par correspondance et leu vote n'est pas encore dépouillé. Il se pourrait bien que ces votes venus des USA fassent la différence ....
Ceci n'empêche pas les Iles Marshall d'être " un Etat indépendant associé aux Etats-Unis " c'est-à-dire que :

  1. Il n'a pas de défense propre
  2. Il envoie un représentant au Congrès à Washington qui assiste aux débats sans droit de vote.
  3. Les Iles Marshall sont membres de l'ONU et joignent très régulièrement leur voix à celle des Etats-Unis et d'Israël chaque fois que la question palestinienne est abordée, sans doute parce que cette question passionne l'opinion locale !

Manifestations à Okinawa
Pendant que Bush visitait Londres sous la protection de 15000 hommes, Rumsfeld faisait la tournée des popotes en Asie. Il s'est ainsi rendu à Okinawa île japonaise qui abrite le plus gros des 47000 soldats US installés à demeure au Japon. La population de l'île apprécie de moins en moins cette quasi colonisation et à l'occasion de la visite de Rumsfeld des manifestations ont eu lieu contre la politique guerrière des USA.

Israël marchand d'armes La revue Defense News vient des publier un classement des pays marchands d'armes en 2002. Israël occupe la 3) place mondiale loin derière les Etats-Unis mais quasiment à égalité avec la Russie. Les spécialistes israéliens estiment que son maintien parmi les cinq grands vendeurs d'armes du monde (aux trois précédents il faut ajouter la France et la Grande-Bretagne) est désormais assuré. La croissance est spectaculaire puisque les ventes sont passées de 2,6 milliards $ en 2001 à 4,1 milliards $ en 2002. et les exportations d'armes représentent 14% des exportations israéliennes.
Israël, outre ses propres productions, assure le maintenance ou la rénovation de matériel de guerre vendu neuf non seulement par les USA (et avec la bénédiction de ceux-ci) mais aussi de matériel russe (exemple : les MIG 21 de l'armée géorgienne ont-il été rénovés par Israël du temps où Chevardnadze était encore bien vu à Washington). Ainsi un gros contrat en 2002 a consisté à moderniser les tanks de l'armée turque. Outre la Turquie, les principaux clients d'Israël sont l'Inde, Singapour, le Sri Lanka et les Etats-Unis eux-mêmes. La coopération militaire entre Israël et l'inde, renforcée récemment par la visite de Sharon en Inde ne date pas d'hier puisque, selon un général égyptien, c'est en Inde, dans le désert du Rajasthan, qu'Israël aurait effectué les essais nucléaires nécessaires au développement de son arsenal.
L'industrie de l'armement regroupe 200 entreprises mais 5 d'entre elles, 3 publiques : Israël Aircraft industries, Israel Military Industries, et Raphaël et 2 privées : Elbit et Elrisa, représentent 90% des ventes du secteur. Cette puissance industrielle est le résultat d'une priorité politique jamais démentie et de la complicité permanente des USA depuis 55 ans, complicité qui va jusqu'à utiliser Israël pour vendre de l'armement US ou sous licence US dans les pays où les USA ne veulent pas apparaître comme soutenant le régime. Il en va ainsi de l'Inde, les USA voulant donner l'impression qu'il soutiennent prioritairement le Pakistan mais se réjouissant secrètement que la Chine ne reste pas la seule grande puissance nucléaire et spatiale asiatique.
Cette politique industrielle nationale n'empêche pas Israël de continuer à se procurer aux Etats-Unis les matériels militaires les plus performants. Il ne s'agit pas vraiment d'achats puisque les factures sont payées sur les crédits d'aide votés par le Congrès US, mais plutôt de dons forcés faits par le contribuable US aux grandes firmes militaires US. La dernière acquisition est la nouvelle version du chasseur-bombardier Lockheed le F 16- I baptisé en hébreu Sufah ( tonnerre) dont le premier des 102 exemplaires commandés vient d'être livré à Fort Worth (Texas). Le contrat s'élève à 4,5 milliards $. Dans ses versions précédentes le F 16 est bien connu des palestiniens qui les voient chaque jour passer sur leur tête et souvent lâcher au passage quelques missiles.Le F 16 I a un rayon d'action plus important et peut effectuer des vols de 1500 Km sans ravitaillement en vol. Ainsi il a la capacité de bombarder le Libye et l'Iran. Israël et ses pilotes ont la primeur de ce nouveau joujou que n'est pas encore en service dans l'US AIR FORCE. Pour parfaire leur entraînement les pilotes israéliens, un peu à l'étroit dans le territoire national ont l'habitude de s'entraîner dans le ciel turc. Quand ils sont bine entraînés, il leur arrive de recevoir l'ordre d'aller survoler en rase-mottes le Sud Liban ou la plaine de la Bekaa. C'est ce qu'ils ont fait récemment pour bien démontrer que les frontières du Moyen-Orient ne comptent pas pour eux.

L'Irak, dur à cuire
Un rappel des difficultés de la colonisation de l'Irak vient d'être publié récemment par le Financial Times britannique. Façon pour ce quotidien des milieux d'affaires d'audience internationale d'exprimer quelques jours avant la visite officielle de Bush à Londres des doutes sur la politique des coalisés dans ce pays. Après la guerre de 14-18 la Grande-Bretagne s'approprie donc un morceau taillé dans les dépouilles de l'empire ottoman qui va devenir l'Irak moderne. Le Bremer de l'époque, Arnold Wilson, s'installe donc à Bagdad. Dès 1920, il est confronté à une révolte des irakiens contre l'occupation britannique. 500 soldats britanniques sont tués et l'armée britannique utilise des gaz de combat qui lui restent la guerre de 14 pour réduire la rébellion (ça le Financial Times oublie de le mentionner). Le gouvernement britannique tirant la leçon des évènements abandonne la gestion directe du pays et installe le roi Fayçal I qu'il est allé chercher en Arabie sur le trône irakien. Les irakiens, après plusieurs tentatives infructueuses, finiront par se débarrasser de cette monarchie importée, par le coup d'état militaire du 14 Juillet 1958.Il aura fallu 38 ans. Ce que le Financial Times n'envisage pas c'est le temps que les irakiens supporteront un gouvernement fantoche dont Bremer tirerait les ficelles depuis Washington comme il le fait aujourd'hui depuis Bagdad.

Un sous-marin US accidenté
Cela s'est passé en Sardaigne.Un sous-marins nucléaire US basé à La Maddalena, port sarde a, pour des raisons tenues secrètes, heurté violemment la cote.Les militaires US et le gouvernement italien minimisent l'accident, mais la population s'inquiète. Un sous-marin nucléaire comporte un moteur nucléaire et peut embarquer des missiles à tête nucléaire. Seul un élu " Vert " local a pris position sur l'accident en soulignant qu'il n'était pas acceptable que l'Italie qui a refusé par referendum le nucléaire civile et militaire soit menacée de pollution radioactive voire d'une catastrophe nucléaire par une armée étrangère.
Après des réparations de fortune sur place le sous-marin partira pour les Etats-Unis pour une révision complète mais les sardes risquent de rester longtemps dans l'ignorance de ce qui s'est passé.

L' avenir de la Georgie ne s'est pas joué pas dans la rue
La fabrication des manifestations de rue qui ont conduit Chevardnadze à la démission ne doit pas occulter le fait que le spectacle a été mis en scène par un adjoint de Colin Powell présent sur place depuis une semaine et par Igor Ivanov, le Ministre des affaires étrangères de Russie venu tout exprès à Tbilissi. L'un s'appuie sur une partie de la pauvre armée géorgienne désormais bien encadrée par les conseillers militaires US, l'autre a la maîtrise jusqu'à nouvel ordre de l'approvisionnement du pays en gaz naturel et en pétrole. Pour l'instant il y a donc match nul. Si le peuple géorgien a été berné il peut à la rigueur se consoler en se disant que le coup d'état n'a pas fait de victimes. Quant aux fraudes électorales c'est un argument qui fait beaucoup rire que ce soit en Floride où on ne décompte pas tous les bulletins pour les présidentielles où en Azerbaïdjan où l'élection du fils Alyev présentée comme totalement truquée par les 600 observateurs de l'OSCE a été saluée avec satisfaction à Moscou comme à Washington.

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