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Bulletin 83

Semaine 51- 2003

Le Kazakhstan courtisé
Après l'implosion de l'URSS, tous les nouveaux états n'ont pas suscité autant d'intérêt que le Kazakhstan. Très vaste, il abritait le polygone d'essais d'armes nucléaires de l'Union à Semey où ont été effectués plus de 100 tirs, le cosmodrome de Baïkonour d'où étaient lancés toutes les fusées spatiales soviétiques, des bases de missiles nucléaires et du pétrole dans le sous-sol. Le Kazakhstan a donc était l'objet de tous les soins des Etats-Unis qui ont créé une agence spéciale pour supprimer contre des paquets de dollars tout ce qu'ils ont pu. Le cosmodrome de Baïkonour a été maintenu et loué pour 20 ans à la Russie qui continue à y effectuer des tirs réussis.Côté USA, ce désarmement a été conduit par James Baker, ancien ministre et familier du clan Bush qui continue à intervenir dans toutes les ex républiques soviétiques. Jusqu'à une date récente, avant la mort d'Alyev et la chute de Chevardnadze, il en connaissait personnellement tous les dirigeants ex- communistes qui n'avaient pas changé depuis 1991. Depuis son indépendance le Kazakhstan s'est affirmé comme un des grands producteurs de pétrole et de gaz de l'Asie Centrale. L'industrie pétrolière nationale a ouvert son capital aux multinationales US en particulier à CHEVRON, la firme qu'a dirigée Condoleeza Rice avant de travailler à la Maison Blanche. Mais en même temps le régime a conservé des liens avec la Russie et ses compagnies pétrolières car la plupart des pipelines pour exporter le pétrole passent par le territoire russe et dans des tuyaux russes. L'attitude guerrière des USA et leurs récentes interventions politico-militaires en Georgie suscitent l'inquiétude du Président Nazarbayev qui a déclaré tout crûment qu'il n'était pas intéressé par une " révolution de velours " à la mode géorgienne et qui a renforcé le contrôle de l'Etat sur l'industrie pétrolière nationale en fusionnant la société d'exploitation et la société de transport et en plaçant à sa tête un très bon professionnel assisté par le nouvel homme fort du pays et probable futur premier ministre,Timur Kulibayev. Un signe supplémentaire que les bonnes relations entre les USA et les républiques ex-soviétiques qui ont suivi la disparition de l'URSS sont en train de se dégrader partout et que, face aux visées dominatrices et aux activités guerrières des USA, la logique des solidarités de voisinage et des complémentarités économiques s'impose à nouveau à l'avantage de la Russie.

L'affaire Boeing : comment fonctionne le complexe militaro-industriel aux Etats-Unis
Le complexe militaro-industriel soviétique a été décrit comme un véritable Etat dans l'Etat, bénéficiant de faveurs politiques exceptionnelles. Sous Bush II, le complexe militaro-industriel étasunien occupe une place tout à fait inquiétante dans la vie du pays.L'actuel scandale Boeing en est une belle illustration. Après avoir absorbé Mc Donnell Douglas en 1997, Boeing domine l'industrie aéronautique US. Longtemps premier constructeur mondial d'avions civils la firme est également le premier constructeur mondial d'avions militaires avec comme premier client,l'US Air Force et des clients subalternes chez tous les pays amis ou sous influence des Etats-Unis : Israël, Turquie Egypte, Pologne ...Son chiffre d'affaires se partage pour moitié entre le civil et le militaire.
Dés 2000, Boeing est confronté sur le marché mondial des avions civils à la concurrence de plus en plus sévère d'Airbus qui va bientôt lui ravir la première place (et couvre aujourd'hui 60% du marché contre 40% à Boeing) et à un ralentissement d'activité du transport aérien qui sera encore accentué par les attentats du 11 Septembre2001.
La poussière était à peine retombée sur New-York et les victimes du 11 Septembre à peine enterrées que profitant de l'aubaine du discours guerrier de Bush, des dirigeants de Boeing rencontraient Mme Darleen Druyn, haut fonctionnaire chargée des achats de l'US Air Force.La rencontre a lieu le 25 Septembre et Boeing propose la vente de 37 avions ravitailleurs. L'avion ravitailleur est au départ un avion civil gros porteur aménagé pour se remplir de kérosène et ravitailler en vol les chasseurs. L'offre est astucieuse : " les avions civils se vendent mal, profitons de la guerre contre le terrorisme et faisons acheter par l'Etat des avions civils prestement reconvertis". Cette offre n'est pas accueilli avec enthousiasme par les militaires : la campagne d'Afghanistan est trop courte et ne crée pas de besoins nouveaux pour ce type d'appareil, le chasseur n'est pas nécessairement le type d'engin le plus adapté à la lutte antiterroriste et plus prosaïquement les avions ravitailleurs en service - des Boeing dérivés de l'ancien Boeing 707- ne sont pas en bout de course. De plus le montant du contrat : 4,5 milliards de dollars fait un peu peur aux responsables du budget militaire. Malgré ce début difficile, Boeing ne lâche pas prise.Il propose de louer les appareils au lieu de les vendre. La charge financière serait donc répartie sur plusieurs années mais pour Boeing le résultat serait le même car le loueur ne serait pas Boeing mais une société écran montée par Boeing qui les achèterait cash au fabricant. En même temps Boeing fait la tournée des élus au Congrès dont les Etats abritent des usines Boeing ou sous-traitantes où seraient fabriqués les appareils pour obtenir leur soutien au moment du vote du budget de l'US Air Force. Enfin, le loyer annuel étant une somme très présentable - de l'ordre de un millième de l'énorme budget militaire des Etats-Unis - Boeing charge la barque et propose de fournir non pas 37 mais 100 avions ravitailleurs. En même temps Boeing lance une campagne de promotion politico-médiatique de son projet. Le premier bénéficiaire de cette action est la firme TRIREME PARTNERS, fondée par Richard Perle, " prince des ténèbres" proche collaborateur de Rumsfeld et président du Comité consultatif pour le défense, qui touche 20 millions de dollars pour faire campagne pour l'achat des ravitailleurs. En août 2003, Perle écrit dans le Wall Street Journal un article critiquant le manque de compréhension de l'US Air Force qui ne veut toujours pas signer le contrat et dans lequel il insiste : " Si le 11 Septembre ne suscite pas des besoins nouveaux (sous-entendu en matière d'achat de matériel militaire) alors rien ne le fera ! " Cette phrase, à graver dans le marbre, est la meilleure illustration de l'usage des attentats du 11 Septembre fait par l'équipe des Néocons qui entourent Bush.
Mais Perle n'est pas le seul appui de Boeing au sein du Conseil consultatif de défense.Soutiennent activement Boeing deux militaires à la retraite : l'Amiral David Jeremiah et le général aérien Ronald Fogelman appointés comme consultants par Boeing, et deux anciens élus, un démocrate, Tom Foley et un républicain, Bill Paxon, ce dernier ayant joué un rôle très actif dans la campagne présidentielle de Bush II.
La complicité de Mme Druyn se confirme lorsque celle-ci quitte l'administration pour être embauchée directement chez Boeing dans le service du directeur financier avec lequel elle menait, avec la rigueur qu'on imagine, les négociations sur les prix des avions ravitailleurs. Elle aura encore rendu un grand service à l'avionneur, avant de quitter son poste dans l'administration : elle communique à Boeing les prix offerts par Airbus qui s'était mis sur les rangs pour livrer lui aussi des avions-ravitailleurs. C'est illégal et elle devra bientôt, face au scandale, démissionner de Boeing entraînant dans sa chute le directeur financier et le PDG lui-même.
Malgré cette opération de " nettoyage ", le contrat ne se conclut pas. Boeing passe alors au niveau supérieur et intervient directement à la Maison Blanche.Son contact est le chef d'etat-major du Président : Andrew Card. Celui-ci ménage un rendez-vous entre Bush et deux parlementaires : Dennis Hastert et Norman Dicks qui sont partisans de l'achat des avions .Norman Dicks est une élu de l'Etat de Washington ( capitale Seattle) où Boeing a ses principales usines. Il avait déjà écrit à Bush en Octobre 2001 : " Nous avons (sous-entendu après les attentats du 11 Septembre) l'occasion unique de régler les difficultés de Boeing tout en satisfaisant les besoins de modernisation de l'armée de l'aire te de l'aéronavale."
A la date d'aujourd'hui, l'affaire prise directement en mains par Bush et son chef d'état-major particulier, n'est toujours pas conclue, les opposants continuant d'affirmer que ces achats sont très coûteux - en deux ans de négociations les prix par appareil ont plus que doublé - on en serait aujourd'hui à 30 millions $ pièce - et inutiles.
Mais, qu'elle que soit son issue, elle est suffisamment publique pour bien faire comprendre comment fonctionne le complexe militaro-industriel aux Etats-Unis, quelle place considérable il occupe dans la vie politique de ce pays et comment les chantres de la libre concurrence et de l'économie de marché sont de sinistres mystificateurs dont les actes contredisent en permanence les paroles. Leur ordinaire c'est : mensonge, corruption, abus de biens sociaux, détournement d'argent public, l'assassinat n'étant réservé qu'aux cas les plus graves !
Il est facile d'imaginer l'énormité de la contribution de Boeing à la future campagne électorale de Bush, si la vente se fait !

Ne pensez pas un instant aux palestiniens, aux afghans ou aux irakiens qui meurent chaque jour sous les tirs d'avions Boeing, et si malgré tout vous avez un peu la nausée après cette lecture c'est que vous avez sans doute été victime d'une petite poussée d'antiaméricanisme primaire. Soignez-vous !

Chronique pétrolière
- Embouteillage pétrolier en Mer Noire.
Des dizaines de pétroliers en provenance des ports de Novorossisk (Russie) et Supsa (Georgie), attendent de pouvoir emprunter le Bosphore pour arriver en Méditerranée. La traversée de l'énorme agglomération d'Istanbul et la faible largeur du détroit ( 750 m au minimum) conduisent le gouvernement turc à imposer la traversée en sens unique et avec des conditions de sécurité de plus en plus sévères.
Cet embouteillage tombe à pic pour souligner la nécessité de plus en plus pressante d'éviter le Bosphore pour acheminer le pétrole de la Caspienne vers la Méditerranée et de là vers l'Europe et les Etats-Unis. C'est à quoi servira le fameux pipeline Bakou, Tbilissi, Ceyhan (BTC) en construction à travers l'Azerbaïdjan, la Georgie et la Turquie, construction que a le soutien le plus appuyé des Etats-Unis et des gouvernements de ces 3 pays. Le chantier prévu pour s'achever fin 2004 souffre de quelques retards. En effet, sur la partie géorgienne du trajet les ouvriers sont en grève : ils réclament une augmentation de salaire. Ils touchent actuellement l'équivalent de un demi euro par jour et réclament 2 euros par jour comme sur le chantier en Azerbaïdjan. La société BP/AMOCO, deuxième compagnie pétrolière mondiale, qui construit l'ouvrage déclare qu'il est impossible de satisfaire une telle demande.
La Russie est encore plus préoccupée par le quasi-blocage du Bosphore car elle n'a pas de possibilité de contourner ce détroit pour acheminer son pétrole vers la Méditerranée. Des projets existent pour décharger le pétrole russe chargé à Novorossisk en Bulgarie et de le transporter ensuite par pipeline soit vers la Grèce soit vers l'Albanie, mais aucun n'a encore vu le jour.Elle se retrouve ainsi devant son éternel problème géopolitique: le libre accès à la mer.
- La Bolivie, eldorado des compagnies pétrolières
Des économistes boliviens ont rendu publics des chiffres qui expliquent tout l'intérêt que portent les multinationales pétrolières à leur pays et qui justifient amplement la revendication du peuple bolivien de se réapproprier les ressources nationales. Ainsi le coût de production d'un baril de pétrole qui s'élève en moyenne au niveau mondial à 5,6$ est de 1$ en Bolivie .Le coût moyen mondial des explorations et recherches pétrolières est de 8.58$ par baril, il est de 0.40$ par baril en Bolivie. Comme le gouvernement bolivien ne prélève que des taxes minimes la marge énorme (le baril vaut autour de 30 dollars sur les marchés mondiaux) va dans les poches des multinationales opérant en Bolivie soit principalement l'espagnole REPSOL et le groupe anglo/US : BP/AMOCO.

Irak : même si les USA n'en veulent pas, les syndicats commencent à se faire entendre
Des signes intéressants d'un renouveau d'activité syndicale nous parviennent d'Irak.
Dans un premier cas, il s'agit de répression : le 6 Décembre, des soldats US, appuyés par des tanks ont envahi les locaux de l'Union Générale des syndicats irakiens à Hilla (Babylone). Ils ont enlevé quatre responsables syndicaux dont on est sans nouvelles et détruit tout le matériel. Le but est de casser l'action syndicale renaissante dans le pays.
Dans le second, il s'agit d'une victoire : le syndicat de la société des pétroles du Sud qui exploite les champs pétroliers de la région de Basra et le port d'exportation d'Um Qasr ont refusé un projet de remise en cause de leurs accords collectifs et de tous les avantages sociaux en matière de logement, de santé et d'éducation qui y étaient liés. Le projet présenté aux travailleurs par le gouvernement provisoire irakien diminuait le salaire minimum de 50 % alors que les prix des biens courants ont été multipliés par 3 depuis Avril en le fixant à 40 dollars par mois. En même temps il écrasait la grille des salaires et supprimait les majorations d'ancienneté. Une menace de grève générale de tout le secteur pétrolier du Sud, le seul qui fonctionne à peu prés, a été prise très au sérieux par le gouvernement provisoire et après des semaines de tension et de négociation le projet de réduction brutale des salaires et des avantages sociaux a été abandonné.
La volonté de faire baisser le prix de la main-d'oeuvre irakienne qui s'est ainsi manifestée montre que l'occupation militaire s'accompagne d'ores et déjà d'un programme de surexploitation des hommes et qu'on est donc bien face à une situation de colonisation complète du pays.

Armes de destruction massive : vers des inspections indépendantes
Le suédois Hans Blix, chef des inspecteurs envoyés par l'ONU en Irak pour y trouver des armes de destruction massive, n'a pas apprécié de voir sa mission interrompue par Bush qui avait décidé d'envahir quoi qu'il arrive. Bien qu'âgé de 75 ans, cet ancien ministre des Affaires Etrangères de Suède vient de créer une fondation pour effectuer des inspections indépendantes dans des pays qui se verraient accusés de détenir de telles armes et qui voudraient disposer d'une contre-expertise face aux experts nommés par l'ONU que les Etats-Unis ont copieusement ridiculisés en ne tenant aucun compte de leurs conclusions. Cette fondation dont le projet avait été initié par Anna Lindh, la ministre suédoise assassinée cet automne, recevra des fonds du gouvernement suédois mais en sera totalement indépendante.

ITER : le grand marchandage continue
Sans vouloir ignorer :

Que le réacteur expérimental fonctionne ou pas c'est-à-dire qu'il permette ou non de réaliser la fusion nucléaire de façon régulière et fiable industriellement - le passage au stade industriel ne se fera au mieux que dans 50 ans - n'est pas ce qui est déterminant dans la bataille politique actuelle. Les gouvernements qui débattent du projet le font en fonction d'intérêts beaucoup plus immédiats.
Ce qui est en jeu c'est le contrôle mondial de l'industrie nucléaire pour le demi-siècle à venir. Cette industrie, un moment menacée par une opposition publique massive tant à ses aspects militaires qu'à ses aspects civils effectue un retour spectaculaire sur le devant de la scène dans le double contexte des guerres préventives de l'équipe Bush et de sa décision de mettre au point de nouvelles armes nucléaires et de la boulimie d'énergie dont les USA sont les premiers responsables (ils consomment 25% du pétrole mondial) mais qui touche tous les pays développés ou en voie d'industrialisation rapide comme la Chine.
Dans cette énorme partie de monopoly où chaque coup se joue en milliards d'Euros, les joueurs sont peu nombreux car il est impossible de s'asseoir à la table si l'on ne s'y est pas préparé depuis des décennies.Les joueurs : Etats-Unis, Russie, Japon,Chine, Canada, Allemagne, Grande-Bretagne, Corée du Sud et quelques autres.Certains ne jouent que dans le civil : Japon, Allemagne, Corée du Sud, Israël joue masqué et les vrais maîtres du jeu sont ceux qui jouent sur le tableau militaire et le tableau civil.
Pour la production d'électricité, la France prend de l'avance (en collaboration avec l'industriel allemand Siemens) en vendant à la Finlande le premier réacteur d'une nouvelle série : l'EPR. EDF devrait suivre et acheter plusieurs centrales EPR à mettre en service à partir de 2012.Techniquement EPR n'est pas une révolution mais une amélioration du modèle déjà installé en France (centrales à eau pressurisée). Commercialement EPR n'a pas pour l'instant de concurrents bien redoutables.
En effet, les constructeurs US de centrales ont bien prévu de mettre sur le marché des centrales à eau pressurisée modernisées mais ils n'ont pas de clients, l'énergie nucléaire ayant très mauvaise presse aux Etats-Unis depuis l'accident de la centrale de Three Mile Island en 1979, qui sans avoir été aussi dramatique que celui de Tchernobyl, a suscité la peur de la population.Plutôt qu'un modèle ancien rénové, Le gouvernement Bush préfère appuyer le développement d'un nouveau type de réacteur, le VHTR ( réacteur à très haute température utilisant l'hélium comme fluide caloporteur et ayant un rendement énergétique nettement supérieur aux modèles précédents) qui pourrait faire pièce sur le marché mondial à l'EPR.
Pas étonnant donc que la France et les Etats-Unis se retrouvent face à face et en opposition sur le dossier ITER. Il s'agit d'un affrontement économique entre l'Europe (France en tête) et les Etats-Unis pour la conquête du marché mondial d'une technologie de pointe.
Sur la candidature de Cadarache, La France après avoir évincé l'Espagne est candidate au nom de l'Union européenne toute entière et a obtenu le soutien de la Chine et de la Russie qui ont trouvé là l'occasion d'affirmer leur indépendance vis-à-vis des Etats-Unis. Réalistes, ils préfèrent travailler avec la France dont l'expérience et le savoir-faire en matière nucléaire sont connus mais que ne les domine pas politiquement plutôt qu'avec les Etats-Unis qui veulent toujours imposer leurs vues.
Les Etats-Unis où la communauté scientifique est assez peu convaincue de la viabilité industrielle de la fusion nucléaire soutiennent la candidature d'un Japon toujours plus vassalisé (à preuve l'envoi de soldats japonais en Irak). La Corée du Sud hésite. D'abord ralliée à la candidature du japon elle pourrait changer de camp pour marquer ses distances vis-à-vis des Etats-Unis toujours plus impopulaires dans la péninsule en raison de leur forte présence militaire (40000 hommes).
Les aspects financiers du dossier ITER ont été peu détaillés.Ce que l'on sait et qui doit encore faire l'objet de vifs débats entre le négociateurs c'est que le pays non choisi pour l'implantation du réacteur contribuera presque autant au projet que celui qui sera choisi et que les autres ne contribueront qu'à hauteur de 10 % des dépenses. On comprend mieux pourquoi les Etats-Unis absents du projet jusqu'au début 2003 s'y sont soudain associés au moment où la décision était proche. Ils pourront pour une mise financière modeste garder un œil sur le projet et, si la Japon est choisi, utiliser une nouvelle fois ce pays pour y réaliser leurs expériences nucléaires (heureusement moins dramatiques qu'Hiroshima et Nagasaki !)
Si ITER marche -dans 50 ans- ils pourront profiter des connaissances accumulées et des développements industriels. Si ITER ne marche pas, la France et le Japon auront dépensé en vain beaucoup d'argent et beaucoup d'électricité (il faut plusieurs centrales nucléaires actuelles pour faire fonctionner ITER et pour faire monter la matière en fusion à 100 millions de degrés).
Toute cette agitation pour la domination industrielle et technologique du monde dans le domaine de l'énergie nucléaire constitue une nouvelle étape dans la fuite en avant dans la surconsommation mondiale d'énergie, problème central des économies contemporaines et que les gouvernements des grandes puissances n'affrontent pas sérieusement ou pas du tout. Où qu'il s'installe ITER est une preuve supplémentaire que les classes dirigeantes rentrent dans l'avenir les yeux fermés ou avec un horizon qui de dépasse pas la prochaine élection.
Nous sommes en pleine guerre de l'énergie. Le projet ITER est un nouvel épisode de cette guerre qui ravage déjà la planète et constitue désormais le noyau central de l'affrontement mondial entre les grandes puissances.

Anniversaire :
Il y a 14 ans, l'armée US envahissait le minuscule Etat de Panama et après quinze jours de traque elle s'emparait du chef d'Etat : Manuel Noriega.L'opération décidée par le président Bush et conduite par le chef d'Etat-Major des armées, Colin Powell, s'intitulait " Juste Cause ".Elle fit entre 3000 et 5000 morts dans la population civile. Le général Noriega, formé par la CIA et appointé officiellement par celle-ci pendant des années avait commis l'erreur, une fois arrivé à la tête de l'Etat, de nouer des relations amicales avec Cuba et le Nicaragua sandiniste au moment où l'équipe Reagan montait des opération clandestines pour faire tomber le gouvernement sandiniste. Formé dans le sérail, connaissant tous les secrets de fabrication des coups d'Etat tordus et des escadrons de la mort, Noriega était encombrant dès l'instant où il n'obéissait plus fidèlement aux ordres.Sa chute fut donc décidée à Washington, le pays envahi. Noriega fut enlevé à l'ambassade du Vatican où il s'était réfugié, conduit aux Etats-Unis et là condamné à 40 ans de prison pour trafic de drogue. Il est bien connu que la CIA a deux budgets : un officiel, voté par le Congrès Us, un officieux, provenant de commissions qu'elle prélève sur le trafic de drogue. Noriega était du métier et il était facile de le charger, à tort ou à raison.

Kosovo : un autre " nettoyage ethnique " ?
Dans un rapport présenté au Conseil de sécurité de l'ONU, Jean-Marie Guéhenno, secrétaire adjoint de l'organisation chargé des opérations de maintien de la paix a fait état de la stagnation du processus de paix dans cette province. Les 250000 serbes qui y vivaient avant l'intervention militaire de 99 ne sont plus que 10000 et il n'y a pas de normalisation des relations entre la Serbie et les autorités élues du Kosovo. Les diplomates qui assistaient à la séance ont fait des déclarations lénifiantes en disant que tout ça était bien dommage !

Pourquoi une nouvelle alerte à l'attentat aux Etats-Unis ?
Tout simplement parce que le rapport de la commission d'enquête sur les attentats du 11 Septembre dont les premières conclusions sont connues établit que les attentats du 11 Septembre auraient pu être évités. La réplique s'impose : une telle erreur, si c'en est une, ne se reproduira plus et nous prenons nos précautions. Hystérie médiatique et sécuritaire assurée !

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