Semaine 03- 2004
Georgie : étranges
élections
La Georgie votait
le 4 Janvier pour élire un nouveau Président de la république en remplacement
d'Edouard Chevardnadze, démissionnaire à la suite de l'invasion du Parlement
par ses opposants. Dès le lendemain, la presse, les radios et les télévisions
mondiales annonçaient l'élection triomphale avec 95 % des voix du seul des
cinq candidats réellement pris au sérieux, les 4 autres, sans grands moyens,
n'ayant fait que de la figuration. Aussitôt les témoignages de satisfaction,
les compliments affluèrent.Félicitations de Bush, de Blair, de Schröder, de
Chirac, de l'union européenne, aussitôt suivies de visites du FMI venu apporter
son soutien financier et d'officiels de rang important en attendant la consécration
que sera la visite sur place de Colin Powell (Rumsfeld, lui, est venu avant
les élections) et la réception à la Maison Blanche dans un futur très proche.
Tout à la satisfaction d'avoir rallié un nouveau pays à la cause de la mondialisation
libérale et d'enregistrer son intérêt pour une adhésion rapide à l'OTAN et
à l'Union européenne, ce beau monde a gentiment passé sous silence un petit
détail qui dérange, surtout s'agissant d'un candidat qui a fait campagne contre
la corruption et les manipulations électorales, M. Saakashvili n'a peut-être
pas été élu. D'ailleurs à la date où nous écrivons (18 Janvier) les résultats
officiels n'ont toujours pas été proclamés ce qui n'empêchera pas la cérémonie
officielle d'investiture le 25 Janvier.
Les premiers doutes sont apparus le jour même du scrutin. Dés midi, les agences
de presse russes présentes sur place annonçaient un taux de participation
faible de l'ordre de 20 % chiffre préoccupant puisque la constitution du pays
prévoit qu'il faut au moins 50 % de votants pour que le scrutin soit valable.
L'inquiétude était suffisante pour que la décision soit prise de retarder
l'heure de fermeture des bureaux de vote. Ce qui fut fait, mais sans bruit.
Par contre, dès la clôture du scrutin, les dépêches d'agence envahirent les
ordinateurs du monde entier annonçant l'élection du favori avec 95% des voix.
A croire que les électeurs géorgiens font des grasses matinées prolongées
et s'étaient rués sur les urnes dans l'après-midi. En fait, le dépouillement
n'était pas achevé et ce chiffre provenait d'un sondage à la sortie des bureaux
de vote, sondage effectué par une seul institut, non recoupé et qui pouvait
au mieux donner une indication sur les votes exprimés mais aucunement sur
les abstentionnistes dont il ne fut plus jamais question.Pas plus que ne fut
mentionné le fait que le vote n'avait pas lieu dans les provinces sécessionnistes
d'Ossétie du sud et d'Abkhazie.
Cependant pour tenter de rajouter quelques voix - était-ce bien nécessaire
si Saakashvili avait obtenu 95% des voix- les autorités n'ont pas hésité à
faire voter une semaine plus tard dans des localités de montagne où le mauvais
temps avait empêché la tenue du scrutin le 4 Janvier. Ces quelques voix supplémentaires
seraient-elles celles qui manquent pour atteindre le quorum de 50 % ?
Dans ce concert d'informations électorales biaisées un petit solo de vérité
a été joué par le groupe britannique de suivi des accords d'Helsinki qui avait
des observateurs sur place et vient de publier une première analyse du processus
électoral. Ses conclusions sont claires : " Les élections de Novembre 2003
(ndlr : celles qui ont été mises en cause par " la révolution des roses ")
représentaient un grand progrès dans la régularité du scrutin. Celles de Janvier
2004 constituent un recul." (Voir www.bbrhg.org).
L'heureux élu a très bien compris que cette parodie électorale suffisait à
la " communauté internationale " et qu'il devait immédiatement se mettre au
travail. Mais très curieusement, après avoir annoncé un programme prioritaire
de lutte contre la corruption et d'amélioration des conditions de vie - difficiles
- de la population géorgienne, le " Président " n'a depuis le 5 Janvier qu'une
préoccupation : l'évacuation des deux bases militaires russes qui demeurent
sur le sol géorgien. Parallèlement les promoteurs du pipeline Bakou-Tbilissi-Ceyhan
(avec à leur tête le groupe anglo-étasunien BP/AMOCO) qui doit permettre le
transport du pétrole de la Caspienne jusqu'à la Méditerranée via la Georgie,
jusque là bien discrets sur l'avancement du chantier du pipeline, publient
des communiqués triomphants sur l'avancement des travaux et annoncent la mise
en service de l'ouvrage pour 2005. Le " Président " nouveau obéit à ses sponsors.
Bien sûr, on se frotte les mains à Washington et à Londres car ce pipeline
en projet depuis 10 ans tardait à se réaliser, mais il faut faire vite avant
que la population géorgienne ne découvre qu'elle a été bernée et que son niveau
de vie est le dernier des soucis des pays qui soutiennent le nouveau président.
Il faut donc organiser au plus vite les élections législatives pour remplacer
le Parlement élu en Novembre 2003 dans des conditions décrites comme pas très
régulières. Mais, oh surprise ! ce parlement qui compte 75 élus de circonscription
et 150 élus à la proportionnelle sur des listes nationales déposées par les
partis politiques n'aurait pas été élu frauduleusement en totalité. Le nouveau
vote fixé au 28 Mars ne concernera que les 150 sièges élus à la proportionnelle.
Ainsi la nouvelle équipe a préféré, favorisée qu'elle est par les médias internationaux
et par les moyens financiers extérieurs qu'elle a obtenus pour sa campagne,
ramasser la très grande majorité de ces 150 sièges pour les candiadts du parti
du président.
La Russie qui connaît bien la Georgie a réagi posément à ces évènements.
Sur le plan des élections, Moscou a fait observer que ces étranges élections
géorgiennes avaient suscité beaucoup moins de critiques que celles tenues
récemment en Russie pour l'élection du Parlement. Comme quoi ce qui compte
aux yeux des " démocrates " occidentaux c'est plus l'orientation politique
du vainqueur que la régularité des élections. Poutine, à l'inverse des autres
chefs d'Etat, a d'ailleurs attendu dix jours avant de féliciter le nouvel
élu.
Sur la question
des bases militaires, la Russie
En outre, elle demande
au nouveau gouvernement géorgien de s'engager à ne pas laisser les rebelles
tchétchènes se replier en Georgie et elle établit un régime de visas entre
la Russie et la Georgie, reprochant en particulier à la Georgie de ne pas
extrader un des plus puissants " oligarques " - lire " mafieux " - de Russie
: Boris Berezovski, qui est recherché par la police russe et circule librement
en Georgie.
Bref, tous les ingrédients de cette forme nouvelle de la guerre froide qui
semble opposer un joueur d'échecs à un boxeur sont réunis au Sud du Caucase.
En réponse à cette intervention bien orchestrée des Etats-Unis en Georgie,
Poutine s'est employé, à l'occasion d'une visite officielle à Astana à resserrer
les liens entre la Russie et le Kazakhstan. Ce pays a en effet des capacités
pétrolières nettement supérieures à celles de l'Azerbaïdjan et a choisi d'exporter
sa production via les pipelines russes plutôt que par le pipeline BTC en construction.
D'autre part il a accepté, au nom des accords de coopération militaire avec
la Russie de renoncer à se fournir en radars neufs fabriqués en Allemagne
et en Grande-Bretagne et de conserver ses fournisseurs russes. Enfin, la location
du cosmodrome de Baïkonour d'où s'envolent toutes les fusées russes vers l'espace
a été prolongée de 50 ans.
Le monde après le 11
Septembre et la guerre en Irak
Tel est le titre
du dernier livre d'Evgueni Primakov (Presses de la Renaissance). Parmi les
dirigeants politiques russes actuels, Primakov, 68 ans, a cette particularité
d'être le seul à avoir survécu à tous les bouleversements des deux dernières
décennies. Membre du Comité central du Parti communiste de l'URSS sous Gorbatchev,
il sera chef du contre-espionnage russe après 91, puis Ministre des Affaires
étrangères et enfin Premier Ministre en 1998. En Décembre 2003 Il a été réélu
au Parlement dans la formation qui soutient Poutine. Diplomate et excellent
connaisseur du Moyen-Orient, il connaît tous les grands dossiers de politique
internationale et les principaux acteurs.
Dans son livre, écrit après l'invasion de l'Irak et publié en Octobre 2003,
il exprime les craintes que suscite chez les dirigeants russes l'unilatéralisme
du gouvernement Bush, unilatéralisme qui met à mal et risque de détruire tous
les mécanismes ou institutions qui peuvent permettre de limiter les conflits
(ONU, traités de désarmement, conférences internationales...)
En même temps, il s'emploie à souligner combien cet unilatéralisme va à contre-courant
de toutes les tendances lourdes de la situation mondiale. Citons le principal
passage :
" Certes, les Etats-Unis sont actuellement les plus puissants du point de vue économique et militaire (rappelons qu'ils assument presque la moitié des dépenses militaires mondiales et près des trois-quarts de ce que l'ensemble de la planète consacre à la recherche et aux essais dans ce domaine) ainsi que par leur influence sur la politique internationale. Mais cela ne signifie pas qu'ils soient la seule super-puissance et qu'ils déterminent les destinées du monde. Il suffit pour le comprendre d'observer les changements survenus au niveau mondial depuis la fin de la " guerre froide " - héritière de l'Union soviétique, la Russie a opté pour une diversification de sa politique étrangère, ce qui l'a amenée à former des partenariats stratégiques avec des Etats très différents d'elle, sur la base d'intérêts nationaux communs; - le besoin du " parapluie nucléaire " américain ne se faisant plus sentir, l'Europe et le Japon sont devenus moins dépendants des USA; - la transformation du paysage politique et militaire apparaît aussi dans le fait que l'un des principaux terrains d'affrontement de la " guerre froide ", l'Asie, s'est transformé en acteur dynamique des relations internationales; certes, l'Asie ne forme pas un système uni et, de ce fait, elle ne constituera pas un " point de force ", mais ni les USA ni aucune autre puissance n'ont le contrôle de la Chine (nul ne l'avait, d'ailleurs, auparavant). Il en va de même pour ce qu'il faut considérer de facto comme les nouveaux Etats " nucléaires " - l'Inde et le Pakistan - ou ceux en passe de le devenir - l'Iran et la Corée du Nord; - la plupart des pays d'Europe occidentale sont désormais unis par une monnaie commune, ce qui en fait une force économique comparable à celle des Etats-Unis - la puissance économique de la Chine s'accroît à une vitesse folle, sa puissance militaire se renforce et il ne fait pas de doute qu'elle deviendra l'un des pôles du nouvel ordre mondial, - le Japon conserve son importance en tant que centre économique indépendant et manifeste sa volonté de prendre une part toujours plus grande à la marche du monde; - les processus d'intégration se sont renforcés en Asie du Sud-Est et en Amérique Latine, amorçant la création d'autres pôles, pas aussi affirmés ni aussi solides que l'Europe, mais avec des perspectives économiques de plus en plus manifestes - les grands pays exportateurs de pétrole (excepté la Russie, le Mexique et la Norvège) dont les plus importants sont ceux du Proche et du Moyen-Orient, ont consolidé leurs positions par le biais de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) qui régule les prix mondiaux du brut (et dont dépendent les tarifs d'autres ressources énergétiques), renvoyant, de fait, les USA au second plan' - les pays actuellement très en retard dans leur développement économique n'adoptent pas forcément une orientation proaméricaine; au contraire, l'influence des Etats européens, de la Chine et de l'Inde, entre autres, va croissant; - le mécontentement suscité par les décisions et actions unilatérales des Etats-Unis ne cesse d'augmenter pratiquement partout. Toutes ces tendances semblent indiquer un mouvement vers un monde, non pas uni- mais multipolaire. " (Ndlr : c'est nous qui soulignons)
Voilà ce que produit une observation lucide et respectueuse de la diversité et des transformations actuelles du monde. Mais, sous la plume d'un diplomate aguerri et encore en activité, la postface et spécialement sa dernière phrase laisse paraître quelque inquiétude sur la capacité des Etats-Unis à accepter un monde qu'ils ne domineraient pas.
" Si les États-Unis décident de s'adapter à la perspective - bien réelle - d'un monde multipolaire, s'ils cessent de partir du principe qu'ils peuvent et doivent apporter, seuls, des solutions aux grandes questions de stabilité et de sécurité, et fixer unilatéralement les règles de conduite des Etats sur la scène internationale, la Russie peut être pour eux un partenaire loyal.L'évolution des relations russo-américaines, suite aux événements du 11 septembre, incline à l'optimisme. Un optimisme qui, à la lumière de la guerre en Irak, reste, hélas, modéré. " (Ndlr : c'est nous qui soulignons)
Fin de la neutralité
de la Finlande ?
Bien que le choix ne soit pas encore définitivement fait, les partisans de
l'adhésion de la Finlande à l'OTAN au sein du gouvernement finlandais sont
de plus en plus nombreux. Venant après des décennies de neutralité, position
réaliste vu la situation géographique de la Finlande qui avait plusieurs milliers
de kilomètres de frontière commune avec l'URSS, ce revirement serait un succès
diplomatique et militaire pour les Etats-Unis qui compléterait ainsi leur
mouvement d'encerclement militaire total de la Russie. Il est rendu juridiquement
possible par le traité de bon voisinage signé en 1992 entre la Russie et la
Finlande, lequel a mis fin au Traité de 1948 reconnaissant la neutralité de
la Finlande, et ne comporte aucune disposition militaire particulière. Dans
sa majorité, la population finnoise reste attachée à la neutralité.
L'empire des bases
Tel est le titre du nouvel ouvrage de Chalmers Johnson, essayiste US. C. Johnson
recense les bases militaires US dans le monde. Selon les chiffres officiels
fournis au congrés, les USA entretiennent aujourd'hui 700 bases militaires
à l'étranger qui regroupent environ 500 000 personnes : militaires, espions,
civils ...Il faut y ajouter 13 escadres chacune regroupée autour d'un porte-avions
nucléaire qui sillonnent toutes les mers. En analysant ces documents officiels,
l'auteur a remarqué que certains pays où la présence militaire US est effective
n'y étaient pas mentionnés tels l'Afghanistan, l'Irak, le Koweït, la Kirghizie,
le Qatar et l'Ouzbékistan, pas moins. Il en conclut que le nombre de bases
est plus proche de 1000 que de 700. Il souligne que ces bases sont installées
en exécution de contrats de location qui pratiquement interdisent l'application
de la législation nationale et deviennent donc de véritables enclaves US,
comme s'il s'agissait d'ambassades. Les conditions de travail dans ces bases
n'ont rien à voir avec les conditions de la seconde guerre mondiale, ou de
la guerre du Vietnam. Le personnel est soigné, nourri, servi par des garçons
en cravate, chemise blanche et pantalon noir, il vit comme à l'hôtel et retrouve
ses petites habitudes : sur la base de l'aéroport de Bagdad, le premier Burger
King vient d'ouvrir.
Les officiers généraux qui y sont en poste disposent d'une centaine d'avions
pour leurs loisirs qui les conduisent soit au centre de vacances de Garmisch-Partenkirchen
en Bavière soit sur un des 234 parcours de golf que possède le Pentagone dans
le monde. Le projet stratégique est de créer " une cavalerie globale " c'est-à-dire
de disposer sous tous les cieux de moyens militaires permanents permettant
des interventions immédiates dans n'importe quel pays.
Pour ne pas augmenter démesurément les effectifs la mise en place de ce réseau
va se faire principalement en réduisant les troupes installées en Allemagne
(environ 80000 personnes) et en Corée du sud (environ 40000 personnes). Mais
d'autres pays devraient voir la présence US réduite à commencer par la Turquie
et l'Arabie Saoudite qui perdent de leur intérêt militaire au profit de l'Irak
et du Koweït. Les nouvelles bases seront installées en Europe de l'Est : Pologne,
Bulgarie, Roumanie, en Australie, au Vietnam (sic), dans les 3 pays du Maghreb
et en Afrique de l'Ouest : Sénégal, Mali, Ghana, Sierra Leone.
Il s'agit là d'une forme réaménagée de colonialisme mondial qui susciterait
peu de débats aux Etats-Unis si ce programme ne s'accompagnait pas d'une diminution
des effectifs et des bases sur le territoire même des Etats-Unis qui commence
à faire réagir les élus locaux.
A l'extérieur, ce néo-colonialisme est la forme que prend la guerre non déclarée
et permanente des Etats-Unis contre tous les peuples et cette réalité commence
à être largement comprise.
La Serbie à nouveau
dans le collimateur
Satisfaits par les résultats des élections en Georgie, les néo conservateurs
au pouvoir aux Etats-Unis ne le sont pas de ceux de Serbie et viennent d'entamer
une campagne d'opinion pour appeler à une nouvelle intervention dans ce pays.
La forme n'est pas précisée mais est certainement à l'étude. Soit une manipulation
suffira pour faire basculer tel ou tel parti minoritaire en vue d'obtenir
une majorité parlementaire aujourd'hui introuvable, soit il faudra trouver
un biais pour faire invalider les élections de Décembre, soit il faudra à
nouveau faire parler les armes. Au passage, ils soulignent qu'ils ne comprennent
pas pourquoi le Kosovo et le Monténégro ne sont pas enfin reconnus comme un
états indépendants. Deux articles de presse ont lancé cette campagne en décembre
: l'un de Morton Abramovitz dans le Washington Post, l'autre de Laura Silber,
conseillère politique du milliardaire Soros (lequel s'est spécialisé dans
le financement des oppositions " démocratiques " dans les ex-pays du bloc
de l'Est) dans le New York Times.
Politique militaire
de la Pologne
Après l'achat de F 16 aux Etats-Unis, la Pologne qui se prépare à accueillir
sur son sol de nouvelles bases militaires US destinées à parfaire le dispositif
d'encerclement de l'enclave russe de Kaliningrad, va se fournir en missiles
anti-chars SPIKE auprès de la firme d'état Rafael, d'Israël.
Le groupe de Shanghai
au travail
Réuni la semaine dernière en en Chine le groupe fondé en 2001 qui comprend
la Chine, la Russie, le Kazakhstan, la Kirghizie, l'Ouzbékistan et le Tadjikistan
a décidé de se doter d'un secrétariat permanent installé à Pékin et qui emploiera
quelques centaines de personnes pour commencer. Le groupe a deux objectifs
principaux : le renforcement de la sécurité collective et l'intensification
des échanges économiques entre voisins.D'abord simple conférence régionale
le groupe de Shanghai est maintenant porteur d'un projet d'intégration régionale
et se donne des moyens pour y parvenir. Les participants étaient les premiers
ministres des pays membres auxquels s'était joint un observateur de la Mongolie.
Le secrétariat du groupe est assuré par Zhang De-Guang, ancien ambassadeur
de Chine à Moscou.
Qui est Paul Bremer
?
Le gouverneur de
l'Irak n'était pas connu du grand public avant de se voir confier par son
gouvernement ce poste de confiance. Mais il était très bien préparé à cette
tâche. Après avoir été nommé par Reagan responsable de la lutte anti-terroriste
avec le rang d'ambassadeur il a ensuite dirigé pendant 11 ans le cabinet de
conseil KISSINGER ASSOCIATES monté par l'ancien Secrétaire d'Etat de Nixon.
Avec un tel parcours et un tel parrainage personne ne doute que Paul Bremer
ne soit au courant de tous les secrets d'Etat des USA, n'ait un accès direct
aux services de renseignement et aux forces spéciales, ni qu'il ne soit rôdé
à tous les coups tordus et au double langage : " Je vous apporte la démocratie
d'une main, je vous pille de l'autre !" dont son patron a été et reste un
des grands maîtres. L'épais cynisme du prix Nobel de la Paix vient d'ailleurs
d'être à nouveau révélé par un document déclassifié du département d'Etat
qui raconte l'histoire suivante.
En 1976, trois ans après le coup d'état militaire, l'Organisation des Etats
Américains, se réunit à Santiago du Chili. Kissinger représente les Etats-Unis
et annonce qu'il va prononcer un grand discours sur le respect des droits
de l'homme au moment même où les Etats-Unis soutiennent toutes les dictatures
militaires au pouvoir en Amérique Latine. Cet exercice de haute voltige verbale
dans lequel il est passé maître ne le dérange aucunement. Mais à l'annonce
du sujet du discours, Pinochet s'inquiète. Au cours d'une conversation téléphonique
avec Kissinger qui est transcrite dans le document il exprime la crainte que
ce discours n'encourage la résistance à sa dictature (à l'époque les opposants
chiliens assassinés ou disparus se comptent déjà par dizaines de milliers,
mais tous ne sont pas encore morts). Kissinger essaie de le rassurer, Pinochet
est réticent et finalement demande, pour apaiser ses craintes, de nouvelles
livraisons d'armes. Kissinger accepte et fait, comme prévu, son discours sur
les droits de l'homme. Les armes sont livrées, la répression sanglante peut
continuer.