Semaine 06- 2004
Et s'ils étaient "
D.Cheney " ?
Depuis le 11 Septembre 2001, le Vice-président des Etats-Unis ne quitte que
très rarement le bunker où il se terre pour pouvoir assurer la continuité
du pouvoir et la direction des opérations militaires au cas où Bush serait
victime d'un attentat. Sa récente tournée en Europe n'en prend donc que plus
relief. A Davos il a pu rencontrer beaucoup de beau monde de façon informelle
c'est-à-dire sans protocole façon de prendre la température et de sonder les
uns et les autres. Il s'est ensuite rendu en Italie où il a visité deux importantes
bases aériennes de l'armée US. Cette visite risque de ne pas être une simple
" tournée des popotes " mais pourrait annoncer une nouvelle aventure guerrière
qui débuterait par des frappes aériennes déclenchées depuis ces bases italiennes
(qui ont beaucoup servi pour les bombardements de la Yougoslavie en 1999).
La cible la plus probable est la Syrie. La date avancée coïncide avec la mise
en place annoncée d'un gouvernement irakien " autonome " qui, avec ou sans
la couverture de l'ONU ferait sa propre police et allégerait d'autant la tâche
de l'armée US.
Une nouvelle guerre, la troisième du mandat de Bush junior, alors que les
deux précédentes ne sont pas achevées et menacent de durer, sera considérée
comme une folie par l'opinion mondiale, par de nombreux gouvernements et probablement
même par les généraux US eux-mêmes qui ne verront pas sans inquiétude leur
armée s'enfoncer dans un nouveau bourbier.Mais une folie n'est une folie qu'avant
d'être commise. Après elle devient un fait. La commettre maintenant, on parle
d'une attaque en Juin, c'est faire un acte irréversible : renverser le gouvernement
syrien, quel que soit le coût politique, humain et financier de l'opération
c'est peut-être hypothéquer les chances de réélection de l'équipe Bush/Cheney
mais si jamais un démocrate était élu fin 2004, il pourrait faire beaucoup
de choses, arrêter les hostilités, rapatrier les troupes mais sûrement pas
aller rechercher Bachar el Assad pour le remettre au pouvoir et encore moins
le ressusciter.
Militairement il s'agirait d'une opération moins lourde que l'invasion de
l'Irak puisque les forces US sont déjà de l'autre côté de la frontière et
que les forces spéciales pourraient également se déployer depuis le Golan
sous l'œil bienveillant et complice des israéliens.Il est d'ailleurs très
probable que ces forces spéciales fassent déjà très régulièrement des incursions
en territoire syrien.
Politiquement, les préparatifs sont en cours : le congrès a déjà voté le Syria
Accountability act qui permet des sanctions économiques et financières contre
la Syrie et les discours officiels de l'équipe Bush insistent à nouveau sur
le transfert en Syrie d'armes de destruction massive irakiennes. La propagande
fait ainsi d'une pierre deux coups : si rien n'a été trouvé en Irak c'est
que tout avait été transféré en Syrie. Il se crée ainsi un univers de mensonge
totalement morbide et irréel où chaque mensonge en engendre un autre.
Dans ce contexte la partition de Sharon, pour qui le renversement du régime
syrien est un immense rêve caressé depuis longtemps est de faire patte de
velours et de jouer les innocents. Les négociations avec le Hezbollah et l'échange
de prisonniers s'inscrivent dans ce jeu.
Les hypothèses détaillées de cette nouvelle guerre ont été révélées récemment
par la très respectable revue de défense anglaise " JANES INTELLIGENCE ".
Mais tous ces projets pourraient bien être contrariés par la décapitation
des deux partis kurdes irakiens qui ouvre probablement une période d'extrême
instabilité dans le nord de l'Irak. En effet le soutien des kurdes irakiens
à la coalition anglo/étasunienne en échange d'une promesse - fallacieuse -
d'indépendance était la condition indispensable à la pacification du pays.
Cette condition ne peut plus être remplie, les équipes dirigeantes des deux
partis UPK et PDK ayant été décimées dans l'attentat d'Erbil.
Et pourquoi pas le
Pakistan ?
Le Président pakistanais, arrivé à la tête du pays par un coup d'état et conforté
ensuite par une élection sous haute surveillance militaire à laquelle les
opposants exilés comme Benazir Bhutto n'ont pas pu participer, est sorti miraculeusement
vivant de deux attentats dont les circonstances (il circulait en voiture blindée
sur des itinéraires secrets) laissent penser que ceux qui voulaient sa mort
ont des postes importants dans l'armée. Les Etats-Unis ont, depuis le début
de leur guerre contre le terrorisme, fait le pari de soutenir Musharraf contre
les terroristes, talibans Al Qaida et autres, qui hantent les confins de l'Afghanistan
et du Pakistan et bénéficient d'appui dans les services secrets pakistanais.Ils
vont devoir passer du soutien politique au soutien militaire et intervenir
directement sinon le pauvre Karzai dont la constitution n'a été approuvée
que par 3% des électeurs afghans devra bientôt plier bagage et regagner sa
deuxième patrie : les Etats-Unis.
La menace d'intervention militaire US au Pakistan a eu un premier résultat
: l'aveu par le patron du programme nucléaire pakistanais de transferts de
technologie nucléaire à la Libye, à l'Iran et à la Corée du Nord. Vrai ou
faux, cet aveu, obtenu sous la contrainte, tombe à point pour justifier la
politique guerrière de Bush. Les plus sceptiques sur les capacités nucléaires
coréennes sont aujourd'hui les chinois qui en tant que voisins amis et excellents
connaisseurs de la région se demandent si le régime Nord coréen n'a pas beaucoup
bluffé pour éviter les bombardements US.
Il est possible de s'interroger sur la santé mentale des stratèges qui
ont pour politique la généralisation du chaos et l'enchaînement d'agressions
et de renversements de gouvernements. A bien les observer, la réponse s'impose
: ils pensent que le chaos écrase les faibles, peuples et gouvernements confondus,
et profite aux forts.
Dans le désordre de la jungle instituée, seuls survivent les grands fauves!
C'est Schwarzenegger, gros biceps, petit cerveau, maître du monde !
Chez les terroristes
aussi, il y a les bons et les mauvais
Pour preuve la participation de Richard Perle, ancien membre du Conseil de
Défense et leader des néo conservateurs à une soirée de soutien aux victimes
du tremblement de terre de Bam en Iran. Action humanitaire direz-vous ! Certes
mais organisée aux Etats-Unis par les Moudjahiddines du peuple, ce groupe
iranien hostile au pouvoir islamiste, replié en Irak du temps de Saddam et
dont les 5000 hommes en armes bien équipés et bien entraînés continuent à
circuler librement dans le nord Irak et qui est classé par le Congrès Us parmi
le organisations terroristes. Terroristes ou pas, les Moudjahiddines du peuple
sont hostiles au gouvernement iranien actuel et peuvent être utilisés dans
des coups tordus en Iran. Sa participation à ce gala humanitaire ayant été
dénoncée aux Etats-Unis, Perle s'est défendu en disant qu'il avait été piégé,
qu'il ne savait pas à qui il avait à faire ... Propos ridicules dans la bouche
de celui qui est appelé aux Etats-Unis " Le prince des ténèbres ". Plus que
jamais, gouverner, c'est mentir !
Les candidats démocrates
et la guerre en Irak
7 candidats démocrates sont en lice mais deux sont déjà enterrés par la classe
dominante et ses médias qui leur demandent déjà de se retirer : il s'agit,
parlons en avant qu'ils ne disparaissent des écrans, de Denis Kucinih et Al
Sharpton. Ces deux outsiders n'arriveront pas au but car ce sont les seuls
qui ont formulé des critiques radicales et complètes sur la politique de Bush
tant sur le plan intérieur : atteintes aux libertés, atteints aux droits sociaux,
baisses des budgets de l'éducation et de la santé, que sur le plan international.
Ils défendent les pauvres, les indiens et Kucinih qui est sénateur n'a voté
aucun des crédits de guerre de Bush. Ils avaient l'un et l'autre dès la fin
2002 et à la différence des 5 autres postulants, déclaré qu'il n'y avait pas
d'armes de destruction massive en Irak. Kucinih qui est sénateur n'a pas voté
les crédits de guerre pour l'Irak.
Leur élimination devrait permettre de laisser se dérouler un match classique
entre un candidat démocrate rassurant pour la classe dirigeante Us, ce qui
est le cas de John Kerry, et Bush.
Affaire Kelly : les
menteurs solidaires
La publication du rapport Hutton aura été pour Tony Blair une victoire fugace.
Ce rapport exonère le gouvernement britannique et son dirigeant de toute responsabilité
dans la mort de David Kelly, l'homme qui avait indiqué à la BBC que les allégations
de Blair sur les armes de destruction massives de l'Irak étaient sinon sans
fondement au moins excessives.En clair selon Lord Hutton Blair n'a pas menti
! Difficile à avaler au moment même où le responsable US de la mission d'inspection
des armes de destruction massives de l'Irak démissionne avec fracas à son
retour d'Irak en disant qu'il n'avait rien trouvé et que tout ce qui pouvait
de prés ou de loin à des installations pour la fabrication des armes de destruction
massive avait été détruit depuis longtemps.
Les réactions à ce rapport complaisant sont donc très vives.
Elles prennent d'abord appui sur le passé de Lord Hutton. Celui-ci, protestant
anglo-irlandais, s'était déjà illustré en exonérant, dans un rapport précédent
l'armée britannique de toute responsabilité dans le carnage du BLOODY SUNDAY
(massacre de catholiques qui manifestaient pacifiquement à Belfast en 1972).
Il a ensuite permis " l'évasion judiciaire " de Pinochet en contrecarrant
l'action du juge Lord Hoffman qui avait permis l'arrestation du dictateur
en Grande-Bretagne. Hutton mit en cause la neutralité du juge Hoffman en faisant
état dans la presse de liens de celui-ci avec Amnesty International. Grâce
à cette action, Pinochet fut libéré et regagna le Chili où il finit tranquillement
ses jours.
A l'exception des journaux du groupe Murdoch, la presse britannique est très
critique sur le rapport Hutton et s'en prend clairement et vigoureusement
à ce gouvernement du mensonge.Pour elle,le rapport Hutton est une défense
de l'ordre établi et un soutien à l'engagement britannique dans une invasion
injustifiée.
Enfin un vent de fronde s'est levé dans la BBC où le personnel n'admet pas
que la télévision publique nationale ne puisse plus dénoncer les mensonges
du gouvernement et refuse d'admettre les conclusions du rapport Hutton qui
fait de la BBC le menteur et de Blair le gentil garçon qui parle vrai.
Le rapport Hutton est en train de produire l'effet contraire à celui attendu
par son auteur : il ouvre une crise politique au lieu d'y mettre fin et le
moment n'est probablement pas éloigné où la vérité sur la mort de David Kelly
surgira, faisant des mensonges de Blair des fautes mineures.
La Russie ne veut pas
de bombardements surprises
Le journal russe Kommersamt annonce que la Russie va effectuer les plus importants
exercices militaires nucléaires depuis 1982. Les généraux russes restent discrets
sur les préparatifs mais ceux-ci devraient comprendre un important déploiement
des bombardiers stratégiques TU 160 équipés de missiles de croisière, des
lancements de missiles balistiques ( l'immensité du territoire russe permet
effectivement de faire des tirs de missiles balistiques intercontinentaux
sans quitter le pays et en visant des zones désertiques) et des mises en orbite
de satellites d'observation militaires depuis le cosmodrome de Baïkonour au
Kazakhstan.
Poutine devrait assister personnellement à ses manœuvres. Bien sur, son soutien
à un renforcement de la puissance militaire russe fait partie de sa campagne
électorale, mais il traduit également l'inquiétude des dirigeants russes face
à la guerre permanente de l'équipe Bush et à l'encerclement de leur pays par
les troupes US.
Parallèlement La Russie a refusé de souscrire à une proposition des Etats-Unis
de mettre en place un système international d'interception des navires et
avions susceptibles de transporter des armes de destruction massive. Ce système
a déjà été accepté par tous les membres du G8 à l'exception de la Russie et
autorise la présence permanente de douaniers US dans les ports français. Le
sous-ministre US de la défense a passé deux jours à Moscou pour convaincre
ses interlocuteurs mais il a essuyé un refus. La Russie doit craindre que
des douaniers US dans ses ports et ses aéroports seraient trop curieux ou
que des sites sensibles (ports ou aéroports) soient bombardés au prétexte
qu'ils abriteraient des armes de destruction massive.
Dans le même temps Moscou poursuit une politique pétrolière ambitieuse à la
mesure des capacités du pays. Ainsi la compagnie russe Yukos vient-elle de
signer des accords avec l'Arabie Saoudite pour développer l'extraction du
gaz naturel dans ce pays. Elle s'est associée à cette occasion avec la seconde
compagnie pétrolière chinoise SINOPEC et quelques autres dont l'ENI italienne
et la malaise Petronas. Elle réplique ainsi, avec la complicité des saoudiens,
à la main mise des USA sur l'Irak.
Les femmes irakiennes
ne veulent pas se soumettre et les femmes saoudiennes veulent s'émanciper
L'annonce par le gouvernement irakien fantoche du retour à la loi islamique
pour les femmes irakiennes a suscité d'importantes réactions (manifestations
de rue, pétitions..) chez celles-ci. Elles s'étaient très bien habituées à
l'égalité des droits que leur avait accordé l'ancien régime et ne veulent
pas régresser. Elles entendent conserver les dispositions protectrices du
code civil : interdiction du mariage avant 18 ans, égalité des droits en matière
d'éducation des enfants et en matière d'héritage. La nouvelle législation
qui réintroduirait la polygamie et la répudiation doit être approuvée par
le gouverneur Bremer pour entrer en vigueur.
En Arabie, un mouvement d'émancipation des femmes est en train d'émerger.
Sa première grande expression publique vient d'avoir lieu au Forum économique
de Djeddah. Plutôt que d'affronter immédiatement le patriarcat sur le plan
théorique, 300 femmes saoudiennes occupant des postes importants dans les
affaires ont mis en avant le gâchis économique que représente leur marginalisation.
Elles constituent aujourd'hui 50 % de la population diplômée de l'enseignement
supérieur et seulement 5% travaillent. Le droit au travail passant pas le
droit de se déplacer elles réclament immédiatement le droit de conduire.
Une autre forme de la souffrance des femmes existe également dans la région
mais est encore étouffée. Il s'agit des agressions sexuelles sur les femmes
servant dans l'armée US soit environ 10% des effectifs engagés à tous les
niveaux de la hiérarchie. D'après le quotidien US, Denver Post, 37 plaintes
pour viols auraient déjà été déposées. Bien entendu la hiérarchie militaire
minimise.