Semaine 07- 2004
John Kerry se recentre
Il n'aura pas fallu bien longtemps pour que la nouvelle star des démocrates,
le grand John Kerry, se dévoile comme un éventuel remplaçant de George Bush
tout à fait rassurant pour la classe dirigeante et les militaires US. De très
beaux états de service au Vietnam en faisaient déjà un patriote respectable,
mieux que Bush junior qui était ce qu'on appelle ici dans les casernes un
" planqué " et qui aurait même été pointé plus souvent absent que présent
dans l'unité locale de la garde nationale où il était affecté. Kerry loin
d'annoncer une révision à la baisse des crédits militaires a annoncé qu'il
augmenterait les effectifs de l'armée US de 40000 hommes pour lui permettre
de mieux faire face à ses lourdes tâches. En effet, il n'est pas question
pour lui de quitter l'Irak mais au contraire d'y augmenter la présence militaire
alliée et de disposer encore d'assez d'hommes pour pouvoir intervenir ailleurs.
Indirectement Kerry confirme qu'une guerre est bien en cours en Irak et que
les Etats-Unis doivent s'organiser pour la gagner et surtout il veut que l'armée
US soit assez nombreuse pour ne pas être totalement mobilisée sur le seul
sol irakien. Comment recruter ? Sur ce point, Kerry a été clair : il parle
du rétablissement de la conscription, c'est-à-dire du recrutement de soldats
pas chers.
Ce positionnement guerrier a eu un avantage immédiat : le général Wesley Clark,
ancien chef d'état-major de l'armée US et ancien bombardeur (le mot n'est
pas dans le dictionnaire mais chacun comprend) de la Yougoslavie, en course
dans las primaires démocrates, s'est retiré. Il a trouvé meilleur avocat de
l'armée que lui et il n'y a plus que cinq démocrates en course pour l'investiture
du parti.
Denis Kuchinich, le seul des postulants démocrates qui ait une position
constante contre la guerre d'Irak fait désormais campagne sur le thème " SUR
L'IRAK, KERRY= BUSH ! "
La guerre froide n'est
pas vraiment finie, la Russie est inquiète
La conférence internationale sur la sécurité qui s'est tenue récemment a fourni
une nouvelle occasion de constater que la guerre froide n'est pas vraiment
finie. Cette conférence qui se tient chaque année à Munich est un peu le "
Davos " de la défense. Elle est organisée par une fondation financée par le
constructeur automobile BMW et est ouverte aux responsables politiques aux
marchands d'armes aux généraux et à tous les décideurs du monde de la guerre
et du renseignement. Elle permet des rencontres informelles où chacun, même
s'il occupe les fonctions les plus élevées n'engage que lui-même. Sa première
édition remonte à 1962. Son fondateur était un ancien général de l'armée nazie
présentable puisqu'il était du nombre des quelques officiers qui essayèrent
(sans succès) de renverser le dictateur (les autres opposants à Hitler, on
le sait, avaient tous été assassinés par le régime) son responsable est aujourd'hui
M. Telstschik, ancien conseiller d'Helmut Kohl pour les questions de défense
et actuel PDG de Boeing Deutschland, un pro !
La conférence a été ouverte par le roi Abdallah de Jordanie qui a plaidé pour
la fin de la guerre en Palestine. Il a souligné que cette guerre était un
facteur de désordre international permanent, ce qui est vrai, mais n'a pas,
autant qu'on sache, suscité de réactions bien constructives. Pourtant il était
écouté par le ministre des affaires étrangères d'Allemagne, les ministres
de la défense des Etats-Unis et de la Russie et d'autres personnages du même
niveau.
Mais le principal sujet de débat était ailleurs : il s'agissait des rapports
entre l'OTAN et la Russie. Ces rapports ne sont pas stabilisés et malgré l'existence
d'un partenariat pour la paix entre l'OTAN et la Russie, la Russie non seulement
n'est pas membre de l'OTAN mais s'inquiète de plus en plus de l'élargissement
du champ d'action de l'OTAN et de l'installation de bases OTAN tout le long
de ses frontières.
Jusqu'à la chute du mur de Berlin, l'Europe est coupée en deux par le rideau
de fer et deux alliances militaires se font face : l'OTAN à l'Ouest, le pacte
de Varsovie à l'Est. A l'Ouest donc : la Grande-Bretagne, la France, la RFA,
l'Italie, la Norvège, les Pays-Bas, la Belgique et la présence massive de
troupes US sur leur territoire ( France exceptée à partir de 1963). De l'autre
: l'Urss et les démocraties populaires : RDA, Pologne, Tchécoslovaquie, Hongrie,
Bulgarie, Roumanie. Face à face terrible : des millions d'hommes en armes,
de centaines de milliers de chars, des dizaines de milliers d'avions, des
missiles nucléaires à courte, moyenne et longue portée. Qui évaluera un jour
le coût de cet équilibre de la terreur qui a duré 40 ans ?
Une fois le mur de Berlin tombé, la pacte de Varsovie est dissous, l'URSS
rapatrie ses troupes dans ce qui fut une énorme débandade sans toutefois un
coup de feu et pour bien enregistrer ce mouvement de démilitarisation et de
désarmement du territoire européen un traité est signé en 1990 : traité sur
les forces conventionnelles en Europe (en abrégé et en anglais : CFE).Le traité
a pour objectif de parvenir à une plus grande stabilité en Europe. Pour y
parvenir les deux camps prennent des engagements importants : les moyens disposés
de part et d'autre sur le territoire européen ne doivent pas excéder : 40000
chars, 60000 véhicules de combat, 40000 pièces d'artillerie, 13600 avions
de combat et 4000 hélicoptères d'attaque.
Puis les évènements se précipitent : l'URSS disparaît en 1991 et, l'une après
l'autre, les ex-démocraties populaires prennent leurs distances vis-à-vis
de la Russie. Cette désagrégation de l'ancien Pacte de VARSOVIE n'a pas son
équivalent côté Ouest, l'OTAN qui officiellement n'a plus d'adversaire n'est
pas dissoute, elle s'étend au contraire continûment vers l'Est et comprend
aujourd'hui :l'Allemagne réunifiée, la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Hongrie,
les républiques baltes auxquels s'ajouteront le premier Avril 2004 la Bulgarie
et le Roumanie. Si on ajoute la Finlande hésitante, la Georgie qui est candidate,
l'Ukraine et la Moldavie très courtisées par l'OTAN, on comprend qu'à Moscou
il règne une certaine inquiétude car ces poussées militaires vers l'Est que
l'auteur en ait été Napoléon ou Hitler se sont toujours finies dans le sang.
Cette inquiétude a été clairement exprimée à Munich par Serguei Ivanov, Ministre
de la Défense russe qui s'adressait ainsi directement à Donald Rumsfeld présent
dans la salle. Les inquiétudes russes se fondent sur des faits très concrets
puisque les militaires US chargés de sélectionner les lieux d'implantation
des futures bases OTAN/US sont en ce moment même sur le terrain en Pologne,
en Bulgarie et en Roumanie et qu'ils s'apprêtent à signer avec les pays d'accueil
les contrats de location de ces terrains militaires. Il s'agira, précisent
les experts, de bases plus légères que les énormes bases existant par exemple
en Allemagne où les militaires US s'installent avec femmes, enfants, armes
et bagages pour plusieurs années. Les nouvelles bases auront plus le caractère
de " résidences secondaires " (sic, c'est l'expression utilisée pas les experts)
où les soldats viendront seuls et pour des durées courtes (2 à 3 mois). Il
s'agira donc d'échelons avancés, en état de veille active, immédiatement opérationnels
et pouvant faire appel ensuite aux forces de l'arrière (avions et porte-avions).
Ainsi encerclée, la Russie a fait savoir qu'elle ne ratifierait pas le traité
CFE signé à l'origine par l'URSS et qu'elle se réservait donc le droit de
réaugmenter ses forces militaires conventionnelles le long de ce qui n'est
pas un nouveau rideau de fer mais une ligne de friction quasi ininterrompue
(les seuls pays limitrophes de la Russie n'ayant pas, pour l'instant, basculé
dans l'autre camp étant le Belarus, l'Ukraine et la Moldavie) avec l'OTAN
s'étendant de l'Océan Arctique jusqu'à la Mer Noire. En revenant sur ce traité
la Russie a mis le doigt sur son inégalité : en 1990 deux camps de taille
équivalente décident de baisser leur garde,quatorze ans plus tard, l'un a
désarmé et se réduit en nombre et en surface, l'autre n'a pas désarmé et s'agrandit
sans cesse.
En même temps et pour ne pas mettre trop d'huile sur le feu, la Russie a annoncé
qu'elle participerait à des manœuvres militaires communes avec l'OTAN dans
le cadre du " partenariat pour la paix ". Ce qui ne l'a pas empêché de faire
chez elle et pour son propre compte des manœuvres nucléaires stratégiques
avec tir de missiles balistiques. Immédiatement le Pentagone annonçait une
grande vérification et remise en ordre de bataille de ces quatre bases de
missiles balistiques à têtes multiples (dans la Dakota et le Montana).
Le " partenariat pour la paix ", c'est " Chéri, fais-moi peur ! "
Insondable Pakistan
Les étranges aveux du père de la bombe atomique pakistanaise qui a reconnu
avoir fait profiter la Libye, l'Iran et la Corée du Nord de ses compétences
ne lui ont pas beaucoup porté tort puisqu'il a obtenu le lendemain le pardon
du général président Mousharraf.
Vilain petit docteur Khan, il ne faut pas jouer avec les allumettes ! D'ailleurs
qui a jamais reproché au Docteur Khan d'avoir appris à enrichir l'uranium
pour les bombes aux Pays-Bas ce petit pays si fidèle aux Etats-Unis et d'être
reparti avec des photocopies dans sa valise? Qui a oublié que pendant toute
la guerre froide la Pakistan a été le principal allié des USA en Asie ? Qui
peut ignorer que la CIA est très présente dans le pays et qu'elle n'était
pas étrangère aux divers coups d'Etat qui ont marqué la brève histoire du
Pakistan ?
Cette petite comédie médiatique tombait en fait à point nommé pour faire pression
sur la Corée du Nord à la veille de la reprise de la négociation sur le désarmement
nucléaire du pays. Le ministre chinois qui conduit la négociation et qui en
sait très long lui aussi sur la mise au point de la bombe atomique pakistanaise,
très conscient de cette situation, a annoncé que les négociations de ce genre
étaient longues, délicates et qu'il n'était pas raisonnable d'en attendre
de résultat immédiat.
Quant aux aveux de la Libye, ils suscitent de bien curieux commentaires :
ainsi un ancien sénateur US, Gary Hart, qui ne fut rien moins que candidat
démocrate à la Maison Blanche en 1984 (contre Reagan) et en 1988 (contre Bush
père) a-t-il déclaré que la Libye voulait, pour mettre fin à l'embargo, négocier
dès 1992 l'abandon de se programmes d'armes de destruction massive, qu'il
avait été contacté par le libyens à cette fin, mais qu'il avait reçu l'ordre
de l'équipe Clinton de ne pas donner suite.
Quels que soient les développements de la présente campagne qui tombe à point
pour donner une nouvelle dimension à la " guerre contre le terrorisme ", la
volonté réaffichée des Etats- Unis, et reprise en chœur par la Grande-Bretagne,
la Chine et l'Agence Internationale pour l'énergie atomique, d'arrêter ou
de contrôler la prolifération nucléaire est rendue ridicule et inopérante
par le fait qu'Israël échappe à cette vigilance.
Au point qu'il est permis de se demander si le fameux " bouton rouge "
israélien c'est-à-dire le système ultrasecret de prise de décision d'utilisation
de l'arme nucléaire est en Israël ou aux Etats-Unis ou s'il existe un système
de double commande. Ce point aveugle de la guerre nucléaire est un des principaux
facteurs de l'instabilité stratégique mondiale, le seul dont on ne parle pas.
Le ridicule ne tue
pas
Les Etats-Unis ont interdit l'accès à leur territoire à Manuel Galban, musicien
cubain qui devait recevoir les " Grammy Awards " quelque chose comme le grand
prix du disque. Selon le FBI, Galban, chanteur de boléros et de mambos langoureux,
serait un terroriste. S'il veut rentrer aux Etats-Unis, Galban devrait se
mettre aux cantiques : c'est bien vu à la Maison Blanche. Mais ce guitariste,
rendu célèbre grâce au film " Buena Vista social Club ", s'amuse de cet interdit
bureaucratique car il n'empêche en rien la diffusion de la musique cubaine
bien à même d'adoucir les mœurs étasuniennes.
Communistes en eaux
troubles
Le quotidien irakien
Al Mada a, sans citer ses sources, mis récemment en circulation une liste
nominative de personnages ou d'organisations plus ou moins connus qui auraient
bénéficié de largesses financières de la parts du régime de Saddam Hussein
pendant la période de l'embargo ( 1991/2003). Le nom le plus connu en France
était celui de Charles Pasqua. Le personnage dégage évidemment une forte odeur
de soufre et ses actions en milieu troubles sont assez connues : création
du SAC, affaires pétrolières en FranceAfarique, relations particulières avec
les islamistes soudanais ... Mais celui ou ceux qui ont mis cette liste ne
sont certainement pas eux non plus des enfants de chœur. Le fondateur du journal
Al Mada est un certain Karim Fakhri revenu en Irak après la chute du régime
baasiste et qui dès le mois de Juin 2003 avait réuni les moyens financiers
et techniques pour lancer son quotidien. Ayant été membre du Bureau politique
du puissant Parti Communiste Irakien ( PCI) Karim Fakhri peut avoir à juste
titre des comptes à régler avec l'ancien régime car Saddam Hussein et le parti
Baas ont tout fait pour éliminer ce parti qui avait joué un rôle important
dans la révolution de1958 et dans le renversement de la monarchie mise en
place par l'Angleterre. Nombre de dirigeants du PCI n'ont du leur salut qu'à
l'exil. Mais si Karim Fakhri s'est exilé il n'a pas simplement attendu la
chute du régime de Saddam Hussein. Selon des anciens du PCI, il quitte d'abord
l'Irak pour la Syrie mais il part avec la caisse du parti ce qui lui permet
(déjà) de créer à Damas un quotidien. Kurde d'origine, il va nouer des liens
étroits avec les deux partis kurdes irakiens ( PDK et UPK) hostiles au Baas
ce qui le conduira à accompagner en 1991 les dirigeants de ces deux partis
dans leur visite aux Etats-Unis dont ils attendaient (et continuent inlassablement
à attendre depuis 30 ans) un soutien décisif pour la création d'un état kurde.
A cette occasion, il est interviewé par la Voix de l'Amérique, la radio de
la propagande d'Etat, et demande à Bush senior d'intensifier les sanctions
contre l'Irak. Il a aussi des amis dans la gauche française puisque son nom
a figuré au Comité de parrainage international d'Espaces Marx et que son journal
est présenté comme progressiste par l'Humanité en Novembre 2003.
Sitôt après l'invasion du Koweït en août 1990, il crée (encore) un journal
l' " INTERNATIONAL VOICE OF KUWAIT " qui appelle à la guerre contre l'Irak.
Ce journal aura son heure de gloire en matière de propagande guerrière puisqu'il
publiera l'histoire des soldats irakiens débranchant des couveuses dans des
maternités du Koweït, histoire montée de toutes pièces par une agence de Relations
Publiques US et commentée en direct par une jeune koweitienne qui n'était
pas infirmière au Koweït mais fille de l'ambassadeur du Koweït aux Etats-Unis
et parlait de Washington sans savoir qu'elle était manipulée.
Le Koweït libéré, Karim Fakhri retourne en Syrie où il fonde le magazine Al
Mada dont il installe le siège luxueux dans les beaux quartiers de Beyrouth
et c'est ce magazine qui arrive à Bagdad dans les fourgons de l'occupant.
Il y retrouve un PCI qui n'a pas disparu mais a éclaté entre quatre courants,
deux qui soutiennent l'occupant et le gouvernement provisoire et dont on verra
les représentants agiter le drapeau rouge devant les caméras le jour de la
capture de Saddam Hussein et deux qui lui sont opposés. Pour ces opposants
Al Mada et Karim Fakhri sont depuis des années des outils de la CIA et servent
au recrutement d'agents (entendez informateurs ou espions). C'est donc ce
personnage et son journal qui ont eu l'avantage de publier la fameuse liste.
La méfiance s'impose donc. Qui a fabriqué cette liste ? Qui l'a remise à Al
Mada ? Pourquoi et pourquoi maintenant ? Que le gouvernement de Saddam Hussein
ait cherché à violer l'embargo dévastateur auquel le pays était soumis après
la guerre du Golfe et qu'il y ait en partie réussi est un fait établi. Toute
pénurie grave et prolongée entraîne nécessairement l'apparition d'un marché
noir, de trafiquants et de trafics en tous genres. Les visiteurs occidentaux
qui ont visité Bagdad à la fin des années 90 ont constaté à la fois la grande
misère de la grande majorité de la population et simultanément l'apparition
d'une petite couche parasitaire de nouveaux riches trafiquants tolérée par
le régime.
Pour acheter à l'étranger les produits alimentant le marché noir, il fallait
trouver à l'étranger des intermédiaires bien placés qui mettaient en contact
fournisseurs et clients et prenaient une grosse commission sur la transaction.
Et rien de plus simple, ces intermédiaires étaient, comme les fournisseurs,
payés en bons de pétrole comme l'étaient d'ailleurs tous les achats officiels
autorisés par l'ONU dans le cadre de l'accord "Pétrole contre nourriture ".
Pourquoi en bons ? D'abord parce que l'Irak n'avait que ça à offrir et parce
qu'un Pasqua (ou un autre), aussi habitué soit-il des affaires obscures, ne
pouvait pas se faire livrer des barils de pétrole à son domicile et les revendre
à la station-service du coin. Les bons pouvaient être facilement transmis
( fax) et se négociaient sur un marché parallèle où ils étaient rachetés par
les compagnies pétrolières. Ainsi l'Irak pouvait vendre un peu plus de pétrole
que ce qu'autorisait l'oNU et les intermédiaires s'enrichissaient facilement.
Ces mécanismes étaient connus des diplomates et des services de renseignement
(comme l'étaient aussi les transports de pétrole par convois de camions à
travers le Désert en direction de la Jordanie et qui étaient hors des quotas
de l'accord " Pétrole contre nourriture ").
Que donc cette liste d'intermédiaires ait existé est plus que vraisemblable
: il fallait bien leur envoyer les bons. Que le gouvernement de Saddam Hussein
l'ait oubliée au Ministère du Pétrole ou ailleurs est surprenant mais pas
impossible. Mais celle qui est mise aujourd'hui en circulation par Al Mada
sert trop les intérêts des Etats-Unis pour être honnête. En effet, " mouiller
" Pasqua ( dont les français connaissent l'étonnante imperméabilité) c'est
viser un de ceux qui connaissent le mieux le fonctionnement souterrain de
l'ETAT-CHIRAC et donc adresser une menace à Chirac lui-même.Mais la liste
vise aussi un député travailliste : Georges Galloway, très à gauche qui s'est
opposé farouchement à Blair sur la guerre d'Irak et qui désespérant de faire
évoluer le parti travailliste sur cette question a fondé un nouveau parti
à la gauche du Parti travailliste. Cette liste publiée dans un quotidien irakien
en langue arabe a reçu un écho mondial après avoir été traduite en anglais
et commentée par l'agence de presse israélienne MEMRI qui passe pour proche
des militaires.Tout porte donc à croire qu'Il s'agit d'une vaste opération
de désinformation visant à détourner l'attention d'autres affaires aussi troubles
à commencer par :
Il est vrai que l'inculpation du Vice-président des USA en exercice par un juge français serait un évènement politique de première grandeur et rangerait l'affaire Juppé au rang d'une aimable gaminerie.
Thalès obtient le prix
Big Brother 2004
Les prix " Big Brother " du nom du héros du fameux roman de George Orwell
: 1984, et destinés à montrer du doigt les principaux fauteurs de guerre,
de répression et d'aliénation de masse viennent d'être attribués par un jury
français. Ont été évidemment distingués les ministres Perben et Sarkozy et
chez les industriels le prix est allé à la firme française THALES (ex THOMSON)
qui vend dans le monde entier (30 pays ont déjà acheté) un des systèmes les
plus pointus de surveillance généralisée et permanente des populations par
vidéo surveillance, espionnage de tous les types de transmission (fax, téléphone,
Internet ...) : le système SHIELD (en anglais BOUCLIER).
Ceci démontre une nouvelle fois que l'industrie française (aéronautique, nucléaire,
électronique) porte profondément la marque d'un pays qui bien qu'étant en
paix avec ses voisins garde des orientations impérialistes et continue à occuper
une des cinq premières places dans le commerce mondial des armes.
Pétrole irakien : vers
quel port ?
Le pétrole du Nord extrait dans la région de Kirkuk est abondant et d'excellente
qualité. Une seule difficulté : son éloignement de la mer. Il est pour l'instant
transporté par un pipeline aboutissant au port turc de Ceyhan. En fait sabotages
après sabotages, il semble que les expéditions par ce tuyau n'aient repris
que depuis quelques jours.
D'autres solutions sont à l'étude :
Le passage d'un pipeline sur son territoire étant pour un Etat une ressource régulière garantie pour des dizaines d'années, la concurrence s'annonce rude et les Etats-Unis, désormais maîtres du pétrole irakien vont pouvoir faire monter les enchères politiques entre les différents candidats, mais au moment du choix ils feront plaisir à un des pays candidats et fâcheront les autres. On prend les paris !
En défense des femmes
irakiennes
Une association pour la liberté des femmes irakiennes s'est créée en 2003.
Elle s'oppose à un décret voté par le gouvernement provisoire permettant de
revenir au droit islamique pour les affaires familiales c'est-à-dire autorisant
la polygamie, la répudiation et le retour à une situation qu'avait abolie
la révolution de 1958 et qu'avait entériné la Constitution de 1979 qui proclamait
l'égalité des hommes et des femmes. Dans un commentaire publié récemment l'association
décrit l'insécurité quotidienne dans laquelle vivent aujourd'hui les femmes
irakiennes risquant le viol ou l'enlèvement et déclare : " Dés les premiers
jours de la chute du régime baasiste , des groupes islamistes venus d'Iran
sont venu pour imposer leur idéologie, le voile, pour interdire aux femmes
de travailler, d'aller à l'université, d'être juge (tel a été le cas en Iran
de Shirin Ebaddi, Prix Nobel de la Paix) " ......et plus loin " Les Etats-Unis
ont mis au pouvoir les forces les plus réactionnaires d'Irak avec un style
de gouvernement médiéval. Ce Conseil de gouvernement est un groupe de leaders
religieux et tribaux et de nationalistes qui n'ont aucun souci d'amélioration
des conditions de vie de la population, ni de la liberté, ni de l'égalité....
telles sont les valeurs démocratiques américaines imposées au peuple irakien.
Ils divisent le peuple irakien sur la base de sectes religieuses et de tribus
comme si nous vivions au Moyen-âge "
Aujourd'hui les dirigeantes de cette association sont menacées de mort.
Une campagne d'information est lancée par une association internationale de
défense des droits des femmes qui met en circulation une pétition destinée
au gouverneur de l'Irak, Paul Bremer. Cette association s'appelle MADRE :
site Internet www.madre.org
, courriel : madre@madre.org.