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Bulletin 89

Semaine 08- 2004

Etats-Unis : à quoi bon voter si les machines à voter ne sont pas fiables
Très heureux d'avoir enfin une version simplifiée de la politique intérieure des Etats-Unis à nous vendre, les grands médias vont réduire l'élection présidentielle au match Bush-Kerry. On peut prendre des paris comme pour les grands matchs de boxe. Peu importe qu'il y ait encore des candidats à la candidature chez les démocrates, ils sont déjà médiatiquement morts, peu importera qu'il y ait peut-être en Novembre un ou deux autres petits candidats, on parle de Ralph Nader déjà candidat en 2000, la machine à stériliser l'électeur est en marche qui lui donnera à choisir entre les deux candidats d'un seul parti, celui de l'argent, comme le dit Chomsky.
Observons bien ces phénomènes car ils sont nombreux dans la classe dirigeante française à rêver du même bipartisme étouffant.
Mais le résultat de ce match dépendra aussi et assez largement de la fiabilité des machines à voter. En effet, les citoyens des Etats-Unis ne mettent pas des bulletins dans une urne et les votes ne sont pas dépouillés publiquement comme cela se fait dans nos écoles et nos mairies. Ils votent non seulement pour les grands électeurs présidentiels mais le même jour pour d'autres postes qui vont du gouverneur de l'Etat au procureur et au shérif du comté. Le vote ou plus exactement les votes s'effectuent donc devant une machine et sur un clavier et ce sont des ordinateurs qui dépouillent. Ce système suscite de plus en plus de méfiance. Le fabricant des machines à voter : Diebold, est de plus en plus critiqué , les " hackers " ,ces pirates de l'informatique qui passent leur temps à tenter de pénétrer dans les ordinateurs les mieux protégés, disent que des manipulations des résultats sont possibles et lors du récent symposium des technologies de vote organisé par l'Association américaine pour le progrès des sciences les experts présents n'ont pas craint d'affirmer que 25 % des machines à voter qui seront utilisées pour les présidentielles n'étaient pas fiables. Pour plus de détails, les passionnés d'informatique lisant l'anglais peuvent se reporter aux sites suivants : http://www.verifiedvoting.org et http://www.blackvoting.org

Syrie : l'opposition au régime s'organise
Le programme de renversement du régime syrien élaboré aux Etats-Unis n'est pas seulement militaire. Une chose est de bombarder et d'envahir l'autre est de mettre en place une nouvelle équipe dirigeante locale dûment certifiée démocratique. Certifiée parce que de plus en plus les procédures de recrutement des équipes gouvernantes obéissent à des normes très semblables à celles utilisées dans le commerce et l'industrie (normes ISO) avec leurs divers champs d'application et qui sont l'application à la politique des modes de gestion des cadres dirigeants des entreprises.
Cette équipe qui ne sortira pas des urnes mais des avions et des blindés de l'envahisseur doit être préparée à l'avance. On évite ainsi toute tentative de prise du pouvoir par des locaux opposés au régime en place, s'il en reste !
Pour la Syrie, les préparatifs vont bon train. Les exilés syriens sont nombreux et il est facile d'en trouver qui ne portent pas dans leur cœur le régime autoritaire de Damas appuyé à la fois sur un parti unique le Baas et sur une minorité religieuse : les alaouites. Dés Octobre 2001, quelques jours après les attentats du 11 Septembre et le lancement de la guerre de Bush " contre le terrorisme " est fondé aux Etats-Unis le " Parti de la réforme Syrienne " noyau de ce qui devrait être la future équipe gouvernementale si l'équipe Bush lance sa troisième guerre d'agression. A la tête du " parti de la réforme " : Farid N. Ghadry, un profil bien adapté aux nouvelles missions que veulent lui confier les Etats-Unis : anglophone, diplômé de l'université de Washington, professionnel du commerce de l'armement, Farid N. Ghadry est l'homme de la situation, l' Hamid Karzaï syrien.
Son nom pourrait bientôt apparaître à la une des journaux télévisés. Simultanément les bombardiers US apparaîtront dans le ciel de Damas.
A moins que l'Histoire ne se déroule pas exactement comme ce scénario de Western concocté à Washington.

Soudan : Guerre civile et pétrole
Cet immense pays, 5 fois la France,le plus vaste d'Afrique, traversé par le Nil et découpé à sa façon par l'ancien colonisateur n'en finit pas de se déchirer.
Une nouvelle guerre civile vient de débuter dans la province du Darfour, à l'Ouest du soudan aux confins du Tchad.Elle prend le relais d'une autre guerre civile, dans le Sud du pays, vieille de 21 ans et qui semblait aller vers une issue pacifique après avoir fait 2 millions de morts et engendré le déplacement de 4 millions de personnes. Comme d'habitude, des conflits interethniques ou interreligieux sont mis en avant pour expliquer ces affrontements sanglants et prolongés entre pauvres. Dans le cas de l'ancienne guerre civile, celle du Sud, le conflit opposait donc des rebelles chrétiens et animistes habitants du Sud et le gouvernement islamiste installé au Nord autour de la capitale Khartoum. Comme l'a établi l'an dernier un rapport de la Banque Mondiale, qui, à défaut de changer les choses, observe avec soin, les guerres civiles dans les pays pauvres durent d'autant plus longtemps que le contrôle d'une ou plusieurs matières premières est en jeu.
Tel est bien le cas. Le Sud Soudan recèle des richesses pétrolières qui, sans faire du pays un futur concurrent de l'Arabie Saoudite voisine, sont très prometteuses. L'exploration a commencé dans les années 80 précisément dans les régions du Sud où s'est développée la guerre civile. Elle était conduite par des compagnies occidentales au premier rang desquels CHEVRON, l'entreprise US qu'a dirigée Condolezaa Rice, conseillère de Dabeliou Bush et par TOTAL. Mais le début de la guerre civile en 1982 décourage pétrolière les pétroliers occidentaux, CHEVRON et TOTAL principalement, qui se retirent du pays. Après la prise du pouvoir par les islamistes en 1989, le nouveau gouvernement conscient de la richesse que contient le sous-sol du pays crée une compagnie pétrolière nationale, mais, manquant d'experts et de techniciens, ouvre la porte à de nouveaux partenaires étrangers : la compagnie chinoise CNPC, la compagnie malaise PETRONAS, la compagnie nationale iranienne, des outsiders canadiens et quelques autres. Les travaux vont progresser et finalement en 1999 les premières tonnes de pétrole soudanais extrait dans le sud du pays coulent dans un pipeline tout neuf, alimentent la raffinerie de Port Soudan et sont chargées dans le nouveau port pétrolier voisin de Port Soudan sur la Mer Rouge.
La Guerre civile n'a pas pris fin pour autant mais les deux adversaires (qui ont passé dans la période des alliances complexes qu'il serait trop long de détailler dans le cadre limité de ce bulletin) ont désormais un intérêt convergent à laisser le pétrole couler pourvu que les royalties soient partagées entre la région productrice (le Sud) et le gouvernement qui contrôle l'industrie pétrolière et le transport du pétrole vers la côte au Nord. Des négociations ont donc eu lieu qui devraient déboucher sur une nouvelle donne politique. Elles l'ont été sous les auspices des Etats-Unis. Pourquoi ? Leurs compagnies pétrolières ayant quitté le pays en 1982 souhaitaient y reprendre pied car de nouvelles zones prometteuses vont être concédées pour des explorations. En même temps la droite chrétienne aux Etats-Unis faisait depuis 1989 pression sur le gouvernement pour qu'il soutienne plus fermement la rébellion chrétienne du Sud contre le régime islamiste. Pas étonnant que le Soudan ait été boycotté par les Etats-Unis à partir de 1997 et bombardé par l'aviation US en 1998. Le pays abritait peut-être des terroristes mais il fallait obliger le régime à assouplir sa politique pétrolière. Le résultat de ces " amicales " pressions, comme le bombardement de l'usine pharmaceutique de Khartoum supposée fabriquer des armes de destruction massive, le 20 août 1998, est en vue. Il était déjà prévisible au moment où le Soudan s'est joint à la guerre contre le terrorisme alors qu'il avait soutenu l'Irak au moment de l'invasion du Koweït.
Encore une fois la présence réelle ou supposée de Ben Laden au Soudan aura beaucoup facilité l'avancée des intérêts des Etats-Unis.
L'accord devrait se faire sur :

Et comble de bonheur propagandiste : le gouvernement soudanais brusquement converti aux actes de contrition dont la classe dirigeante des Etats-Unis est coutumière et friande se battrait la coulpe en regrettant le rôle historique des soudanais dans le trafic des esclaves africains. Cette annonce, très conforme au style de repentance pratiqué par les dirigeants US (voir Clinton au Vietnam - on peut massacrer des centaines de milliers de personnes mais si on demande pardon - dix ans après - on est pardonné) devrait permettre à Bush de gagner des voix dans un électorat noir qui lui est très défavorable (2% des noirs ont voté pour lui en 2000).
Tel est le somptueux programme d'une visite de Bush à Khartoum prévue pour le milieu de l'année 2004. Un petit grain de sable dans cette splendide mécanique : une nouvelle guerre civile qui commence à l'Ouest dans une région où de nouveaux permis de recherche pétrolière ont été attribués !

Communistes irakiens : une grande diversité
Comme nous l'avons indiqué dans un précédent bulletin, les communistes irakiens sont divisés sur l'attitude à avoir par rapport à l'occupant étasunien. Une des branches qui est entrée en résistance, ICP-CADRE, rappelle dans un document publié en 2003 que par deux fois, les Etats-Unis ont fourni un sérieux coup de main au Baas et à Saddam Hussein pour éliminer le parti communiste irakien de la scène politique. La première tentative eut lieu le 8 Février 1983. Les putschistes, donc le parti Baas et la Garde nationale qui voulaient rester seuls au pouvoir, reçurent l'appui d'une radio US montée par la CIA qui émettait depuis la Jordanie et donnait les noms, adresses officielles et cachettes des militants communistes (évènements relatés dans le livre de Hanna Batuta " Les vieilles classes et le mouvement révolutionnaire en Irak "). Ce putsch fit plus de 100000 victimes.

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