Semaine 09- 2004
L'Europe, son armée,
ses industries d'armement
L'idée d'un défense européenne apparait pour la première fois dans le traité
de Maastricht en 1992. Ce projet constitue la réponse des membres de ce qui
devient officiellement l'Union Européenne à la nouvelle situation géopolitique
résultant de la réunification de l'Allemagne et de la dissolution de l'URSS.
Réponse paradoxale puisque pendant tout le temps de la guerre froide (1948-
1991) les pays de l'Europe de l'Ouest membres du marché commun puis de la
CEE ont participé à la défense de " l'Occident " et donc à celle de leur morceau
de continent à l'intérieur de l'OTAN et sous le conduite des Etats-Unis présents
militairement sur leur sol, France exceptée à partir de 1966.
Ainsi c'est au moment où disparaît l'adversaire soviétique : URSS et satellites
organisés dans la cadre du Pacte de Varsovie que les pays d'Europe de l'Ouest
se mettent à penser à leur défense.
Le paradoxe n'est qu'apparent car d'une part les européens redoutent un désengagement
des Etats-Unis - qui n'aura pas lieu, bien que pendant la première présidence
Clinton les dépenses militaires des USA tendent à diminuer - car d'autre part
les dirigeants français et quelques autres craignent qu'une Allemagne réunifiée,
débarrassée de l'occupation soviétique et devenue l'état le plus peuplé et
le plus puissant d'Europe ne nourrisse de rêves de domination.
Cette crainte ne sera jamais exprimée publiquement mais elle est à l'origine
du double engagement demandé à l'Allemagne dans une monnaie et une défense
communes. Le traité de Maastricht scellera cet engagement. Malgré les réserves
de l'opinion allemande très attachée au Mark fort et malgré les conséquences
économiques négatives en France et ailleurs en Europe de l'alignement monétaire
sur le mark fort, le passage à l'Euro se fera conformément au calendrier prévu.
Par contre la défense européenne dont seul le principe était posé restera
assez longtemps dans les limbes. La première raison de ce retard est la crise
yougoslave qui verra s'étaler de profondes divergences entre les membres de
l'Union, L'Allemagne ayant joué en solitaire la politique de l'éclatement
de la fédération yougoslave en reconnaissant sans concertation avec ses partenaires
l'indépendance de la Slovénie et de la Croatie et en équipant la toute nouvelle
armée croate. Cette incapacité européenne à arrêter une politique commune
en Yougoslavie ouvrira la porte aux interventions directes des Etats-Unis,
politiques avec en 1995 les accords de Dayton sur la Bosnie, et militaires
via l'OTAN avec le bombardement de la Yougoslavie en 1999. Pas étonnant que
la Serbie ne trépigne pas aujourd'hui d'impatience pour adhérer à l'Union
Européenne (voir à ce sujet le livre très éclairant de Stanko Cerkovic " Dans
les griffes des humanistes ").
Mais l'énorme caffouillage yougoslave dont seule la petite Slovénie est aujourd'hui
sortie sans trop de dommages pour la population et sans guerre civile, va
servir de leçon et dès l'été 99, et sans discontinuer depuis l'Union européenne
se met en ordre de guerre, réduisant à un silence inconfortable 4 de ses membres
aux traditions neutralistes bien établies : Irlande, Suède, Finlande et Autriche.En
ce début de 2004 est scellée une alliance de fait entre les trois principales
puissances militaires : France, Grande-Bretagne et Allemagne les deux puissances
nucléaires et la principale puissance industrielle, trio qui est le véritable
moteur de la nouvelle politique de défense. Ainsi, l'Union européenne est-elle
dotée aujourd'hui d'un état-major européen pour commander les opérations,
d'une agence européenne de l'armement pour coordonner l'industrie de guerre
et de forces intégrées devant atteindre progressivement 50000 hommes et destinées
à être " projetées " c'est-à-dire envoyées hors d'Europe !
Or, l'Europe n'est menacée par personne. Serait-elle donc en train de devenir
menaçante ? Question totalement absente du débat politique à laquelle nous
essaierons d'apporter quelques éléments de réponse d'ici les élections européennes,
notre crainte étant que la politique de " défense " européenne soit un simple
modèle réduit ou un accessoire de celle des Etats-Unis, portant les soldats
européens sur tous les continents pour défendre les valeurs qui pour nos gouvernements
importent le plus c'est-à-dire les valeurs boursières.
Haïti : complicité
impérialiste dans les Caraïbes ou une décolonisation qui n'en finit pas
La révolution française apporte au Monde en 1794 la première loi d'abolition
de l'esclavage. Haïti, colonie française peuplée d'esclaves noirs - la population
indigène a été exterminée par les premiers colons européens et les maladies
européennes - reçoit pleinement ce message libérateur. Las, dès le consulat,
le jeune Bonaparte, très sensible aux pressions des colons créoles - sa femme,
Joséphine de Beauharnais appartient à un famille de riches planteurs - rétablit
l'esclavage. Voulant rester libres, les haïtiens entament la lutte pour l'indépendance.
Pour toute réponse Bonaparte envoie sur l'île un corps expéditionnaire de
70000 hommes dont il confie le commandement au général Leclerc, époux de sa
sœur Pauline. Cette armée imposante est vaincue et le 01.01. 1804 Haïti devient
la première république indépendante d'esclaves libérés. La révolte entamée
simultanément à la Guadeloupe échoue. Bonaparte devenu empereur, divorcé de
Joséphine et pris par de plus vastes desseins, reste sur cet échec. Mais dès
la restauration, le royaume de France considérant que les intérêts de la France
ont été gravement atteints par l'indépendance de l'île exige des réparations
financières. La jeune république devra verser à l'ancien colonisateur la somme
colossale de 90 millions de francs-or. Le versement prévu pour commencer en
1825 et pour s'étaler sur 30 ans durera une centaine d'années. Cette ponction
financière a toujours laissé un mauvais souvenir aux haïtiens à telle enseigne
qu'en 2003 Aristide a encore réclamé le remboursement de cette somme qui réévaluée
s'élève à environ 20 milliards de dollars (alors que le PIB actuel d'Haïti
n'atteint que 15 milliards de dollars). Ainsi donc la France, après avoir
exploité la terre haïtienne, qui était à l'époque la perle des colonies et
lui fournissait sucre, café, cacao l'a ensuite saigné à blanc financièrement.
Le nom du général Toussaint Louverture qui conduisit la guerre d'indépendance
est resté attaché à cet épisode glorieux de la première décolonisation de
l'histoire bien que celui-ci, capturé par les troupes françaises avant la
fin des combats, ait fini ses jours emprisonné dans le fort de Joux dans le
Jura.
La France ainsi écartée, c'est au tour des Etats-Unis de s'intéresser à Haïti.
Passée la guerre de sécession et la conquête de l'ouest achevée, les Etats-Unis
mettent la main progressivement sur ce qu'ils continuent à appeler leur arrière-cour
: Caraïbes, Amérique centrale et jusqu'aux Philippines. Ils vont occuper militairement
l'île pendant 20 ans de 1915 à 1934 et l'assujettir économiquement. La première
action des marines débarquant à Haïti en 1915 a été le vol du stock d'or de
la banque centrale haitienne pour le transférer aux Etats-Unis. Spoliation,
encore une fois !
Après la deuxième guerre mondiale et une période d'instabilité l'île entre
dans l'ère Duvalier, double dictature sanglante du père et du fils qui, de
1957 à 1986, vont maintenir l'île dans le sous-développement et l' installer
durablement dans un climat de terreur avec leurs fameux tontons macoutes.Les
latifundiaires restent maîtres de la terre haïtienne où il ne manque aux ouvriers
agricoles que le nom d'esclaves et quelques ateliers délocalisés des Etats-Unis
où règnent des conditions de travail lamentables, se créent. Bébé Doc., Duvalier
fils, est renversé par un coup d'état en 1986 et trouve refuge en France.
La France et les Etats-Unis qui viennent d'envoyer des militaires pour
" maintenir l'ordre " ne font en vérité que maintenir l'ordre colonial ou
néocolonial qui, en dépit de nombreux coups d'état entre groupes dirigeants
rivaux, n'a été vraiment troublé que par le période Aristide.
Jean Bertrand Aristide, prêtre des bidonvilles, élu président de la république
en 1990, est en effet le premier dirigeant qui soit porteur des aspirations
populaires depuis l'indépendance. Son programme politique, inspiré de la théologie
de la libération, suscite l'opposition immédiate des Etats-Unis qui ne veulent
pas voir la seconde grande île des Caraïbes après Cuba échapper à leur contrôle.
L'élise catholique elle-même qui, après l'élection de Jean-Paul II, contrecarrera
le mouvement de la théologie de la libération, lâchera Aristide et le poussera
à abandonner son sacerdoce. Sitôt après son élection, l'administration Bush
(père) suscite un coup d'état militaire. Aristide réussit à s'enfuir au Venezuela
et gagne ensuite les Etats-Unis où il a le soutien de nombreux leaders noirs
et d'immigrés haïtiens. Il n'est resté au pouvoir que 8 mois. La junte militaire
dirigée par le général Cedras exerce un pouvoir brutal pendant 3 ans, se soumet
totalement aux exigences du FMI et de la Banque Mondiale, rembourse les prêts
antérieurs et s'endette à nouveau en échange d'une réduction des services
publics déjà rudimentaires. Cette politique entraîne le mécontentement de
la population qui avait entrevu brièvement un espoir d'amélioration de sa
situation. Pour éviter de graves troubles, l'administration Clinton, monte
une manœuvre machiavélique. Elle propose de réinstaller Aristide dans ses
fonctions : donc triomphe apparent de la démocratie contre les putschistes
mais elle fait signer à Aristide des documents par lesquels il s'engage à
" la réconciliation nationale " en clair à renoncer à toute politique progressiste
en faveur des plus démunis. Cet accord obtenu, se déroule l'opération " Restore
democracy " qui voit 20000 soldats US remettre à son poste un Président élu
chassé par des putschistes. Du jamais vu !
Ce verrouillage politique d'Aristide lui interdira de mener autre chose qu'une
politique néolibérale au service des latifundiaires et des propriétaires des
usines délocalisées (on les appelle en anglais des " ateliers de la sueur
", rappel de la malédiction biblique si chère aux intégriste chrétiens à la
mode Bush junior : " Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front "). Une
fois réinstallé à la Présidence, Aristide va faire preuve d'un légalisme à
toute épreuve : il respecte les engagements pris avec Clinton, il achève son
mandat à la date prévue sans décompter les 3 années d'exil et il ne se présente
pas aux présidentielles de 1996, la constitution haïtienne interdisant à un
Président d'effectuer deux mandats consécutifs.Sa seule décision importante
aura été la dissolution de l'armée haïtienne toute infiltrée de putschistes
et la formation d'une police nationale qu'il espère plus loyale. Il est remplacé
par René Preval qui appartient à son parti mais se voit lui aussi imposer
par le FMI des contraintes financières encore plus sévères que les précédentes
: il lui est par exemple demandé de supprimer les enseignants " excédentaires
" alors que plus de la moitié de la population est analphabète !
Mais les putschistes de 1991 soutenus par le parti républicain aux Etats-Unis,
par les grands propriétaires fonciers, la fraction riche de l'immigration
haïtienne aux Etats-Unis et les industriels n'ont pas disparu. Les plus dangereux
sont réfugiés dans la république dominicaien voisine et ils préparent leur
revanche. Dans ce climat très menaçant, Aristide se replie. Il s'enferme dans
une villa-bunker, s'entoure d'une garde personnelle et crée un nouveau parti
dissident de celui au pouvoir. Il garde cependant des partisans qui eux aussi
se préparent à des temps difficiles et s'arment sommairement : presque la
routine, Haïti a connu 35 coups d'état en 200 ans, soit en moyenne un tous
les six ans.
Une tentative de putsch a lieu en Octobre 2000 pendant un voyage à l'étranger
de René Préval mais elle échoue. Préval achève son mandat et Aristide peut
à nouveau, dans le respect de la constitution, se présenter à l'élection présidentielle.
Ne voulant pas d'un nouveau succès électoral d'Aristide, qui avait obtenu
en 1990 67% des voix dans un scrutin considéré par les nombreux observateurs
internationaux présents comme régulier, l'opposition boycotte les élections.
Aristide obtient 90 % des suffrages exprimés mais le boycott et les menaces
dont il était assorti ont conduit à un taux de participation très faible.
Aristide est donc élu mais l'opposition peut commencer sa campagne pour le
délégitimer.
La victoire électorale de Bush - les républicains n'ont jamais digéré le rétablissement
d'Aristide par Clinton - et le triomphe de la droite en France en 2002 vont
sceller son destin et les incidents du début 2004 n'auront été que le prétexte
d'une opération préparée de concert par Paris et Washington dès 2003.
Deux français suivent l'opération : Régis Debray et Dominique de Villepin,
sœur du Ministre des Affaires Etrangères. Régis Debray ira salir le dernier
vernis d'ancien militant tiers mondiste, ami du Che, qui lui reste encore
en allant lui-même demander à Aristide de démissionner à Port au Prince en
Décembre 2003. Le Président refuse. La préparation du nouveau coup d'Etat
est manifeste quand les Etats-Unis et la France font pression pour le boycott
international des cérémonies de célébration du 200° anniversaire de l'indépendance
d'Haïti le 1 Janvier 2004.Un seul chef d'Etat sera présent : le sud africain
Thabo Mbeki.
Dès lors, les évènements se précipitent : en Janvier, l'opposition refuse
de désigner ses délégués à la commission électorale ce qui empêche d'organiser
le scrutin pour le renouvellement des députés et des deux tiers du Sénat.
Aristide, toujours respectueux de la Constitution, se soumet. Il n'y a plus
de parlement et l'opposition n'hésite pas à clamer qu'il veut instaurer une
dictature !
Parallèlement s'organise la préparation de l'action militaire du putsch. Des
groupes armés soigneusement formés et équipés en République Dominicaine franchissent
la frontière et commencent l'occupation du pays. La république dominicaine
est en effet une alliée fidèle des Etats-Unis depuis le renversement par l'armée
US en 1963 du président progressiste Juan Bosch et elle est le seul pays de
la région des Caraïbes à avoir envoyé un contingent en Irak. Elle a donc laissé
les groupes terroristes haïtiens s'installer, s'entraîner sur son sol et passer
la frontière en Janvier 2004.Mais il ne lui sera fait aucun reproche, ce terrorisme
là a carte blanche. Le 29 février les forces spéciales des Etats-Unis qui
sont déjà présentes sur place enlèvent le Président Aristide qui se retrouve
quelques heures plus tard accueilli et en pratique séquestré dans le palais
présidentiel de la République Centrafricaine à Bangui. Le choix de ce lieu
d'exil est une confirmation éclatante de l'implication directe de la France
dans le coup d'Etat. En effet, le chef de l'état centrafricain le général
Bozizé est lui-même un officier putschiste qui après avoir échoué une première
fois à prendre le pouvoir par les armes s'est replié à Paris et a réussi à
sa deuxième tentative en 2003.
Pour assurer le soi-disant " maintien de l'ordre ", les marines US et le Régiment
d'infanterie de marine français basé en Martinique débarquent à Haïti avant
même que le Conseil de Sécurité de l'ONU réuni en urgence ne couvre l'opération.
Bref une opération de brigandage international menée par deux membres permanents
du Conseil de Sécurité de l'ONU se trouve validée par le dit Conseil. Les
autres membres laissent faire : Haiti fait partie de leur sphère d'influence
et ne mérite pas un affrontement diplomatique.
Quelques personnages-clés
du putsch
Du côté des
terroristes
Du côté des civils :
Le principal personnage, celui que la presse française a tenté de présenter
comme le porte-parole de la " société civile " : Andy Paid, n'est même pas
haïtien. Citoyen des Etats-Unis d'origine haïtienne li n'a pas la double nationalité
qui n'existe pas entre les deux pays. Cela ne l'empêche pas d'être le propriétaire
sur l'île sous l'étiquette ALPHA INDUSTRIES de nombreux ateliers de sous-traitance
employant 4000 personnes où les ouvriers et ouvrières haïtiens sont sur exploités
pour des salaires de 0,65 $ par jour pour des semaines de 78 heures et dont
les principaux clients sont : IBM, Remington, Honeywell, et Sperry/Unisys.
Pour la façade et pour sauver les apparences, la " convergence démocratique
" dont Andy Apaid est le leader et les paramilitaires ne travaillent pas la
main dans la main. Aucune importance : la coordination de leurs activités
est effectuée directement à Washington par Richard Noriega, spécialiste des
coups tordus en Amérique Centrale et par Colin Powell lui-même.
Quelques données économiques
Selon la classification de l'ONU, Haïti fait partie des pays les moins
avancés du monde (PMA)
Ce coup d'état international organisé par les Etats-Unis et la France soutenus par le Canada et le Chili est une menace supplémentaire pour la toute proche île de Cuba qui reste plus que jamais dans le collimateur de Bush.
A titre de commentaire sur cette menace, nous nous contenterons de comparer quelques données sociales sur ces deux pays où les conditions naturelles sont très semblables mais où les conditions politiques sont différentes :
Cuba | Haïti | |
Espérance de vie à la naissance | 76,5 | 49,1 |
Mortalité infantile | 7,3 pour mille | 63,2 pour mille |
Taux d'alphabétisation des adultes | 96,8 % | 50,8 % |
Taux de scolarisation | 76 % | 52 % |
Nombre de médecins/1000 habitants | 5,3 | 0,16 |
Dépense publique pour l'éducation | 8,5 % du PIB | 1,1 % du PIB |
Chypre : un nouveau
coup tordu de Bush contre l'Europe
Malgré les efforts
de Kofi Annan et de l'Union européenne qui voudraient bien voir cesser l'occupation
turque du Nord de l'île, Bush, confirmant le déplacement massif du dispositif
US en Europe vers l'Est manœuvre au contraire pour empêcher la réunification
en lançant le projet d'un énorme base militaire US dans la partie turque.
Du point de vue militaire, Chypre est un endroit remarquable pour surveiller
la navigation en Méditerranée, pour intervenir militairement et contrôler
l'activité pétrolière au Moyen-Orient au Maghreb et autour de la Caspienne.
La Syrie est à quelques minutes de bombardiers de ce porte avions naturel.
Certains journaux grecs évoquent même la transformation de la zone turque
en territoire sous mandat à l'image du statut octroyé par la Société des Nations
après la première guerre mondiale au Liban, à la Syrie et à la Palestine.
En réponse, la diplomatie européenne en visite à Ankara essaie d'aplanir les
désaccords entre la Turquie et l'Union Européenne et tente probablement d'obtenir
du gouvernement turc un engagement de libérer la partie Nord de Chypre avant
la date butoir du Premier Mai 2004 en échange d'un engagement officiel de
l'Union à ouvrir les négociations pour l'adhésion de la Turquie.