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Bulletin 98

Semaine 20- 2004

La Russie au miroir tchétchène
L´assassinat d´Ahmad Kadyrov, président de la république autonome de Tchétchénie a été de nouveau l´occasion de parler de ce pays ensanglanté par un conflit marqué par des temps de guerre ouverte et des temps de repli et qui dure depuis plus de 10 ans.
Ce tout petit pays - grand comme 2 ou 3 départements français - 15000 km2 - et peuplé d´environ 1,2 millions d´habitants est, depuis la fondation de l´URSS, une république de la fédération de Russie et donc n´était pas, à la différence de ses voisins du Sud Caucase comme la Géorgie, un état constitutif de l´Union (URSS). A l´image de très nombreuses petites républiques de la fédération de Russie, la Tchétchénie dispose d´un gouvernement autonome et utilise sa propre langue, une des nombreuses langues caucasiennes.
La partie Sud du pays est très montagneuse et la plaine centrale, où se trouve la capitale Groznyï, orientée d´Est en Ouest et qui se prolonge à l´Est et à l´Ouest est un important axe de transport où passent routes, voies ferrées et pipelines, un fort maillon du réseau de transport du Sud de la Russie.

La Russie en triste état
Si, rétrospectivement la politique de Gorbatchev peut être analysée comme une politique de détente internationale et une tentative pour sortir de la guerre froide, il est clair que cette politique a été interprétée aux Etats-Unis comme une manifestation de faiblesse et que loin de déboucher sur une politique d´apaisement elle a conduit la classe dirigeante étasunienne à saisir cette occasion historique et à organiser la capitulation et la reddition de l´adversaire. Cette politique, favorisée par la perte de toute aura progressiste de l´URSS au plan international, a obtenu des résultats spectaculaires :

A partir de 92, La libéralisation des prix déchaîne une inflation énorme. Les prix sont multipliés par 25 en 92, 8 en 93, 2 en 94 et le rythme ne ralentira vraiment qu´à partir de 99.
Quelques chiffres traduisent cet effondrement : le PIB de la Russie baisse de 4% en 90, 5% en 91, 14% en 92, 9% en 93, 13% en 94, 4% en 95, 3% en 96 et à nouveau de 5% en 98 après une légère hausse en 97. Il s´agit donc d´un véritable effondrement, une baisse du PIB d´environ 60% en une décennie, confirmée par les statistiques de consommation électrique, mesure physique plus sûre et qui suit la même pente.

En Occident cette période calamiteuse, cette débâcle, était connue avec précision par les gouvernements étrangers, les banques, les hommes d´affaires, les ambassades et ce d´autant plus facilement que l´ouverture libérale des frontières facilitait la circulation des personnes et de l´information. Mais elle a été enjolivée par les idéologues de service et présentée comme un temps nécessaire d´adaptation à l´économie de marché et à la démocratie. Il faut donc rappeler et souligner que le prix payé par la grande majorité de la population a été extraordinairement lourd. Deux calembours populaires illustrent bien la période : « PRIKHVATIZATSIA » qui veut dire « mettre la main- tisation » et « DERMOKRATIZATSIA » qui veut dire « merdocratie ».
Les gouvernements et les multinationales occidentales se sont contentés :

La privatisation a consisté à vendre les propriétés d´Etat pour une bouchée de pain dans une monnaie évanescente. Souvent même il y eu appropriation de fait, c'est-à-dire vol, par les anciens managers soviétiques protégés par des bandes armées. La débâcle monétaire a conduit les nouveaux dirigeants à préférer les trafics de devises à la production. L´Etat démantelé encaisse difficilement les impôts, paye de plus en plus mal ou pas du tout des fonctionnaires qui survivent comme ils peuvent en touchant des pots de vin ou en vendant pour leur compte les biens de l´administration. L´armée elle-même n´échappe pas à cette dérive et comme elle dispose de ses propres moyens de transport elle peut assurer elle-même les livraisons.Une des grandes frayeurs des services de renseignement occidentaux a d´ailleurs été l´exportation clandestine de matériel nucléaire. C´est dans ce contexte qu´émergent les « oligarques », nouveaux milliardaires en dollars enrichis sur les ruines du pays et les mafias qu´ils utilisent pour leur protection, leurs holds-ups industriels et leurs divers trafics. Les observateurs russes nommeront cette période « Capitalisme de rapine ».
La poursuite de cette involution pour encore une décennie ou deux aurait de bonnes chances de déboucher sur un éclatement de la Russie dans des secousses dont la longue crise yougoslave peut donner, bien qu´à une échelle très réduite, un avant-goût.

Le pétrole tchétchène
Dans les premières années du XX° siècle la Russie produit la moitié du pétrole mondial. Les principaux champs pétroliers sont en Azerbaïdjan sur la Caspienne dans la région de Bakou et en Tchétchénie où la production commerciale commence en 1883 et représentera prés de 20% de la production nationale en 1915.
Comme dans les autres régions de la Russie tsariste, l´exploitation pétrolière attire à l´époque les capitaux étrangers, principalement anglais. Après la révolution bolchevique la production tchétchène va continuer à occuper jusqu´à la seconde guerre mondiale une place importante dans la production soviétique. Son déclin - gisements vieillissants et mise en exploitation des nouveaux gisements dans l´Oural et en Sibérie - n´interviendra qu´à partir des années 50. A la chute de l´URSS, le pétrole tchétchène ne couvre plus que des besoins régionaux. Cependant ce glorieux passé pétrolier explique la présence en Tchétchénie d´une industrie pétrolière développée et l´existence d´un réseau de pipelines et de gazoducs inséré dans le dispositif d´ensemble de l´industrie pétrolière soviétique puis russe.

Les frontières incertaines : la Tchétchénie passage et passoire
La guerre de Tchétchénie ne se limite pas au territoire de la petite république. Les Seigneurs de la guerre et leurs milices connaissent bien le terrain aux alentours et profitant des difficultés du relief (au Sud, le Caucase culmine au dessus de 5000 m) circulent en Ingouchie à l'Ouest, au Daghestan à l´Est en Abkhazie au Sud et pénètrent en Russie pour mener des contre-attaques et interviennent à l´occasion dans d´autres conflits. Ainsi Chamil Bassaiev a-t-il soutenu les autonomistes abkhazes contre le gouvernement géorgien en 91 tandis que Gelaiev et sa milice sont, à la demande du gouvernement géorgien, intervenus militairement contre les mêmes autonomistes abkhazes. On peine quelquefois à trouver une explication politique à ces actions et il faut donc garder valide l´hypothèse d´interventions mercenaires moyennant finances ou fourniture d´armes.
Parmi les principales voies de passage des milices citons les gorges du Pankasi reliant la Georgie à la Tchétchénie et celles de Kantori reliant l´Abkhazie à la Tchétchénie. Ces gorges sont régulièrement utilisées comme bases de repli des groupes combattants lorsqu´ils sont poursuivis par l´armée russe. Impuissant ou complice, le gouvernement géorgien d´Edouard Chevardnadze a toujours laissé faire. Le nouveau gouvernement géorgien si prompt à proclamer sa volonté de rétablissement de l´autorité de l´Etat va-t-il continuer à laisser faire ? La réponse risque d´être élaborée plus à Washington dont les forces spéciales sont présentes en Géorgie et qui assure l´entraînement de l´armée géorgienne, qu´à Tbilissi.

Rappels historiques
Dés Le 27 Novembre 90 ; la république tchétchène tente de profiter du mouvement de dislocation de l´URSS et proclame sa souveraineté d´Etat. Mais elle fait partie de la Fédération russe et Eltsine qui vient de prendre le pouvoir, s´il est favorable à la disparition de l´URSS que dirige encore son rival Gorbatchev, n´est pas favorable à un éclatement de la Russie.
La véritable déclaration d´indépendance a lieu le 27.10.1991 après la dissolution de l´URSS. Djokhar Doudaev devient président et proclame la Tchétchénie Etat souverain à compter du 01.11.1991. Doudaev est un général de l´armé russe. Originaire de Tchétchénie où il n´a jamais vécu il voit dans l´indépendance une façon de se tailler un fief comme d´autres s´emparent d´usines ou de mines de charbon dans ce moment du pillage sauvage des biens de l´URSS défunte. Cette indépendance rencontre certainement un sentiment populaire anti-russe favorisé par le souvenir de la déportation de masse des tchétchènes au Kazakhstan par Staline, mais ne résulte pas plus qu´en Ukraine ou en Ouzbékistan d´une lutte d´indépendance nationale.
Paradoxalement, c´est un autre tchétchène : Rouslan Kasboulatov qui est élu Président du Parlement russe (Soviet suprême) le 29 Octobre 1991.
Eltsine ne laisse pas faire et instaure l´état d´urgence en Tchétchénie. Mais il n´est pas suivi par le Soviet Suprême et finit par ordonner le retrait des troupes russes. La Tchétchénie, dirigée par un ancien général de l´armée russe, s´installe dans une sorte d´indépendance de fait car Moscou qui refuse clairement l´indépendance a, à ce moment là, d´autres soucis plus importants.
Ceci n´empêche que les tchétchènes conservent un poids tout particulier dans la vie politique de la Fédération de Russie qui se joue pour l´essentiel à Moscou mais pas dans les institutions officielles.Les années 91 à 94 voient en effet le pouvoir réel partagé entre le gouvernement et le grand banditisme et les gangsters tchétchènes vont occuper puissamment la scène.
Ils se sont installés à Moscou dès la fin des années 80 au moment où les nouvelles entreprises privées initiées par Gorbatchev sous l´appellation trompeuse de «coopératives » sont créées. Les groupes tchétchènes s´emparent très rapidement des restaurants, hôtels, et autres commerces et marginalisent le milieu moscovite dont les principaux chefs sont encore en prison (ils seront libérés ensuite).Leur méthodes sont très violentes et ils sont redoutés.
Ces bandes conservent des liens très étroits avec le pays que l´armée russe a quitté en abandonnant sur place ses dépôts d´armes, où ils ont leurs entrées au gouvernement indépendantiste et où ils peuvent organiser, hors de tout contrôle, le trafic des armes, la fabrication de fausse monnaie, le transit de la drogue en provenance d´Afghanistan et du triangle d´or et la transformation sur place de l´opium en héroïne. Des liens étroits commencent alors à se tisser avec les seigneurs de guerre afghans qui mettent à disposition leurs hommes et leur savoir faire dans la lutte antisoviétique.De son côté le gouvernement s´approprie les recettes pétrolières des entreprises russes qui assurent l´extraction, le raffinage et le transport du pétrole, qu´il soit local ou qu´il transite en provenance de l´Azerbaïdjan à destination du port russe de Novorossisk plus à l´Ouest. La Russie est impuissante, d´autant plus qu´une partie des militaires et des fonctionnaires russes en poste sur place , mal payés ou pas du tout, trempent dans tous ces commerces et que les bandes tchétchènes qui, à Moscou, sont associées avec les nouveaux riches dont elles assurent la sécurité, sont protégées. Ces bandes prennent ainsi le contrôle de la chaîne de magasins d´Etat Beriozka et du commerce des automobiles d´importation, commerce en plein essor, tous les nouveaux riches voulant rouler en Mercedes ou en BMW.
C´est dans cette activité qu´elles vont rencontrer Boris Berezovski, un des principaux « oligarques », ces jeunes milliardaires sans scrupules ayant fait fortune dans le rachat à vil prix des entreprises d´Etat et dans les trafics financiers rendus possibles dans cette période de capitalisme sauvage que va connaître la Russie à partir de 1992. Dans cette phase, où le gouvernement russe veut privatiser tout ce qui peut l´être, ces affairistes ont la faveur du pouvoir qui voit en eux la future élite dirigeante du pays. Bien entendu, l´Occident soutient et encourage ce processus qu´il met en oeuvre dans le monde entier. Pour ce qui le concerne, Berezovski a mis la main sur les usines automobiles où se fabriquaient les fameuses Lada et au lieu de les moderniser il transforme l´entreprise en importateur de voitures étrangères.
Mais les bandes tchétchènes ne sont pas seules et s´affrontent violemment avec les bandes slaves qui veulent leur part du gâteau. Une véritable guerre des gangs s´installe à Moscou et dans les grandes villes et pour une grande partie de la population qui traverse une période de crise économique dramatique « tchétchène » devient synonyme de bandit.
Simultanément s´intensifient les tensions politiques qui connaîtront un temps fort en Octobre 93 au moment où Eltsine fait donner l´assaut au Parlement qui trouve que la « transition » vers le capitalisme libéral est trop brutale et s´oppose à lui. Malgré ce coup de force militaire, les élections de Décembre 93 sont un échec pour les libéraux et une forme de désaveu pour Eltsine qui doit temporiser. Il lui faut donc tenter de restaurer un peu l´ordre public et intervenir en Tchétchénie est un bon moyen de donner à croire que l´Etat rétablit son autorité en reprenant le contrôle militaire de la Tchétchénie et en « calmant » les bandes tchétchènes. Il est aidé en sous main par les « oligarques » qui craignent d´être dépassés par la guerre des gangs et favorisent un armistice entre bandes slaves et bandes tchétchènes.
La première démarche est politique. Une négociation avec Doudaiev a lieu mais celui-ci se sent très fort, reste intransigeant et exige la reconnaissance immédiate et totale de l´indépendance. Il a en effet beaucoup voyagé depuis son accession au pouvoir : Arabie Saoudite, Turquie, Chypre, Liban, Bosnie Herzégovine et a recruté ici et là des combattants islamistes bien formés.Il veut également tirer profit de la signature de nouveaux contrats par des pétroliers anglo-saxons (en particulier par Chevron où officie alors Condoleeza Rice) en Azerbaïdjan et qui vont provoquer le transit de grandes quantités de pétrole - et les recettes correspondantes- par le pipeline transtchétchène. Moscou envisage alors une opération militaire pour le chasser. L´affaire est délicate car les généraux russes qui vendent des armes en Tchétchénie voient se profiler la menace d´une cessation de leur fructueux commerce et d´autres, bien informés du niveau d´équipement de l´armée et des milices tchétchènes, ne sont pas trop chauds pour en découdre. Finalement Eltsine l´emporte.
Une première opération est lancée le 26 Novembre 1994 pour faire tomber Doudaiev et le remplacer par son opposant local Oumar Avthoukhanov. Mal préparée et probablement ébruitée elle est un échec lamentable.La vraie guerre commence le 11 Décembre 1994. Les combats sont très violents et Groznyï tombe fin Janvier 95. L´armée russe mal organisée,sans appui aérien ce qui rend les colonnes de chars très vulnérables, formée de conscrits très jeunes (18 ans), obéissant plus ou moins bien au commandement central (on cite des cas où les officiers russes acceptaient des pots de vin pour relâcher des combattants tchétchènes). Les groupes tchétchènes (armée et milices diverses) se réfugient dans la montagne et un calme relatif revient.
En Juin 95, le chef de guerre Chamil Bassaiev pénètre profondément en territoire russe, s´empare de la mairie et de l´hôpital de Boudionnovsk et prend en otages 1500 personnes. Encerclé par les troupes russes, il fait exécuter des otages et exige de repartir libre avec ses hommes et d´autres otages. Le premier ministre russe, à l´époque Viktor Tchernomyrdine, cède et un cessez-le-feu s´installe dans les faits. Mais les élections présidentielles russes, fixées en Juin 96, approchent et Eltsine doit montrer à nouveau sa détermination. Il lui faut marquer un point. Ce sera fait en Mai 96. Un missile téléguidé tue Doudaiev, repéré par son téléphone portable. Eltsine arrive de justesse en tête au premier tour (35% des voix contre 32 % à son adversaire communiste).
Cette élection a vu l´entrée en scène du général Lebed qui apparaît comme un nationaliste dur soucieux de rétablir l´autorité de l´armée. Sa candidature, soutenue en coulisses par les Oligarques qui entourent Eltsine et en particulier Boris Berezovski, qui, après l´automobile, s´est emparé des télévisions privées et détient de ce fait un grand pouvoir médiatique, permet de diviser l´opposition et va empêcher la victoire des communistes. Lebed se voit récompensé par sa nomination comme secrétaire du Conseil de Sécurité et conseiller personnel d´Eltsine.
Cette nomination donne le signal de la reprise des combats .En août 96, Bassaiev reprend Groznyi et inflige de lourdes pertes à l´armée russe.
Lebed opte pour la négociation et un accord de paix, qui prévoit une indépendance limitée de la Tchétchénie devant être instaurée en 2001 après une période de transition, est signé au Daghestan le 3 Septembre. Il ne sera jamais mis en application, aucune des deux parties ne s´y intéressant vraiment. Il s´agit donc pratiquement d´un armistice et rien de plus. Lebed est critiqué à Moscou et rapporte lui-même les commentaires de Boris Berezovski après la signature de l´accord de paix «Vous avez ruiné une belle affaire ! Tout allait bien. Ils s´entretuaient ? Et alors ? Ils se sont toujours entretués et s´entretueront toujours ! »
Pas surprenant qu´en Octobre, Lebed soit limogé et remplacé par Berezovski comme secrétaire général adjoint du Conseil de Sécurité. Comme l´écrivent à l´époque certains journalistes russes «Le renard garde le poulailler ! » En effet, en Tchétchénie la période est au commerce des otages (plus de 1000 enlèvements par an et aux arrangements d´affaires. Boris Berezovski qui a maintenant des intérêts dans le pétrole (il a pris le contrôle de la société pétrolière sibérienne SIBNEFT avec son compère Abramovitch) veut prendre sa place dans les affaires pétrolières tchétchènes et sait comment ne pas avoir d´ennuis. Il suffit de partager le gâteau avec le gouvernement dirigé par Mashkadov et les chefs de guerre locaux - Chamil Bassaiev, Salman Roudaiev et le fondamentaliste islamiste Mouloud Oudougou - qui conservent leur liberté d´action.

Ce n´est plus le pétrole tchétchène lui-même qui rend la Tchétchénie stratégique mais le transport du pétrole de la Caspienne vers le port russe de Novorossisk via Groznyï en attendant la construction du fameux pipeline Bakou-Tbilissi-Ceyhan qui, en conduisant le pétrole de la Caspienne directement sur la côte méditerranéenne de la Turquie, court-circuitera une bonne fois pour toutes les pipelines russes. Mais il n´est à l´époque que le projet chéri des Etats-Unis et de BP sa construction ne démarrera qu´en 2002.
De 96 à 99, Moscou s´intéresse peu à la Tchétchénie. Eltsine est de plus en plus malade, son entourage de plus en plus corrompu, la crise financière de 98 est dramatique et le FMI maintient l´Etat russe à flot pour éviter un effondrement aux conséquences imprévisibles.
Pendant ce temps, la situation internationale s´est transformée. Les talibans ont pris le pouvoir en Afghanistan avec la bénédiction des USA et le soutien actif du Pakistan et le fondamentalisme islamique dispose désormais d´un sanctuaire d´où il va rayonner. Les chefs de guerre tchétchènes s´inscrivent dans ce mouvement et la Tchétchénie prend sa place dans les migrations de combattants islamistes qui circulent facilement entre la Bosnie, L´Afghanistan, le Soudan...comme dans leur formation et dans leur équipement.
A Moscou, l´heure est à la succession d´Eltsine. Les oligarques et l´Occident qui les soutient - les partenariats financiers se multiplient - veulent empêcher l´élection à la Présidence du nouveau premier ministre Evgueni Primakov. Celui-ci ne leur est pas lié. Diplomate issu de l´ancien régime - il a été membre du Bureau Politique du PCUS - et considéré comme honnête, il est conscient de la débâcle interne et de la perte d´influence internationale de la Russie qui sera concrétisée par le bombardement de la Yougoslavie en 99. Il tente donc d´apporter une certaine stabilisation au régime et d´échapper à l´influence des affairistes.Les Oligarques vont donc jouer la carte Poutine en pensant pouvoir le contrôler. Les évènements ultérieurs leur donneront tort. L´installation à Moscou d´un pouvoir plus ferme suscite inévitablement un réveil des indépendantistes tchétchènes qui passent à l´attaque avant d´être attaqués. L´offensive est conduite au Daghestan par les milices de Chamil Bassaiev et de Khattab, un saoudien, nouveau venu sur le terrain.
Le pays est majoritairement prorusse mais les islamistes ont des bases dans des villages de l´Ouest du pays.
Pour Moscou, lâcher le Daghestan serait un nouvel échec et une étape vers l´éclatement complet de la fédération de Russie. L´armée russe intervient et l´opération des milices tchétchènes échoue. Le 24 août 99 elles se replient en Tchétchénie. C´est une victoire pour Poutine. La riposte ne tardera pas et prendra la forme d´attentats au Daghestan le 4 septembre, à Moscou le 9, à Volgondosk le 16. En Occident, la grande presse a très vite attribué ces attentats aux services secrets russes, mais deux anciens collaborateurs d´Eltsine, Youri M. Batounine et Gueorguei Seleznev écrivent dans leurs mémoires qu´il s´agissait bien de la riposte des tchétchènes. Considérant que le gouvernement tchétchène est complice de l´action de milices au Daghestan, l´armée russe pénètre en Tchétchénie en Octobre 99. La deuxième guerre de Tchétchénie est commencée et va apporter comme la précédente son cortège d´horreurs. Conscient de la nécessité d´une solution politique, Poutine va favoriser la prise de pouvoir par Ahmad Khadyrov en remplacement de Mashkadov qui est destitué et s´exile. Kadhyrov, musulman modéré, proche du soufisme, a combattu les russes pendant la première guerre de Tchétchénie. Il a été élu grand mufti et devient président de la Tchétchénie en 2003. Après avoir découragé tous ses concurrents il est élu dans des conditions douteuses mais ni plus ni moins qu´en Azerbaïdjan ou en Georgie. Il faut simplement observer qu´en Occident, les commentaires sur ce type d´élections dépendent plus de l´orientation des élus que de la régularité des processus électoraux.
Kadhyrov est en phase avec la nouvelle politique russe qui vise à rétablir des liens diplomatiques plus étroits avec les pays musulmans et dont la visite officielle du prince Fahd d´Arabie à Moscou en 2003, la première du genre, est la manifestation la plus spectaculaire puisqu´elle ouvre un dialogue entre les deux premiers producteurs de pétrole du monde dans le dos du premier consommateur : les Etats-Unis.
Ce rapprochement de la Russie et les pays musulmans sera également marqué par le très bon accueil réservé à Poutine par l´Organisation des pays islamiques réunie en Congrès en Malaisie à l´automne 2003.
En Janvier 2004 Khadyrov se rend lui-même en Arabie Saoudite. Ainsi, dans les affrontements entre les différents courants de l´Islam, la Russie et la Tchétchénie de Khadyrov ont fait le choix de s´appuyer sur les gouvernements musulmans en place contre les terroristes islamistes.
L´assassinat de Khadyrov est donc un signe que les fondamentalistes islamistes sont déterminés à éliminer tous ceux - et d´abord les musulmans - qui s´opposent à eux. La revendication de l´attentat de Groznyï par Chamil Bassaiev en est la confirmation. Leurs intérêts coïncident, une nouvelle fois, avec ceux des Etats-Unis qui sont désormais conscients que la résistance de la Russie à son dépeçage et à sa totale colonisation économique par les intérêts occidentaux est une donnée incontournable qui les conduit à intensifier leurs interventions dans la région caucasienne (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan)

Portrait posthume d´Ahmad Khadyrov et de quelques chefs de guerre tchétchènes
On a beau chercher, essayer de se rassurer en appliquant une grille de lecture classique genre : Front de libération nationale contre armée coloniale d´occupation, le cas tchétchène rentre mal dans ces schémas.Du côté des tchétchènes combattant pour l´indépendance les leaders sont nombreux et n´ont pas d´intérêts stratégiques communs, tout au plus des alliances tactiques passagères. Il y a des nationalistes comme Aslan Mashkadov président démis par Moscou et aujourd´hui en exil, des chefs de guerre comme Chamil Bassaiev ou Khattab, islamistes radicaux adeptes du wahhabisme et liés à des réseaux terroristes internationaux, des opportunistes comme Arbi Barayev. Ils peuvent être tchétchènes ou étrangers comme Khattab tué début 2004 et remplacé par Abu Whalid qui s´est autoproclamé émir des moudjahiddins tchétchènes. Il y aussi des inclassables comme Ruslan Gelayev, organisateur de la défense de Groznyï au début de la seconde guerre de Tchétchénie et qui aurait été abattu au Daghestan début 2004.

Khadyrov
Ahmad Khadyrov est né en au Kazakhstan dans une famille déplacée par Staline en 1942. Il rentre en Tchétchénie et travaille comme maçon jusqu´en 89. Il suit les cours de l´école coranique et se retrouve combattant dans la première guerre de Tchétchénie. Remarqué il devient grand mufti de république tchétchène d´Ichkeria (dénomination donnée au pays par les rebelles) Après la mort de Doudaev dont il est proche, il entre en conflit avec son successeur Zelimkhan Yandarbayev. Le désaccord est à la fois politique et religieux et prend forme en 98. Yanderbayev, qui sera abattu en Février 2004 au Qatar par des agents russes, est un fondamentaliste wahhabite, ami des talibans, qui prêche l´extension de la guerre sainte aux républiques voisines à commencer par le Daghestan, ce que fera Bassaiev en 99. Khadyrov, proche du soufisme, est en désaccord avec cette forme d´internationalisation du conflit et apparaît donc comme plus modéré, ce qui lui vaudra les faveurs de Moscou.

Khattab
De son vrai nom Samir Saleh Abdullah Al Suwailan, Khattab est né en Arabie saoudite en 1969. A 17 ans il part combattre l´armée rouge en Afghanistan. Il y rencontre Ben Laden et le mollah Omar. On le retrouve au Tadjikistan où il combat contre le gouvernement aux côtés des fondamentalistes musulman. Il arrive en Tchétchénie en 95 où il met sur pied une milice de combattants arabes.Il se lie avec Bassaiev, le plus célèbre des chefs de guerre et organise avec lui l´expédition de 99 au Daguestan qui sera le point de départ de la seconde guerre de Tchétchénie.Il serait mort en Mars 2002 tué par les services secrets russes au moyen d´une lettre empoisonnée. Il avait l´habitude de filmer ses combats et ses victimes.

Barayev
Arbi Barayev naît en Tchétchénie en 197. E, 91 il est membre des forces de sécurité tchétchènes et garde du corps de Zelimkhan Yandarbayev qui deviendra plus tard le chef de file des fondamentalistes musulmans et sera président après la mort de Doudaiev.Pendant la première guerre de Tchétchénie il commande un petit bataillon dans le secteur de sa ville natale, Alkhan Kala. Il se consacre ensuite à la prise d´otages : envoyé spécial du Président Eltsine, journalistes, touristes, simples villageois, tout est bon pour son commerce.En 98 il capture trois anglais et un néo-zélandais qui installent des relais pour le téléphone portable. Il fixe la rançon à 10 millions de dollars ouis se ravise et avant que la négociation ait abouti il les décapite. Les têtes sont retrouvées dans un sac le long d´une route. Il s´intéresse aussi et pétrole et monte avec des moyens de fortune une petite unité de raffinage qui lui rapporte quelques 500 000 dollars par mois. Ces gros moyens financiers lui permettent de recruter des combattants et de les équiper. Il va alors tenter en 1998 de s´emparer de la seconde ville de Tchétchénie : Gudermes en lançant un appel à la guerre sainte et en distribuant des kalachnikov à la population musulmane. Le président Mashkadov envoie une division complète de l´armée tchétchène pour arrêter l´opération, le radie de l´armée et lance un mandat d´arrêt contre lui. Quelques jours plus tard, Mashkadov échappera à un attentat resté mystérieux.Barayev ne participe pas aux combats de la seconde guerre de Tchétchénie et mène grande vie dans sa ville où il semble bénéficier de la protections la du responsable local des services de renseignement russes, Yunus Magomedov. Toujours est-il qu´après le limogeage de ce dernier, les forces spéciales investissent Alkhan Kala et, au cours de combats où sont détruites des dizaines de maisons, Barayev est tué. Il aura une descendance en la personne de deux de ses neveux qu´il a formés. L´un sera tué au combat et l´autre Movsar Barayev organisera la fameuse prise d´otages du théâtre Dubrovka à Moscou en Octobre 2002. Tout le commando tchétchène sera liquidé mais 129 otages sur les 8000 spectateurs périront également.

Gelayev
Ruslan Gelayev, musulman très dévot, n´est pas un fondamentaliste mais il est un chef de guerre très compétent. Quand l´armée russe pénètre en Tchétchénie en Décembre 99, le Président Mashkadov lui confie la défense de Groznyï et il va donner beaucoup de fil à retordre à l´adversaire. Groznyï devient vite un champ de ruines et des milliers d´habitants s´enfuient vers l´Ingoucchie voisine où ils s´entassent dans des camps de réfugiés. Finalement battus après deux mois de terribles combats Gelayev et ses hommes s´enfuient mais ils sont rattrapés et encerclés dans la petite ville de Komsomolskoye. Certains de ces hommes se rendent mais c´est pour se faire sauter au milieu des soldats russes. Ce sera le début du recours aux attentats-suicides dans cette guerre. Gelayev parvient, lui, à s´échapper.Depuis il est traqué par les forces spéciales russes et il est probable qu´il ait été abattu au Daguestan en Février 2004.

En guise de conclusion provisoire
L´abcès tchétchène, alimenté par de vieilles rancunes antistaliniennes (la déportation massive au Kazakhstan en 42 des tchétchènes qui voulaient échanger une collaboration avec les nazis et la fourniture de pétrole en échange d´une promesse d´autonomie) entretenu par un conflit religieux qui traverse l´islam lui-même et par l´incapacité politique d´une Russie désorganisée et ravagée par la corruption, ne pouvait manquer d`être perçu par les Etats-Unis comme le foyer infectieux susceptible d´emporter à la mort le grand corps russe. Il est, à cet égard, révélateur, que tous les documents programmatiques de la domination mondiale des USA au XXI° siècle qui ont été rédigés avant l´an 2000 ne voient comme seul adversaire stratégique que la Chine et pas la Russie. Or, toute la politique de Poutine est, dans un style autoritaire qui a de profondes racines dans ce pays, de refuser cette marginalisation.
La population tchétchène se trouve ainsi la prisonnière minuscule d´un combat qui la dépasse, celui de la domination du continent eurasiatique.
Si jamais la Russie quittait demain la Tchétchénie, ce qui évidemment réjouirait les organisations de défense des droits de l´homme, il y aurait tout lieu de craindre que la nouvelle république indépendante ne soit face à un avenir aussi « radieux » que l´Afghanistan en 1989.

Quelques sources
Georges Sokoloff : « Métamorphose de la Russie - 1984-2004 » (Fayard)
Paul Klebnikov : « Parrain du Kremlin - Boris Berezovski et le pillage de la Russie » (Robert Laffont)
Michel Collon : « Monopoly » (EPO)
Jacques Sapir : « Le chaos russe, désordres économiques, conflits politiques, décomposition militaire » (La découverte)
John K Cooley : « CIA et Jihad - 1950 -2004) (Autrement)
Sur Internet :
Réseau Voltaire : « La première guerre de Tchétchénie » et « Le domino tchétchène »
Le site des islamistes : www.kavkaz.org.uk
Le site du gouvernement en exil (Mashkadov) : www.chechenpress.com
Un site soufi : www.naqshbandi.net
La presse russe en ligne : www.itar-tass.com, www.mosnews.com, www.english.pravda.ru
Un site US bien documenté parmi d´autres : www.chechyanews.com

Elections en Inde
Une nouvelle fois, les électeurs ont déjoué les pronostics, trompé les journalistes et les dirigeants. L´évènement a eu lieu cette fois en Inde où 670 millions d´électeurs étaient appelés aux urnes et où la participation a atteint 60 %.
La surprise était telle dans les cercles dirigeants que le Lundi 15 la bourse de Bombay baissait de 11 % après être descendue jusqu´à -15 %en cours de séance. Elle ne fut rassurée qu'après la renonciation de Sonia Gandhi au poste de Premier Ministre et son remplacement par Mannoham Singh considéré comme le principal responsable politique de l´entrée de l´Inde dans l´économie libérale mondialisée et qui était de toute façon considéré comme le futur Ministre de l´économie dans le gouvernement Gandhi.
Sitôt Mannoham Singh confirmé dans ses fonctions, la bourse de Bombay remontait de 8 %. Plus de peur que de mal ! Mais vraiment les électeurs ne ménagent pas les nerfs des financiers !
Le BJP parti nationaliste au pouvoir depuis 6 ans a donc été battu par le parti du Congrès, le parti de Nehru qui a gouverné le pays presque sans interruption depuis l´indépendance en 1947.La seconde surprise est venue de la progression de la gauche puisque les deux partis communistes (l´un se dit marxiste, l´autre pas) totalisent 59 sièges dans un parlement qui en compte au total 843. Les PC refusant de participer au gouvernement, le Parti du Congrès va donc gouverner avec quelques élus du centre mais aura besoin des voix des communistes pour avoir la majorité au Parlement.
Ce brutal renversement de majorité n´est qu´une demi-surprise pour ceux qui observaient mieux la situation économique et sociale de l´Inde. Le pays en s´inscrivant de plus en plus en plus profondément dans les mécanismes de la mondialisation libérale en a subi les conséquences classiques : l´écart de revenus entre les classes sociales s´est considérablement accru et les performances des informaticiens indiens parvenus aux meilleurs niveaux mondiaux dont il a été abondamment question en Occident n´ont guère profité au reste de la population. Ils sont environ 1 million ce qui est bien peu comparé aux 40 millions de chômeurs que compte officiellement le pays et à la masse des paysans pauvres qui constitue encore aujourd´hui la majorité de la population.
Quelques chiffres illustrent cette situation :

La romancière indienne Arundhati Roy a dressé un tableau très sombre de l´état de son pays
Extrait d´une tribune de la romancière Arundhati Roy publiée dans Z Magazine - Traduction COMAGUER -

Ces dernières années, le nombre de personnes tuées par la police et les forces de sécurité se chiffre en dizaines de milliers. L´Etat d´Andar Pradesh (le plus néolibéral) (NDT : centre Est du pays) annonce la mort de 200 « extrémistes » par an à la suite « d´affrontements ». Au Cachemire, le nombre de tués depuis 1989 est estimé) à 8000. Des milliers ont simplement « disparu ». Selon l´association des parents de disparus du Cachemire, plus de 2500 personnes ont été tuées en 2003. Au cours des 18 derniers mois il y a eu 54 décès en prison. La tendance de l´Etat indien à harceler et à terroriser a été institutionnalisée par la loi sur la prévention du terrorisme (POTA). Dans le Tamil Nadu (NDT : au Sud du pays) cette loi a été utilisée par pour faire taire les critiques du gouvernement de l´Etat. Dans le Jarkhand, 3200 personnes, principalement des adivasis (Ndt : caste pauvre) accusés d´être maoïstes ont été accusés dans le cadre de cette loi. Dans l´Etat d´Uttar Pradesh (Ndt : vallée du Gange, Nord du pays) la loi est utilisée pour réprimer ceux qui protestent contre les expropriations. Dans les Etats de Gujarat et de Mumbai, elle est utilisée exclusivement contre les musulmans.
Au Gujarat, après le pogrom de 2002, au cours duquel environ 2000 musulmans furent tués, 287 personnes ont été accusées en application de cette loi : 286 étaient musulmans et un sikh.
POTA permet de considérer des aveux obtenus par la police pendant la détention dans ses locaux comme des preuves. Sous l´empire de POTA, la torture tend dans les commissariats de police à remplacer les enquêtes : cela va des personnes obligées à boire de l´urine, à être dénudées, humiliées, soumises à des chocs électriques, brûlées avec des cigarettes,sodomisées ou battues à mort. Cette loi permet d´inculper après interrogatoire quelqu´un pour un crime qui ne lui était pas reproché à l´origine.
Il serait naïf d´imaginer que la loi POTA a été détournée de son but. Elle est utilisée précisément pour ce pour quoi elle a été faite.Cette année, aux Nations Unies, 181 pays ont voté en faveur d´un accroissement de la protection des droits de l´homme. Même les Etats-Unis- (Ndt : qui n´en sont pas à une hypocrisie prés) ont voté pour. L´Inde s´est abstenue.
Pendant ce temps, les économistes d´entreprise clament dans la presse que le taux de croissance du PIB est phénoménal, jamais vu. Les magasins débordent de produits de consommation. Les entrepôts gouvernementaux débordent de grain. Hors de ce cercle de lumière, les cinq dernières années ont vu se produire la plus brutale augmentation de l´écart de revenu entre les populations rurales et les populations urbaines depuis l´indépendance. Les paysans endettés se suicident par centaines. La consommation de grain de 40 % de la population rurale est au niveau de celle de l´Afrique sub-saharienne et 47 % des enfants indiens soufrent de malnutrition.
Il suffit de rester sourd au craquement douloureux des bottes d´un policier sur les reins de quelqu´un. Il suffit de ne pas regarder la misère, les bidonvilles, la population déguenillée et brisée dans les rues et de chercher un télévision amicale et vous entrez dans un autre monde : le monde chantant et dansant de Bollywood (NDT : capitale du cinéma indien, le plus productif du monde), le monde des privilégiés permanents, le monde des indiens heureux qui brandissent le drapeau tricolore et ses sentent bien. Les lois répressives sont comme des boutons de téléviseur : elles permettent de zapper et de ne plus voir les pauvres, les indésirables, les perturbateurs.
Quand la loi POTA a été votée au Parlement, le parti du Congrès a fait bruyamment opposition. Mais pendant la campagne électorale il n´a pas parlé de son abrogation. Même avant qu´il ait formé le gouvernement, il a assuré publiquement que les « réformes » continueraient. Quelles « réformes », attendons pour voir. Heureusement le Congrès sera coincé car il a besoin du soutien des partis de gauche pour former le gouvernement.
Espérons que les choses changeront. Un peu. Ca aura été six années assez infernales.

Europe
Une donnée pour rassurer ceux qui voient se profiler une Europe fédérale.
Dans un état fédéral, la Fédération a des moyens financiers très supérieurs à ceux des états fédérés. On est très loin du compte dans l´Union européenne. Le budget global de l´Union (consacré principalement à deux activités : la politique agricole commune et les fonds structurels qui permettent la participation au financement d´infrastructures : routes, réseaux divers, .. dans les régions les moins développées) est de l´ordre de 100 milliards € par an alors que celui de la seule France avoisine les 300 milliards d´euros. Le principe retenu par les Etats membres est que le budget de l´Union ne dépasse pas 1% du PIB global.

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