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Au tour de l'ONU
ROSSANNA ROSSANDA

Editorial du mercredi 10 septembre du manifesto Traduit par Comaguer

En une seule journée, Tsahal (l'armée israéliennes) a fait quatre morts palestiniens, une femme (sans doute) s'est faite exploser tuant sept militaires israéliens, et pendant que nous écrivons, un autre attentat suicide dans un bar à Jérusalem a tué quatre civils israéliens. Qu'attendent les Nations Unies pour envoyer une force d'interposition entre Israël et la Palestine ? L'article 41 de leur statut l'impose pour sauvegarder la paix dans des situations même moins dramatiques que celle-là.

Ici, c'est une guerre en cours entre deux nations dont l'une, Israël, a une armée régulière et forte, avec laquelle elle occupe une partie du territoire de l'autre, pendant que l'Autorité palestinienne ne peut pas avoir d'armée, et donc se sont formés au cours de l'occupation des groupes armés clandestins qui frappent partout où ils arrivent .

Israël a un gouvernement et un état structuré ; il est sorti de ses propres frontières depuis plus de trente ans, violant la résolution 242 de l'ONU qui lui imposait d'y revenir. L'Anp est enserrée dans des territoires de plus en plus exigus, séparés et contrôlés par Tsahal , qui en a démoli à coup de missiles et canonnades les infra structures civiles laborieusement construites. La première assiège le leader Yasser Arafat, le seul élu par les palestiniens, en lui interdisant de se déplacer et déclare, un jour oui un jour non, son intention de l'expulser de sa propre terre - paradoxal, c'est comme si Arafat disait qu'il traiterait avec Israël mais seulement avec Uri Avnery- et refuse de respecter même la modeste Road Map tant qu' Arafat ne réprime pas les auteurs d'attentats suicides.

Mais comment Arafat pourrait-il les arrêter s'ils ne le croient plus, à moins d'appeler une partie de son pays à la guerre civile ? Contre ceux qu'une occupation trentenaire a rendu désespérés et la proie d'un fondamentalisme jadis inexistant ? Et de plus sous le contrôle de l'armée israélienne ? Le monde ne connaît pas de situation semblable à celle qui est en train de saigner la terre sainte.

Il est clair que le gouvernement israélien actuel ne veut pas la paix et l'Anp n'est pas en mesure de l'imposer. De cette non volonté de paix participe le jeu cruel de Sharon et de Powell qui ont déclaré Abu Mazen comme étant leur homme de confiance et dans le même temps ne lui concédaient rien, le rendant ainsi suspect à son entourage et délégitimant ainsi sa représentativité.

Le même sort menace Abu Ala: s'il cherche à traiter avec Sharon qui ne lui donnera rien en échange, il sera considéré comme un valet par son clan et s'il s'en tient fermement à la position avec laquelle il a accepté sa charge ces jours-ci, Sharon et Bush le traiteront de terroriste.

Pendant ce temps Israël poursuit sa construction d'un mur qui défonce en continu le territoire palestinien, fait des razzias tantôt ici, tantôt là dans les villes des territoires, et jette de l'huile sur le feu du Hamas en essayant d'en tuer le leader religieux. Cette spirale de mort, faite aussi de peur et de faiblesse, a été construite depuis des décennies. Il est désormais inutile d'en chercher, au coup par coup, les premières responsabilités. C'est un mécanisme infernal qui ne trouvera plus en lui-même les principes et les moyens pour arriver à une fin.

Pour cette raison le Conseil de sécurité doit intervenir avec une force d'interposition. D'aucuns objecteront : mais Israël n'en veut pas. Et alors ? Parce qu'en Bosnie et en Serbie on avait interpellé les parties en conflit ? La seconde Intifada n'aurait pas eu lieu si la résolution 242 avait été respectée par Israël, il n'y aurait pas de terrorisme et il est indécent de se cacher derrière cela pour empêcher la constitution du petit état palestinien.

Que les Nations Unies commencent par faire respecter la résolution 242, en postant les forces d'interposition sur la ligne derrière laquelle Israël doit revenir. Ce sera le seul mur légitime et efficace.

Que le Conseil de sécurité, appelé par les Etats-Unis à cautionner l'occupation de l'Irak à la suite d'une guerre non approuvée, présente une motion et on verra si les USA pourront s'y opposer et avec quels arguments, après avoir clamé à droite et à gauche qu'ils ne désirent rien d'autre que la résolution du conflit au Moyen-Orient.

S'il y a une situation pour laquelle les Nations Unies ont été crées et qu'elles ont le devoir d'arbitrer c'est bien celle-là.

 

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